Dans le journal "La Croix" du 15 septembre
Pour le cardinal Schönborn, l’islamisme pourrait bénéficier de la tiédeur de la foi en Europe
Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a affirmé dimanche 11 septembre que « beaucoup de musulmans » souhaitent une « conquête islamique » de l’Europe, pointant la responsabilité des Européens qui ont « dilapidé » leur héritage chrétien.
Chaque 11 septembre, l’Autriche commémore sa victoire lors du deuxième siège de la capitale autrichienne par les Ottomans, en 1683. Depuis, cette date est pour l’Église la fête du « saint nom de Marie », car le roi Polonais, qui menait alors la coalition contre les Ottomans, avait consacré son royaume à la Vierge Marie avant de partir à la bataille.
À cette occasion, dans une homélie sur le thème de la perte de l’héritage chrétien de l’Europe, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, s’est livré à une comparaison entre cette bataille et la situation actuelle de l’Europe. « En ce jour, il y a 333 ans, Vienne était sauvée », a-t-il rappelé dans la cathédrale de Vienne, dimanche 11 septembre. « Y aura-t-il à présent une troisième tentative de conquête islamique de l’Europe ? Beaucoup de musulmans le pensent, l’espèrent et disent : c’est la fin de l’Europe », a-t-il affirmé.
Le cardinal autrichien de 71 ans a accusé l’Europe d’avoir « dilapidé et gaspillé » son héritage chrétien, la comparant au fils prodigue de la célèbre parabole du Christ. « Que va-t-il advenir de l’Europe ? », s’est-il interrogé. « Je pense que nous devrions demander pour l’Europe ce que Moïse demande (pour le peuple hébreu) et ce que Dieu dans sa miséricorde accorde au fils prodigue : Seigneur, donne-nous une autre chance ! », a-t-il poursuivi.
L’archevêque de Vienne a conclu son propos par une prière : « Seigneur, ne nous abandonne pas ! N’abandonne pas cette Europe qui a produit tant de saints. Ne nous abandonne pas, parce que nous sommes devenus tièdes dans notre foi. »
Les Européens responsables, « pas les islamistes »
Sur le site du diocèse, une mise au point a été publiée quelques jours après cette homélie. Sans revenir sur les propos du cardinal, ce texte – non signé – insiste sur la responsabilité des Européens dans la situation qu’il décrit. « Nous sommes ceux qui ont mis l’héritage chrétien de l’Europe en péril. Il est vrai que l’islamisme pourrait en bénéficier », peut-on lire.
Le cardinal a également commenté, jeudi 15 septembre, sur son compte Twitter personnel : « Les islamistes aimeraient pouvoir tirer profit du fait que nous perdions notre héritage chrétien, mais ils n’en sont pas responsables. C’est nous qui le sommes.
Le cardinal Schönborn, partisan de l’accueil des migrants
Les propos du cardinal peuvent surprendre après qu’il a pris plusieurs fois position en faveur notamment de l’accueil des migrants en Europe. En janvier 2016, il avait notamment dénoncé que « le rideau de fer existe de nouveau » en Europe, et avait déploré « les peurs et les nouveaux nationalismes » qui pouvaient être vaincus par « la miséricorde chrétienne ».
En septembre 2015, après la découverte non loin de Vienne des corps de 71 migrants, trouvés morts dans un camion frigorifique, il avait eu des mots forts : « C’en est assez ! Assez de morts, assez de souffrance et de persécution. Nous ne pouvons plus continuer à détourner les yeux. Ceux qui sont morts, ceux que nous pleurons, sont nos frères et sœurs, simplement des êtres humains, (…) des hommes qui survivent actuellement, et veulent juste vivre, comme nous tous », s’était-il indigné.
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« Il faut s’attendre à une augmentation du nombre de migrations. C’est notre réalité aujourd’hui. Et cela va rester la réalité. Et cela va changer notre vie », avait-il également prévenu à cette occasion, sans toutefois se montrer alarmiste. Il a d’ailleurs réfuté, sur Twitter jeudi 15 septembre, tout lien entre son homélie du 11 septembre et sa position sur les réfugiés : « Il ne faut pas prendre mon homélie pour un appel à se défendre contre les réfugiés. »