DIOCESE DE LAGHOUAT - GHARDAIA .
BILLET MENSUEL Avril 2015




Bien chers amis.

Vous savez combien notre Diocèse est marqué par la vie et le témoignage de Charles de Foucauld. Le 1er décembre 2016 nous fêterons le centenaire de sa mort, fruit d’une vie toute donnée à Jésus, son « bien-aimé Frère et Seigneur », comme il aime à le nommer dans ses écrits. Vie aussi toute donnée à ses amis Touaregs du Hoggar, région où il avait choisi de s’installer pour y vivre l’existence du charpentier de Nazareth, dans un souci de vie cachée ! Même s’il n’a pas beaucoup pris les outils de charpentier comme il aurait aimé le faire par imitation de son Maître, il s’est avéré un fervent priant et un infatigable travailleur.

C’est pour mieux explorer ces deux dimensions de sa vie, que sa « Famille Spirituelle » s’est retrouvée cette année pour un temps d’approfondissement et de partage autour du thème « Charles de Foucauld, le priant et le travailleur ». La rencontre s’est déroulée dans la communauté des « Discepole del Vangelo » à Castelfranco, près de Venise. De son vivant, le Frère Charles n’a jamais pu fonder de communauté… tant il avait mis haut la barre de son idéal d’imitation de Jésus ! Mais le grain jeté en terre porte du fruit. Cette « Famille Spirituelle » comprend maintenant une vingtaine de branches, dont quelques-unes sont présentes dans le Diocèse : Petits Frères de Jésus, Petites Sœurs de Jésus, Petits Frères de l’Evangile, Petites Sœurs du Sacré Cœur, et un membre de la « Fraternité Sacerdotale de Jesus Caritas ».

La composition de notre groupe était fortement marquée par l’universalité : Vietnam, Centrafrique, Amérique Latine, Haïti, Canada, Maghreb, et bien sûr Europe. L’ambiance était très familiale, dans l’esprit du nom que l’Association s’est donnée, mais avec un emploi du temps bien rempli (heureusement agrémenté par une visite à Venise !). La communauté des Discepole nous a offert un cadre idéal pour vivre cette rencontre, cadre de convivialité, cadre de prière et de partage. La permanence du soleil printanier a aussi mis du sien !

Chaque membre de la grande famille s’est exprimé sur « Travail et Prière », selon son charisme propre. En fait nous avons constaté qu’aussi bien pour nous que pour Ch. de Foucauld, l’équilibre entre ces deux exigences est bien difficile à garder dans le concret de nos vies. Oui, la prière peut être travail et le travail prière, mais réduire l’un à l’autre serait trop facile ! Chez de Foucauld, les deux dimensions se croisent sans cesse avec des périodes plus marquées pour l’une et pour l’autre. Après sa conversion, il était plus centré sur la contemplation. Le temps vécu au Sahara, surtout à Tamanrasset a sans aucun doute été plus marqué
par l’accueil, les voyages, le travail linguistique. A cette période, il lui arrivait d’y passer plus de dix heures par jour !

Le Fr. Antoine Chatelard dans son livre « Le chemin vers Tamanrasset » signale que ce changement de lieu va marquer son existence : « A son arrivée à Tamanrasset, le changement de situation lui révèle quelque chose de nouveau dans la vie de Jésus et donc dans sa manière de se représenter Nazareth…Il voit alors Jésus sans costume religieux, sans clôture, travaillant huit heures par jour, ne distribuant pas de grandes aumônes, et faisant toujours une place très large à la prière… » (P. 269).

Il écrivait encore à Mgr Guérin le 1er juin 1908 :« […] Il faut compter travailler toute notre vie dans l’angoisse des temps… les difficultés ne sont pas un état passager à laisser passer comme une bourrasque pour nous mettre au travail lorsque le temps sera calme ; non, elles sont l’état normal ; il faut compter être toute notre vie, pour toutes les choses bonnes que nous voulons faire, dans l’angoisse des temps »1.

Si j’ai noté au début que le témoignage du Bienheureux Charles marque notre vie, c’est que « travail et prière » sont aussi notre lot à tous et à toutes ! Qui que nous soyons, notre marche à la suite de Jésus nous engage sur un chemin qui reste un vrai défi.

A nous aussi d’harmoniser ces deux pôles dans notre vie.

Acceptons sereinement de ne jamais totalement y parvenir, mais sans jamais nous résigner!



1) De Foucauld Charles - Correspondance saharienne p. 624



+ Claude, votre frère évêque.