Au Nigeria, Aliko Dangote prépare-t-il ses filles à sa succession ?
Mariya Aliko Dangote, l’une des filles du milliardaire nigérian, intègre le conseil d’administration de la filiale sucre du groupe, qui a réalisé une solide performance en 2022.
Mariya Aliko Dangote au côté de son père, Aliko Dangote. © DR
Cela fait un Dangote de plus aux commandes de la filiale sucre du groupe du magnat nigérian. Présidé par Aliko Dangote, le conseil d’administration de Dangote Sugar Refinery (DSR) a annoncé, dans une communication envoyée à la bourse nigériane et datée du 1er août, l’arrivée en son sein de Mariya Aliko Dangote, l’une des filles du milliardaire nigérian.
Cette nomination avec effet immédiat a été approuvée lors de la dernière réunion du conseil, le 28 juillet, et doit être ratifiée lors de la prochaine assemblée générale de DSR.
Promotion
Elle constitue une promotion pour la fille aînée d’Aliko Dangote, qui siège par ailleurs au conseil d’administration de plusieurs autres entités dont Dangote Peugeot Automobiles Nigeria (DPAN, co-entreprise entre Dangote, le groupe automobile Stellantis et les États de Kaduna et Kebbi), Dangote Cement et la fondation Al-Ummah Development.
Formée en droit à l’université de Kano au nord du Nigeria et titulaire d’un MBA de l’université de Coventry en Angleterre, elle a fait ses armes au sein de Dangote Industries, à la stratégie commerciale et à la gestion des risques. En 2019, elle rejoint la filiale sucre en tant que directrice de la stratégie et du support à la gestion de projets.
« Mariya dispose d’une solide expérience et expertise dans les domaines de la stratégie, de la conduite de projets, de la digitalisation et modernisation des processus ainsi que dans les fusions et acquisitions, entre autres », a mis en avant DSR dans son communiqué.
Si elle siège désormais aux côtés de son père, Mariya Aliko Dangote prend aussi la suite d’un autre membre de la famille, le frère d’Aliko (dont il était très proche), Sani Dangote, membre du conseil d’administration de DSR et vice-président de Dangote Industries jusqu’à son décès de maladie en novembre 2021.
Une fille en cache une autre
Ce changement intervient alors qu’une autre fille du magnat nigérian, Halima Aliko Dangote, a fait son entrée en février 2022, comme administratrice non exécutive, dans l’instance de direction du navire amiral du conglomérat, Dangote Cement.
Formée à Londres et passée par le cabinet KPMG, cette dernière a notamment occupé des responsabilités au sein de Dangote Flour Mills, pilotant le redressement puis la cession de la société au groupe singapourien Olam en 2019, avant de prendre la tête de la direction commerciale de Dangote Industries, qui mène d’ambitieux projets dans les engrais et le raffinage de produits pétroliers.
Elle est également administratrice non exécutive de Nascon, ex-National Salt Company rachetée en 2007 par Dangote Industries qui produit une gamme de biens alimentaires (sel, huile végétale, sauce tomate et épices), sachant qu’une troisième fille du milliardaire nigérian, Fatima Aliko Dangote, siège quant à elle au conseil d’administration de la société en tant que directrice commerciale.
Excellents résultats dans le sucre
La nomination de Mariya au conseil d’administration de DSR se produit dans un contexte porteur pour la filiale sucre. Dirigé par l’Indien Ravindra Singhvi depuis juin 2019, DSR a réalisé une excellente année 2022 – avec un chiffre d’affaires de 403 milliards de nairas (environ 528 millions de dollars) en hausse de 46 % sur un an et un bénéfice d’environ 119 millions de dollars qui a plus que doublé en un an – et elle a annoncé début août un projet de fusion avec deux autres entités agribusiness du conglomérat, Nascon et Dangote Rice, afin de constituer un mastodonte de l’agroalimentaire.
Malgré son agilité commerciale, ses efforts de rationalisation des coûts et sa bonne santé financière, la filiale sucre comme l’ensemble des activités du groupe Dangote souffrent toutefois des difficultés économiques actuelles du Nigeria, et en particulier de la dévaluation du naira. Une situation délicate qui n’est pas sans conséquence sur la fortune d’Aliko Dangote lui-même.
Douloureuse dévaluation du naira
Mi-juin, au lendemain de la décision de la Banque centrale de laisser flotter la monnaie nationale par rapport au dollar afin de mettre fin à un système de change fixe devenu artificiel, le magnat a ainsi perdu sa place de premier milliardaire africain au profit du Sud-Africain Johann Rupert en raison de l’effondrement du naira provoqué par la réforme.
Selon Forbes, l’homme d’affaires nigérian disposait alors d’une richesse estimée à 10,4 milliards de dollars contre 11,7 milliards pour le principal héritier de la famille Rupert, président du groupe suisse Richemont, de la société sud-africaine Remgro et de l’organisme de placement luxembourgeois Reinet Investments.
Depuis, l’écart s’est resserré entre les deux hommes, avec des fortunes respectives de 10,5 et 11 milliards en date du 9 août.