Mali : | ||
Le marabout a droit de vie et de mort sur l'enfant. La punition corporelle ou autres mauvais traitements ne sont pas rares, ainsi que, pendant la saison des pluies, les travaux des champs. Ces enfants souffrent de la malnutrition, de la maladie, du manque d'affection de leurs parents, d'instruction scolaire, d'habillement convenable, de sandales. Souvent ils ne sont inscrits sur aucun registre ni d'état, ni d'école. Les dernières années, à cause de la pauvreté croissante, ces "écoles" se sont multipliées beaucoup, et par conséquent les mendiants aussi. Car c'est vraiment l'école du pauvre. Le gouvernement et les responsables musulmans, ainsi que l'Unicef et autres organismes, se sont penchés sur ce problème, sans trop de succès pour le moment. Avec des amis musulmans, nous, les prêtres de la paroisse, avons voulu apporter un peu d'espoir à ces enfants. Nous avons organisé 3 cantines dans la cour de leurs écoles. Ainsi 144 enfants ont à manger, 3 fois par jour, et ne doivent plus mendier. Si nous trouvons des habits d'enfants, nous leur donnons ; s'ils sont malades, ils peuvent aller au dispensaire se faire soigner. En plus, le 1er jour de chaque mois, nous organisons une émission de sensibilisation à la radio locale, faite dans les 4 langues locales (dogon, bambara, peulh et français) par des musulmans ouverts et qui veulent, avec nous, faire évoluer la situation. Les thèmes de ces émissions sont : la charte des droits de l'enfant, les méfaits de la mendicité, la pédagogie à avoir dans une école coranique, le devoir d'inscrire l'enfant au registre de la commune, de le soigner en cas de maladie, qu'il faut prévoir un avenir pour ces enfants et donc les former en conséquence. ... L'objectif final serait que chaque enfant rejoigne une école et que ces écoles coraniques se transforment en "medersas"qui sont des écoles reconnues par l'état avec des maîtres formés, un programme officiel où l'Islam est aussi enseigné parmi d'autres matières. Il paraît que cela s'est fait en Mauritanie et qu'il n'y a plus de garibouts mendiants. En plus, dans notre collège catholique, allant de la 1° année jusqu'à la 9°, nous avons 60 % des élèves (garçons et filles) qui sont musulmans. La catéchèse y est assurée pendant les heures de cours pour les élèves chrétiens. Nous envoyons les élèves musulmans à la bibliothèque pendant ce temps là. Après tout ce qu'on entend dans le monde, dorénavant, nous avons préféré donner en même temps que la catéchèse un cours sur l'Islam pour les musulmans. Ce cours est donné par le professeur d'arabe du lycée de Bandiagara à tous les élèves musulmans (garçons et filles) ensemble dans une grande salle. Nous lui avons posé deux conditions : qu'il le fasse gratuitement comme nos catéchètes le font et qu'il promeuve parmi les élèves la tolérance et le respect des autres religions. Sans problèmes, a t-il dit. Ainsi nous avons créé un espace où chaque élève peut se développer selon sa foi dans le respect mutuel. Nous espérons ainsi préparer des hommes et femmes tolérants et pacifiques qui pourront lutter contre l'agressivité et la violence qui souvent naissent de l'ignorance. Notre pèlerinage paroissial et annuel avait comme thème cette année : "l'enfant". Ce pèlerinage a rassemblé jusqu'à 2000 personnes, dont beaucoup sont musulmans. Nous y avons présenté un théâtre sur le trafic d'enfants, la charte des droits des enfants expliquée, des textes de la Bible (sacrifice d'Issac et autres) mettant en avant l'amour et le respect de l'enfant (enfant à naître aussi). A Pâques le maire de la ville, Mr. Ibrahim Tembely, nous a adressé une lettre nous souhaitant une bonne fête de Pâques dans laquelle il nous a félicités pour l'entente et la tolérance que nous mettons entre les populations de sa Commune. Bandiagara, mai 2006,
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Bandiagara, Mali. Campaign against poverty When you walk through the streets of our towns and villages in Mali, everywhere you will see many young boys begging. Many of them come from the Koranic schools. These are schools where the marabout gathers children in his hallway or yard and teaches them to recite verses from the Koran in Arabic. Most of the time, parents give their children to the Koranic master, who receives them without always being able to feed them. Therefore, at certain times of the day these children are sent out to beg for food; they are the ‘garibouts’ (God’s friends). The marabout has the power of life and death over the boy. Corporal punishment or other mistreatments are not exceptional, as well as working in the fields in the wet season. These poorly dressed and barefoot children suffer from malnutrition, illness and the absence of their parents. Often they are not registered on any state or school roll. In recent years, due to increasing poverty, these schools have multiplied; as a result, so has the begging. It is truly a school of poverty. The government and Muslim leaders as well as UNICEF and other organisation have studied the problem without much success for the moment. Along with our Muslim friends, we Catholics of the parish wanted to bring a little hope to these children. We organised three canteens in the yard of their schools. In this way, 144 children can eat three times a day and do not have to beg. If we get the garments, we clothe them. If they are ill, they can go to the dispensary for treatment. In addition, on the first of the month we organise an awareness broadcast on local radio in Dogon, Bambara, Fulani and French. Open-minded Muslims seeking with us to improve the situation do this. The topics of the broadcasts are the UN Children’s Charter, the negative effects of begging, lessons in the Koranic school, registering children on the roll of the commune, treatment in cases of illness, the children’s future and their training. In addition, at our mixed Catholic College, extending from Year One to Nine, 60% of the pupils are Muslims. For Christian pupils, catechesis is provided during class time. Up to now, we sent the Muslim pupils to the library for this period. However, with all that we hear in the world, we thought it best to offer a course on Islam for Muslims at the same time as our catechesis. An Arabic teacher at the Bandiagara secondary school provides this course to all the Muslim pupils, boys and girls. We set two conditions: he should do so for nothing as Christian catechists do and he should promote tolerance and respect between religions among the pupils. No problem, he replied! In this way, we have created a space where each pupil develops him or herself in his or her faith in mutual respect. By this means, we hope to prepare tolerant and peaceable men and women who will know how to resist aggression and violence, the upshot of ignorance. This year our annual parish pilgrimage took ‘the child’ as its theme. The pilgrimage brought 2,000 people together, many of them Muslims. During it, we did a sketch on child trafficking, explaining the UN Children’s Charter on the Rights of the Child, Bible texts, (the sacrifice of Isaac and others), highlighting love and respect for the child (as well as for the unborn.) At Easter, Mr Ibrahim Tembely, the mayor of the town, wrote us a letter wishing us a Happy Easter. He congratulated us for the harmony and tolerance we exercise among the people of his commune. Yves Pauwels |