Texte Pris sur l'Agence Zenit
Samedi 24 janvier Colloque organisé pour
les 50 ans de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie à Rome (Pisai),
fondé par les Pères Blancs d'abord à TunisVoir explications sur le Pisai
* Radio Vatican Interview of Paul Hannon (M.Afr) about the PisaiDialogue islamo-chrétien : pas d'approximation mais une étude approfondie
Congrès de l'Institut pontifical d'études arabes et d'islamologie (texte intégral)
Pape FrançoisROME, 26 janvier 2015 (Zenit.org) - Les artisans du dialogue islamo-chrétien sont appelés à « une étude approfondie, parce que l'approximation et l'improvisation peuvent être contre-productifs » : « Il faut un engagement continu et dans la durée », déclare le pape François en recevant les participants au congrès de l'Institut pontifical d'études arabes et d'islamologie (PISAI), le 24 janvier 2015.
Photo des Directeurs du PISAI, passés et actuel.
P. André Ferré, P. Justo Lacunza, Mgr Michael Fitzgerald, Cardinal Tauran
P. Valentino Cottini (actuel), P. Miguel Ayuso (Photo Corinna)
Le congrès international, intitulé "Étudier et comprendre la religion de l'autre" (22-24 janvier) a notamment présenté le travail du PISAI, pour marquer le 50e anniversaire de son ouverture à Rome (1964-2014), après une activité en Tunisie (1926-1964).
Saluant « cet Institut très précieux » et « les pas accomplis dans le dialogue interreligieux », le pape a souhaité que le PISAI « ne trahisse jamais son objectif premier d'écoute et de dialogue, fondé sur une identité claire, sur la recherche passionnée, patiente et rigoureuse de la vérité et de la beauté ».
« Au commencement du dialogue, il y a la rencontre... sur cette route, l'exercice de l'écoute est essentiel », a-t-il précisé.
Le dialogue interreligieux exige aussi « une formation adaptée » : il s'agit de « ne pas tomber dans le piège d'un syncrétisme conciliant » et de ne pas se limiter « à accepter tout ce qui est dit superficiellement, donnant lieu à des stéréotypes et des idées préconçues ».
Le pape a encouragé à « aller rechercher les sources, à colmater les lacunes, à analyser l’étymologie, à proposer une herméneutique du dialogue », à travers « une approche scientifique ».
« L'antidote le plus efficace contre toute forme de violence est l'éducation à la découverte et l'acceptation de la différence en tant que richesse et fécondité », a-t-il aussi souligné.
A.K.
Discours du pape François
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE ORGANISÉE
PAR L'INSTITUT PONTIFICAL D'ÉTUDES ARABES ET D'ISLAMOLOGIE,
À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE SON TRANSFERT À ROMESalle Clémentine
Samedi 24 janvier 2015
Messieurs les cardinaux, frères et sœurs,
Je vous accueille avec plaisir au terme de votre congrès organisé pour le cinquantième anniversaire de l’ouverture à Rome de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie. Je remercie le cardinal Grocholewski pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de tous, et le cardinal Tauran de sa présence.
Ces dernières années, malgré certaines incompréhensions et difficultés, des pas en avant ont été accomplis dans le dialogue interreligieux, également avec les fidèles de l’islam. C’est pourquoi l’exercice de l’écoute est essentiel. Il n’est pas seulement une condition nécessaire dans un processus de compréhension réciproque et de coexistence pacifique, il est également un devoir pédagogique dans le but d’être «capables de reconnaître les valeurs des autres, de comprendre les préoccupations sous-jacentes à leurs plaintes, et de mettre en lumière les convictions communes» (Exhort. apos. Evangelii gaudium, n. 253). A la base de tout cela se trouve la nécessité d’une formation adaptée afin que, solide dans sa propre identité, l’on puisse grandir dans la connaissance réciproque.
Il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège d’un syncrétisme conciliant mais, pour finir, vide et porteur d’une totalitarisme sans valeur (ibid., n. 251; n. 253). Une approche accommodante, «qui dit oui à tous pour éviter les problèmes» (ibid., n. 251), finit par être «une manière de tromper l’autre et de nier le bien qu’on a reçu comme un don à partager généreusement» (ibid.). Cela nous invite, en premier lieu, à revenir aux fondements.
