Converties
L’an dernier, nous avions entre nos mains l’ouvrage de Clara Sabbine intitulé : « Mon fils s’est converti à l’Islam » publié aux éditions « La Boîte de Pandore ». Aujourd’hui c’est Virginie Riva qui se penche sur la vie de quelques femmes qui se sont converties à l’Islam. Elle en a sélectionné 11 afin d’illustrer ce qu’elle caractérise comme « l’énigme de ces conversions » (p.8). Ce livre ne dit pas tout ce qu’on pourrait désirer savoir sur le pourquoi et le comment de ces conversions. Ce n’est pas le moment d’analyser ou de disséquer un processus ; c’est le moment de revoir des témoignages en respectant les individualités de chacune de ces femmes. L’auteur cherchera donc avant tout à être descriptif même si on peut déjà remarquer quelques traits communs. Ainsi, après une certaine « euphorie » du début (p.78), il y a des périodes de déception ou désenchantement. Car si nos amies sont bel et bien devenues musulmanes, elles se sentent bien différentes de celles qui sont nées ou ont grandi dans un milieu musulman (p.19). Tout au long de ces différents témoignages, nous ne voyons aucune trace de radicalisation ou de fanatisme. La démarche de conversion n’est pas une réaction agressive contre quiconque mais au contraire le fruit d’une recherche d’approfondissement. Alors, ce ne sont pas des asociaux qui sont retournés à l’Islam mais parfois même des cadres supérieurs très équilibrées qui se convertissent, à l’étonnement de certains médias (p.111)
Il faut lire ce livre libéré de tout préjugé à propos des radicalisations ou du fanatisme ambiant. Ces vraies et sérieuses conversions à l’Islam sont de nos jours un fait que nous ne pouvons ignorer. On ne peut y faire la sourde oreille (p.187) Comment réagissons-nous face à ces conversions ? Comment regardons-nous ce voisin ou ce collègue de travail apparaissant soudainement musulman ? Sera-t-il toujours considéré comme un ami ou rejeté ? Il y a là tout un domaine de travail pour la sociologie religieuse et les agents pastoraux dans les Eglises. Ce livre est une pièce supplémentaire à verser au dossier. Espérons qu’il y en aura d’autres.
Gilles Mathorel
Quelle éducation pour un monde meilleur ?
Le sommet mondial pour la compassion, en juillet dernier à Los Angeles, a réuni de nombreux intervenants qui ont appelé à replacer l’humain au cœur de notre mode de vie. L’occasion également de rendre hommage au dalaï-lama en célébrant ses 80 ans.
« Une planète de compassion » était le thème de la première journée de débats animés à l’Université d’Irvine. Comme le soulignait le Pr Munk, la réponse aux problèmes environnementaux, au changement climatique en particulier, est bien la compassion – non seulement pour la planète mais pour tous les êtres vivants.
Et c’est bien cette compassion active qui a réuni, pendant trois jours, toutes générations et disciplines confondues, hommes et femmes célèbres ou inconnus, croyants ou athées, venus débattre ou présenter leurs projets et réalisations en faveur de l’homme et de la planète. Ainsi, après les vœux des nombreux invités venus de tous les horizons et le partage du gigantesque gâteau d’anniversaire, le dalaï-lama s’est adressé au public, insistant sur la nécessité d’une compassion vivante, intrinsèquement liée à l’action. La colère peut apporter de l’énergie, expliqua-t-il, mais c’est une énergie aveugle, au contraire de la compassion qui est une énergie raisonnée. Ainsi, pour que notre vie ait un sens, il nous faut un esprit calme et nous préoccuper du bien-être des autres. La compassion est un choix.
Consacrée à l’éducation, la matinée du dernier jour a constitué un autre temps fort du Sommet. Rappelant que l’éducation participe de la solution aux problèmes environnementaux, le dalaï-lama a signalé qu’elle ne doit pas mettre l’accent uniquement sur les valeurs matérielles, mais se préoccuper de l’être humain. Il a souligné que la génération du XXe siècle, à laquelle il appartient, est désormais sur le départ et que c’est sur la jeunesse que repose désormais la responsabilité de bâtir un XXIe siècle de compassion et de paix. (Source:Le Monde des Religions/07.09.15)
Dire dieu dans un monde sécularisé
Pour les trois auteurs de ce volume, le christianisme est loin d’avoir fait son temps mais dans un monde sécularisé, il est appelé à devenir un lieu d’échanges à travers lesquels lui-même acceptera de se laisser transformer.
Trois amis, deux philosophes et un docteur ès lettres devenu évêque, publient ensemble trois textes aussi divers par leur taille que par leur style mais qui relèvent tous de la même sensibilité : avant tout, il s’agit pour les chrétiens de se sentir proches de leurs contemporains, membres d’une humanité commune (d’où le sous-titre de l’ouvrage, plus explicite que le titre) ; ensuite, ils pourront témoigner de leur amour pour le Christ, sans prosélytisme, sans non plus perte de substance ou dévitalisation du message évangélique.
Guy Coq, héritier d’Emmanuel Mounier, membre de la rédaction d’Esprit, donne ici la contribution la plus longue, dans la droite ligne de ce qu’il a pu écrire dans un passé récent, en particulier dans Inscription chrétienne dans une société sécularisée. Aujourd’hui, actualité oblige, il cite beaucoup le pape François avec qui il se sent complètement en phase, appréciant beaucoup chez lui son « refus d’identifier le message évangélique à une idéologie ». « Ce qui devient premier, continue-t-il, ce n’est pas la clarté d’un discours idéologique clos sur lui-même, c’est la rigueur de la pratique, le bouleversement que celle-ci subit dans la Lumière de l’Évangile.» Alors, pour Coq, dans le souci de l’autre, le dialogue est un préalable indispensable qui autorise ensuite, « dans la relation, l’urgence d’aller au cœur de la foi ». Dans l’annonce de la foi, il nous faudrait donc faire « la redécouverte de la priorité à la relation ». (Source : La Croix/14.09.15/Dominique Greiner)