Avec un nouveau code minier, le Mali se réapproprie son or

En permettant à l’État de prendre jusqu’à 30 % dans les nouveaux projets, Assimi Goita tient sa promesse de faire « briller l’or pour les Maliens ».

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 30 août 2023 à 08:36
 
 
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VUsine de production du complexe minier aurifère de Loulo-Gounkoto, exploité par Barrick. © Simon Dawson/Bloomberg via Getty Images

 

Le 28 août, le Mali a adopté un nouveau code minier permettant à l’État de prendre jusqu’à 30 % de participation dans les nouveaux projets et d’augmenter les revenus tirés d’un secteur capital pour l’économie nationale.

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Le pays est l’un des premiers producteurs d’or en Afrique : avec 72,2 tonnes produites en 2022 (dont 6 t par l’orpaillage artisanal), l’or à lui seul contribuait à 25 % du budget national, 75 % des recettes d’exportation et 10 % du PIB, disait en mars le ministre des Mines d’alors, Lamine Seydou Traoré.

Le Mali dispose d’autres ressources minérales, largement inexplorées, comme le fer, mais aussi le manganèse et le lithium, appelés à jouer un rôle primordial dans l’effort global de transition énergétique.

Le mantra de la souveraineté

Le secteur minier malien est dominé par les groupes étrangers, comme les Canadiens Barrick Gold et B2Gold, l’Australien Resolute Mining ou le Britannique Hummingbird Resources qui poursuivent l’exploitation malgré l’expansion jihadiste et l’instabilité politique associée au pays depuis des années. Comme d’autres gouvernements en Afrique, la junte malienne, qui a fait du rétablissement de la souveraineté l’un de ses mantras après avoir pris le pouvoir par la force en 2020, a exprimé sa volonté de faire profiter le pays de ses richesses.

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La réforme du code minier devrait rapporter au minimum 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros) au budget annuel de l’État, a déclaré le ministre de l’Économie Alousséni Sanou au moment de l’approbation du texte par le conseil locataire lieu d’organe législatif le 8 août. L’objectif est de porter la contribution de l’industrie minière à 15 ou 20 % du PIB, disait alors le nouveau ministre des Mines Amadou Keïta.

« Le nouveau code permet désormais au gouvernement de prendre une participation de 10 % dans les projets miniers et l’option d’acheter 20 % supplémentaires au cours des deux premières années de production commerciale », a indiqué le gouvernement. Une participation supplémentaire de 5 % pourra être octroyée au secteur privé malien, portant les intérêts publics et privés nationaux dans les nouveaux projets à 35 %, contre 20 % aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Fin des exonérations fiscales

La réforme supprime les exonérations fiscales accordées aux entreprises au cours de l’exploitation. Les exonérations sur les produits pétroliers ou les équipements représentent chaque année environ 60 milliards de F CFA (91 millions d’euros), selon le ministre de l’Économie. Et elle prévoit la création de fonds pour le développement local ou la construction de routes. Les autorités promeuvent la réforme depuis des mois en affirmant la nécessité que « l’or brille pour les Maliens ».

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La junte malienne « marche sur un fil », selon Mucahid Durmaz, analyste pour l’Afrique de l’Ouest. « Le gouvernement cherche à retirer plus de bénéfices de futurs investissements, mais la nouvelle loi risque de dissuader les sociétés minières étrangères d’investir au Mali », met-il en garde.

(Avec AFP)