La Côte d’Ivoire sera-t-elle prête pour la CAN 2024 ?
La 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) se tiendra en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024. Si certains travaux sont bien avancés, d’autres ont pris un peu de retard…
Les supporters attendent le lancement du match de qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023 qui oppose la Côte d’Ivoire à la Zambie, à Yamoussoukro le 3 juin 2022. © Issouf Sanogo/AFP
Les Ivoiriens ont déjà le regard tourné vers la phase finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN), la deuxième que leur pays accueillera après celle de 1984. Bien qu’ils soient qualifiés d’office pour la compétition en tant que représentants de la nation organisatrice, les Éléphants participent aux éliminatoires. Le 17 juin, leur lourde défaite en Zambie (3-0) a accentué un peu plus la pression sur Jean-Louis Gasset, le sélectionneur français, et ses joueurs.
Cette dernière sortie ratée de la sélection n’a que brièvement relégué au second plan toutes les autres questions liées à l’organisation de la CAN. À six mois du match d’ouverture, le 13 janvier prochain, la Côte d’Ivoire sera-t-elle prête ? « Tout avance très bien. Les Ivoiriens travaillent beaucoup et il n’y a aucune inquiétude à avoir : le pays tiendra ses engagements. Les stades sont prêts, avec de belles pelouses », affirme Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), actuellement à Abidjan pour faire un point sur la livraison des différents chantiers.
L’inconnue Félix-Houphouët-Boigny
La Côte d’Ivoire doit présenter à la CAF les six stades retenus pour accueillir la compétition – Korhogo, Yamoussoukro, Bouaké, San Pedro et les deux stades d’Abidjan, Ebimpé et Félix-Houphouët-Boigny – mais également les structures d’entraînement. Les quatre premiers sont quasiment achevés – la sélection a ainsi accueilli les Comores en mars à Bouaké et recevra le Lesotho en septembre à Korhogo – même s’il reste ici et là quelques finitions, notamment les parkings.
À Abidjan, la situation semble plus préoccupante. Le stade olympique d’Ebimpé, baptisé « stade de Côte d’Ivoire », avait été fermé moins d’un an après son inauguration, fin 2020, en raison de l’état catastrophique de sa pelouse, qui a depuis été remplacée. Mais celui qui pose vraiment question est le stade Félix-Houphouët-Boigny. « Il est quasiment impossible de venir voir de près où en sont les travaux, car on nous demande des autorisations spéciales difficiles à obtenir. Mais de l’extérieur nous voyons bien qu’il y a encore du travail », explique Sanh Séverin, journaliste à Abidjan Sports.
Selon une source proche du comité d’organisation de la CAN (Cocan), les retards concernent davantage les extérieurs du stade et sa piste d’athlétisme, notamment la pose de la résine, une opération rendue délicate pendant de la saison des pluies. « Tout ce qui concerne la partie football, à savoir la pelouse, les vestiaires ou encore les tribunes, ne pose aucun problème », explique-t-elle.
De longs travaux de voirie à Abidjan
Dans la capitale économique, une autre question se pose : celle de la voie de contournement qui part de Cocody, passe par Abobo et débouche dans le vaste périmètre d’Ebimpé. Ce tronçon, long de 26 kilomètres, doit désengorger la ville où les embouteillages sont fréquents.
En octobre dernier, Amédé Koffi Kouakou, le ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, avait constaté, lors d’une visite, le rythme pas assez soutenu des travaux, en raison notamment du peu d’empressement de certains riverains résidant sur le trajet de quitter leurs habitations, mais à cause également d’un mouvement de grève des ouvriers.
Dans les autres villes qui abriteront des matchs de la CAN, les travaux de voirie sont globalement satisfaisants, selon plusieurs sources contactées par Jeune Afrique.
Le logement, point noir à Bouaké
À Bouaké, ce sont les infrastructures hôtelières qui interpellent. Le cahier des charges de la CAF exige que les sélections et les officiels soient logés dans des établissements répondant aux normes de confort les plus élevées. « Or il n’y a rien de tout cela à Bouaké », argumente Sanh Séverin.
« Nous étions dans un hôtel qui n’était pas au niveau des standards requis, avec des matelas très durs, un service de restauration inexistant et un confort très relatif », confie un membre de la délégation comorienne, qui y a séjourné deux jours. « On ne peut pas imaginer les Égyptiens, les Sénégalais, ou encore les Marocains et leurs stars passer dix jours dans des hôtels de ce niveau. »
Du côté de la CAF, on se veut rassurant. « Il y aura un village CAN où seront logées des équipes. Pour l’accueil des supporters ou des journalistes, des hôtels seront rénovés. Il y a encore du temps pour finir les travaux », nuance Véron Mosengo-Omba.
Des policiers d’élite français en renfort
La question de la sécurité est également prise très au sérieux par les autorités ivoiriennes. Au sein du Cocan, la sécurité a été confiée au général Youssouf Kouyaté, le directeur général de la police nationale.
Parmi les principales menaces : le risque terroriste, notamment dans le nord du pays frontalier du Mali et du Burkina Faso, mais aussi la délinquance quotidienne qui sévit dans les grandes villes hôtes, en particulier Abidjan et Yamoussoukro.
Pour la sécurisation de la compétition, le gouvernement ivoirien a passé un accord avec son homologue français pour le déploiement temporaire d’éléments du Raid, l’unité d’élite de la police nationale française, en Côte d’Ivoire.