À Donsin, le Burkina boute Meridiam (et la France) hors de son aéroport

Alors que Paris a annoncé la suspension de l’aide au développement accordée au Burkina, Ouagadougou a décidé de résilier la convention de concession de l’aéroport de Donsin signée avec Meridiam et AMP. Déjà délétère, le climat entre les deux pays s’assombrit encore.

Mis à jour le 11 août 2023 à 17:40
 
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Entamées en 2018 à la suite d’un protocole d’accord entre l’État et le consortium Meridiam AMP, les négociations avaient connu une accélération après la rencontre entre le président Roch Marc Christian Kaboré et le président de Meridiam, Thierry Déau, en marge du sommet de Paris sur le financement des économies africaines de mai 2018, pour aboutir en octobre 2021. © Vize/Enia

Le 9 août 2023, le Burkina Faso a décidé de mettre fin à la convention de concession de l’aéroport de Donsin, qui liait l’État au consortium composé de Meridiam* et son partenaire, Aéroport de Marseille Provence (AMP).

Les opérateurs français s’engageaient à investir plus de 220 millions d’euros pour concevoir, construire et exploiter le futur aéroport international burkinabè, situé à 35 kilomètres de la capitale, Ouagadougou, et prévu pour accueillir 1 million de passagers par an à sa mise en service.

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Le gouvernement burkinabè, justifie cette décision par une série de « manquements identifiés dans la gestion de cette convention ». « Le partenaire privé devait exploiter l’infrastructure pendant trente ans avant de la remettre à l’État. Or, son apport au projet est dérisoire, ce qui est inacceptable »‘, a justifié le ministre des Transports, Roland Somda, à l’issue du conseil des ministres, avant de poursuivre : « Par ailleurs, le régime fiscal appliqué relève des insuffisances. Nombre de clauses de cette convention sont contraires aux dispositions réglementaires de l’aviation civile. »

Tensions entre les deux pays

Pour rappel, le projet était déjà sur la sellette. En janvier dernier, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris la tête du pays en renversant le lieutenant-colonel Damiba le 2 octobre 2022, avait déjà « suspendu » le projet, et exprimé le souhait que les textes soient « relus ».

En conclusion, le ministère des Transports s’est engagé à « rechercher de nouveaux partenariats afin de préserver les intérêts nationaux ».

La résiliation de ce contrat entre l’État burkinabè et les opérateurs économiques français intervient quelques jours seulement après que Paris a décidé, le 6 août, de suspendre  « jusqu’à nouvel ordre toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire » au Burkina Faso.

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Au total, selon le ministère français des Affaires étrangères, les projets en cours de l’aide française au développement en faveur du Burkina Faso représentaient 482 millions d’euros, tandis que l’aide budgétaire programmée en 2022 s’élevait à 13 millions d’euros.

Un accord fiscal également dénoncé

Dès le lendemain, le 7 août, le ministère des Affaires étrangères du Burkina Faso, par le biais d’une missive adressée au Quai d’Orsay, a dénoncé la Convention fiscale de non-double imposition signée depuis 1965 entre les deux pays. Dans sa lettre, Ouagadougou explique avoir demandé la renégociation des termes de cette convention dès 2020, puis avoir relancé en 2021.

« La partie française étant demeurée silencieuse face à cette requête, le Burkina Faso n’a d’autre choix que mettre fin à ladite convention », conclut la lettre.

(*) Sollicité, Meridiam n’avait pas encore réagi au moment de la rédaction de cet article.