Pour un débat serein sur la place de l’islam dans la république
L’islamologue Rachid Benzine et le P. Christian Delorme auscultent sans complaisance le malentendu « presque total » entre non-musulmans et musulmans de France. Une révolution est à l’œuvre en France depuis quelques dizaines d’années : « L’implantation massive et durable (pour ne pas dire définitive) d’une religion puissante qui existe depuis quatorze siècles sur la surface du globe, mais qui n’était quasiment pas présente, ou peu, auparavant ». Déjà auteurs ensemble de Chrétiens et musulmans, nous avons tant de choses à nous dire (Albin Michel, 1997) et des Banlieues de Dieu (Bayard, 1998), l’islamologue Rachid Benzine et le P. Christian Delorme, ex – « curé des Minguettes » à Lyon, reprennent la plume pour ausculter sans complaisance ce malentendu « presque total » entre les musulmans de France, d’une part, prompts à considérer leur religion comme « une religion de paix, productrice de civilisation », et les non-musulmans, « majoritairement convaincus du contraire ».La République, l’Église et l’Islam : une révolution française, de Rachid Benzine et Christian Delorme, Bayard, 280 p., 16,80 euros. (Source : La Croix/17.03.16/Anne-Bénédicte Hoffner)
Les évêques de France confrontent leurs visions sur l’islam
Une large part des débats de l’Assemblée plénière des évêques de France, qui se tient cette semaine à Lourdes, est consacrée au dialogue avec les musulmans. Face aux approches diverses au sein de l’épiscopat, les évêques ont souhaité un débat franc.
Attentats de janvier et de novembre, guerre en Syrie et en Libye, crise des migrants, situation dans les banlieues : l’islam bouscule la société française autant que l’Église catholique. D’autant plus que, face à la violence au nom de l’islam, beaucoup sont tentés soit d’évacuer toute religion de l’espace public, soit de faire du christianisme un étendard identitaire. Les évêques de France le sentent bien qui, à chaque rencontre du conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF), évoquent la question de l’islam, du salafisme et des inquiétudes des fidèles. « Les chrétiens sont face à deux réalités : les musulmans eux-mêmes, mais aussi la réaction d’une société sécularisée », relève un évêque.
« Beaucoup réagissent plus par rapport à la situation internationale, à ce qui se passe dans les banlieues ou à ce qu’ils perçoivent comme le déclin de l’Église catholique, que vis-à-vis des musulmans eux-mêmes », reconnaît Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry et président du conseil pour les relations interreligieuses de la CEF. Avec parfois des maladresses, comme celle de l’évêque de Belley-Ars, Mgr Pascal Roland qui, dans un livret pour l’Année de la miséricorde, avait évoqué « l’idéologie » de l’islam avant de s’expliquer dans une lettre à ses prêtres où il pointait la nécessité de « poser un regard critique sur l’histoire de l’islam et de rappeler qu’il s’agit à l’origine d’une secte judéo-chrétienne ». (Source : La Croix/ 16.03.16/ Nicolas Senèze)
Le théâtre au service du dialogue interreligieux
Deux comédiens – l’un chrétien, l’autre musulman – ont écrit et mis en scène une pièce de théâtre sur le dialogue entre religions. Ce spectacle actuellement en tournée dans des établissements scolaires en France est systématiquement assorti d’un débat….
« Nous avions pensé à écrire ce spectacle depuis longtemps. Les événements de janvier 2015 ont accéléré les choses », raconte Steeve Gernez, qui a rencontré Samir Arab au Cours Florent il y a une dizaine d’années. Entouré des Éditions Médiaclap, qui ont conçu des outils pédagogiques autour du spectacle, et de l’association Allumeurs d’étoiles, le duo s’est déjà produit une dizaine de fois depuis le début de l’année, principalement dans des lycées de l’enseignement catholique. Ces représentations s’achèvent systématiquement par un débat avec les spectateurs.
Au lycée Notre-Dame d’Espérance de Saint-Nazaire, où toutes les classes de terminale ont assisté au spectacle, les comédiens ont répondu avec sincérité aux interrogations des élèves sur la foi, la coexistence entre les religions, le bonheur de croire ou leur définition de Dieu.(Source : La Croix/17.03.16) Florence Pagneux, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)