Quand nous nous approchons d’une personne qui professe avec conviction sa propre religion, son témoignage et sa pensée nous interpellent et nous conduisent à nous interroger sur notre propre spiritualité. Au début du dialogue, donc, il y a la rencontre. C’est de celle-ci que naît la première connaissance de l’autre. Si, en effet, on part du présupposé de l’appartenance commune à la nature humaine, on peut surmonter les préjugés et les opinions fallacieuses et commencer à comprendre l’autre selon une perspective nouvelle.
L’histoire de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie va précisément dans cette direction. Elle ne se limite pas à accepter ce qui est dit de manière superficielle, donnant lieu à des stéréotypes et des jugements préconçus. Le travail académique, fruit d’un effort quotidien, va interroger les sources, combler les lacunes, analyser l’étymologie, proposer une herméneutique du dialogue et, à travers une approche scientifique inspirée par l’étonnement et l’émerveillement, il est capable de ne pas perdre la voie du respect mutuel et de l’estime réciproque. C’est avec ces prémisses que l’on s’approche de l’autre sur la pointe des pieds sans soulever la poussière qui voile la vue.
Les cinquante ans du PISAI à Rome — après sa naissance et ses premiers développements en Tunisie, grâce à la grande œuvre des missionnaires d’Afrique — démontrent combien l’Eglise universelle, dans le climat du renouveau post-conciliaire a compris la nécessité pressante d’un institut explicitement consacré à la recherche et à la formation d’agents de dialogue avec les musulmans. Ce besoin n’a peut-être jamais été autant ressenti qu’à présent, car l’antidote le plus efficace contre toute forme de violence est l’éducation à la découverte et à l’acceptation de la différence comme richesse et fécondité. Cette tâche n’est pas simple mais naît et mûrit à partir d’un profond sens de la responsabilité. Le dialogue islamo-chrétien exige, de manière particulière, la patience et l’humilité qui accompagnent une étude approfondie, car l’approximation et l’improvisation peuvent être contre-productives, voire même cause de malaise et d’embarras. Un engagement durable et incessant est nécessaire en vue de ne pas nous retrouver impréparés dans les diverses situations et dans les différents contextes. C’est pour cette raison qu’il existe une préparation spécifique, qui ne se limite pas à l’analyse sociologique, mais qui a les caractéristiques d’un chemin entre personnes appartenant aux religions qui, bien que de manières différentes, se réclament de la paternité spirituelle d’Abraham. La culture et l’éducation ne sont pas du tout secondaires dans un véritable processus d’approche de l’autre qui respecte en chaque personne «sa vie, son intégrité physique, sa dignité et les droits qui en découlent, sa réputation, sa propriété, son identité ethnique et culturelle, ses idées et ses choix politiques» (Message pour la fin du Ramadan, 10 juillet 2013).
Cet institut est très précieux parmi les institutions académiques du Saint-Siège, et il a besoin d’être encore plus connu. Mon désir est qu’il devienne toujours davantage un point de référence pour la formation des chrétiens qui œuvrent dans le domaine du dialogue interreligieux, sous l’égide de la Congrégation pour l’éducation catholique, en étroite collaboration avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Sur le chemin d’approfondissent de la vérité, vers le plein respect de la personne et de sa dignité, puisse le PISAI instaurer une collaboration fructueuse avec les autres universités pontificales, avec les centres d’étude et de recherche, aussi bien chrétiens que musulmans, présents dans le monde.
En l’heureuse circonstance de ce jubilé, je souhaite à la communauté du PISAI de ne jamais trahir la tâche primordiale de l’écoute et du dialogue, fondée sur des identités claires, sur la recherche passionnée, patiente et rigoureuse de la vérité et de la beauté, placées par le Créateur dans le cœur de chaque homme et femme et réellement visibles dans chaque expression religieuse authentique. Je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi et je vous souhaite de tout cœur toutes les bénédictions.
Photos of the Colloque/ of the Conference
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1 . P. Valentino Cottini Directeur du Piasi et Sr Carmen Sammut, Supérieure Générale Smnda
3 . Grand Chancelier du Pisai, Son Eminence Cardinal Zenon Grocholewski Préfet de la Congrégation
pour l’Education Catholique et Madame l'Ambassadrice de l'Allemagne Mme Annette Schavan
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1. Mgr Michael Fitzgerald avec Mr l'Ambassadeur Britannique.
2 . De dr. à g. P. