JMJ de Lisbonne : cette jeunesse dont nous avons besoin
- Arnaud AlibertPrêtre assomptionniste
L’expérience des JMJ dépasse ceux qui la vivent. Elle dynamise le pays hôte et, au retour, les communautés qui accueillent ceux qui en reviennent. Ceux qui les suivent à distance ont eux aussi à se préparer à vivre l’après-JMJ.
Vu du ciel, en position géostationnaire, la jeunesse présente bien des visages différents à la surface du globe. Ici insouciante, ou là très disciplinée. Ailleurs, écrasée par le travail ou les addictions, ou bien enrôlée pour des guerres qui ne sont pas les siennes, agitée par des émeutes dans les quartiers sans espérance… Et tout à coup, la voilà nombreuse, joyeuse et pacifique : « Un océan de jeunes se déverse dans cette ville accueillante », indiquait François à son arrivée à Lisbonne mercredi 2 août.
Cela a de quoi nous surprendre. Dieu le Père, au ciel de chaque âme humaine, lui, ne s’en étonne pas. Il sait l’appel au grand large, à la générosité, à la vie, qu’il y met. Avec les JMJ, l’Église ouvre grand ses bras, même si elle n’est pas dupe d’elle-même. Tous les jeunes ne sont pas là. Parmi les très nombreux Français (ils forment la 3e délégation nationale en termes d’importance numérique), une bonne part des jeunes cathos manque encore à l’appel, souvent pour des raisons de disponibilité ou de moyens.
L’histoire des JMJ montre que leur impact dépasse la foule des participants ; et c’est ce à quoi il nous faut nous préparer.
« Marie se leva et partit en toute hâte » (Lc 1, 39), rappelle le thème des rencontres de Lisbonne. Cette phrase n’est pas seulement à comprendre pour aller aux JMJ, que ce soit en paroisse, en mouvement ou, pour certains particulièrement créatifs, en vélo solo, en « 4L » ou en bateau, comme La Croix ou Pèlerin l’ont relaté. Il faut surtout l’entendre pour le retour. Comme Marie, ces jeunes JMjistes, comme on les appelle, vont vouloir se lever et courir en avant. Après un tel rassemblement, forts des catéchèses reçues, des rencontres vécues et des célébrations inoubliables, ils vont sûrement mieux entrevoir vers où, comment et avec qui aller. Ces près de 45 000 jeunes Français vont revenir gonflés à bloc ! Leur fécondité dépend aussi de nous.
Pour nous, qui vivons cette semaine portugaise à distance et par procuration, une évidence s’impose : prier pour les JMJ et communier à cet événement exceptionnel n’atteindra sa pleine vérité que dans l’après-coup, quand nous aussi en tirerons les enseignements pour nous-mêmes et prendrons la mesure des conversions que nous avons à vivre. Mais attention, il ne s’agira pas de dire aux jeunes : « À vous de nous conduire maintenant. » Cela ne serait ni réaliste, ni juste. Mais plutôt de les laisser nous expliquer comment il nous faut tous ensemble « permettre à la nouveauté de la Parole (de Dieu) de reprendre en main le gouvernail », selon les termes mêmes de François à Lisbonne.
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