Alassane Ouattara bientôt au Nigeria

Le chef de l’État ivoirien, qui entretenait des relations parfois complexes avec Muhammadu Buhari, a prévu de se rendre à l’investiture du successeur de ce dernier, Bola Tinubu.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 19 mai 2023 à 16:16
 

 

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Muhammadu Buhari et Alassane Ouattara, le 20 avril 2015. © AFP

 

Actuellement en séjour en France, Alassane Ouattara a prévu d’assister le 29 mai à Abuja à l’investiture de Bola Tinubu, élu à la présidence du Nigeria le 1er mars dernier.

Réchauffement ?

La présence du chef de l’État ivoirien sera un signe de réchauffement et de normalisation des relations entre les deux pays. Selon nos informations, Abidjan prévoit d’ailleurs d’inviter Bola Tinubu pour une visite d’État, de travail et d’amitié.

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C’est la première fois depuis son accession au pouvoir en 2011 qu’Alassane Ouattara se rendra à l’investiture d’un président nigérian. En mai 2015, lors de la première élection de Muhammadu Buhari, il s’était fait représenter par Charles Koffi Diby, l’ancien président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec). La deuxième investiture, en 2019 s’était déroulée en plus petit comité et en l’absence de chefs d’État étrangers.

Quelques désaccords

Si les relations commerciales n’ont pas paru en souffrir (la Société ivoirienne de raffinage – SIR – a continué à s’approvisionner en pétrole brut nigérian), Alassane Ouattara et Muhammadu Buhari ont parfois eu des désaccords, lesquels ont pu s’exprimer lors des sommets de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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Parmi les points de divergence, l’éco, la monnaie sous-régionale en cours d’adoption, mais aussi plusieurs dossiers de diplomatie. Selon certaines sources, Buhari suspectait – sans preuves – son homologue ivoirien d’avoir soutenu ses adversaires (Goodluck Jonathan en 2015 et Atiku Abubakar en 2019) et lui en tenait rigueur.

La Côte d’Ivoire et le Nigeria avaient néanmoins été sur la même ligne lors de la réélection, à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), du Nigérian Akinwumi Adesina, qui était contesté par les Occidentaux pour des questions de gouvernance. Pas de dissensions non plus lorsqu’il avait été question d’obtenir la libération de 46 militaires ivoiriens détenus pendant de longs mois par la junte malienne, dirigée par le colonel Assimi Goïta.

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En septembre dernier, Buhari avait d’ailleurs dépêché à Bamako Geoffrey Onyeama, son ministre des Affaires étrangères, pour exiger la libération desdits soldats, avant de menacer les autorités maliennes d’une opération militaire.

Le Nigeria avait aussi pesé dans le choix de la Côte d’Ivoire pour abriter le siège du projet de l’autoroute Abidjan-Lagos – un programme de 15,6 milliards de dollars destiné à interconnecter la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria. Alassane Ouattara, lui, avait soutenu la désignation de l’ancienne ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo Iwealaà la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2021.