Miles Morales, Spider-Man afro dans les pas de Black Panther

Le triomphe du film « Spider-Man : Across the Spider-Verse » et de son personnage principal Miles Morales confirme que les super-héros africains-américains ne sont pas des phénomènes purement communautaires.

Mis à jour le 7 juin 2023 à 16:11

 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè

 

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© Glez / JA

 

De récentes polémiques l’ont démontré : la couleur de peau d’un comédien ou d’une actrice reste un sujet de critique pour certains, surtout lorsqu’il s’agit de personnages précédemment incarnés par un Caucasien ou une Caucasienne. C’est ainsi que l’Afro-Américaine Halle Bailey a reçu, en mai dernier, des tombereaux de critiques hostiles, pour son rôle dans la version « live action » de « La petite sirène » de Disney. Les « puristes » appelaient au respect d’une sorte de fidélité à une ancienne représentation, celle du dessin animé, quand bien même les femmes-poissons n’existent pas.

Plus récemment, c’est l’interprétation de la reine d’Égypte Cléopâtre par l’Africaine-Américaine Adele James, dans une série documentaire de Netflix, qui a fait grincer des dents.

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Pilotée par Sony Pictures, la sortie du long métrage « Spider-Man : Across the Spider-Verse » semble quant à elle avoir suscité moins de polémiques. En deux semaines d’exploitation, le film d’animation sur l’homme araignée Miles Morales a déjà atteint le triple du nombre d’entrées, sur la même période, du précédent opus dévoilé en 2019, « Spider-Man : Into the Spider-Verse » (pourtant lauréat à l’époque de l’Oscar du meilleur film d’animation).

Un autre Spider-Man

Les critiques sont plutôt bonnes, lorsqu’on considère qu’il s’agit d’un de ces blockbusters parfois boudés par la presse spécialisée. Et, surtout, les puristes n’ont guère matière à polémiquer.

En effet, si le jeune Miles Morales, l’homme-araignée de l’univers d’animation Ultimate Marvel, est un New-Yorkais métis aux origines latinos et africaines, il évolue dans une réalité parallèle, dans laquelle Peter Parker, le héros original blanc aux cheveux lisses, a été tué par le personnage du Bouffon vert. Le nouveau personnage est donc un autre Spider-Man, mordu lui aussi par une araignée radioactive mais né en 2011, plutôt qu’une nouvelle interprétation de l’historique Peter Parker. La production a donc évité l’éventuelle polémique de la réinterprétation, tout en surfant sur l’opportunité de conquérir un public africain-américain.

Une place au soleil

Après des adaptations de personnages originellement « blancs » – comme le lieutenant Kojak, incarné par l’Américano-Barbudien Ving Rhames, ou le Docteur Knock joué par le Français d’origine sénégalaise et mauritanienne Omar Sy – , les héros aux origines diverses se font en effet une place au soleil. Il y a juste un an, la plate-forme de streaming Disney+ accueillait ainsi la super-héroïne musulmane « Miss Marvel ».

En 2018, le succès phénoménal du film « Black Panther » et ses multiples références à l’Afrique – même fantasmée – avait brisé les frontières des communautés. En devenant, avec 1,3 milliard de dollars de recettes, le treizième film le plus rentable de tous les temps.

Miles Morales connaîtra-t-il le même succès commercial ? Son avenir semble en tout cas prometteur. Après « Into the Spider-Verse »et « Across the Spider-Verse », le troisième volet des aventures de l’homme-araignée africain-américain est déjà programmé. Intitulé « Beyond the Spider-Verse », il sortira en 2024.