H. Abdel Gawad: Les questions que posent les jeunes sur l’Islam. Itinéraire d’un prof (Recension)

Hicham Abdel Gawad: Les questions que posent les jeunes sur l’Islam. Itinéraire d’un prof. La Boîte à Pandor 2016 – 322 pages – 18.90€ – ISBN 978-2-87557-255-4 (Recension par Gilles Mathorel)Hicham Abdel Gawad n’esquestions_jeunest pas encore très connu. Mais si l’on considère ce premier livre que voici, il ne le restera pas longtemps. Aujourd’hui, déjà, il est déjà bien en place sur les réseaux internet. Ce livre d’une part retrace l’itinéraire personnel de son auteur et d’autre part, il nous introduit dans l’univers des jeunes qu’il côtoie comme enseignant de religion dans les écoles, selon le programme officiel.

Dans sa première partie, il se livre donc en mettant en évidence toutes les étapes qu’il dût franchir pour arriver à une foi plus réelle, mature et éclairée, grâce à une approche scientifique et anthropologique de l’Islam et du Coran son livre sacré. Toutes les vérités traditionnelles doivent être réévaluées en fonction des avancées de la science moderne. Et si cela pourra secouer sa Foi, cela ne la détruira pas. Bien au contraire. Cela démontrera que « rien pas même une religion ne descend ‘toute cuite’ du ciel. » (p.317) C’est pourquoi, il continue à affirmer sa Foi en Dieu et en Muhammad en précisant : « Aucune étude historico critique, justement parce que scientifique, n’a touché à ce fondement de foi. » (p.75). Ce cheminement peut devenir alors un défi à proposer aux jeunes dont il s’occupe : « Je mise sur la capacité des gens à recomposer intelligemment leur foi à partir des contraintes des données scientifiques. » (p.273)

Dans la deuxième partie de son livre, il se propose de retranscrire les réponses qu’il a données à différentes questions que ses jeunes lui ont adressées. Cela concernera tout autant la science (La terre est-elle fixe ?) que les questions de société comme le statut de la femme, les violences et horreurs au nom de la religion, les familles islamo-chrétiennes. La théologie entre aussi dans le jeu avec les preuves de l’existence de Dieu, le paradis et l’enfer, la fixité ou les changements dans le texte du Coran. Dans tous ces débats, nous entrevoyons les lignes pédagogiques et le respect de l’auteur pour les jeunes qu’il a devant lui pendant un temps malgré tout bien limité si l’on considère tout ce que les jeunes peuvent lire et apprendre par les médias publiques. Quoi qu’il en soit, son optique reste la même : « moderniser les modalités du croire en donnant les clefs d’une foi en questionnement. » (p.311)

Tout ceci est, on s’en doute, une entreprise hardie qui n’est pas sans danger. Elle peut nous rappeler la démarche semblable d’un théologien catholique qui pouvait conclure à l’âge de 90 ans : « N’allez pas croire que je vis dans une foi tremblotante : questionnante oui ; mais lucide et décidée. Car la foi est essentiellement acte et engagement, et confiance. » (Joseph Moingt – « Croire quand même » p.242)

On pourra apprécier la conclusion de Hicham Abdel Gawad. Elle peut devenir une ligne directrice dans toute recherche de sciences des religions : « Là où la science produit du savoir et la philosophie du sens, la religion doit produire une promesse. » (p.322) Preuve nouvelle, s’il en est, que les rencontres inter-religieuses ou islamo-chrétiennes, faites en vérité et dans le respect de l’autre, sont toujours possibles.

Gilles Mathorel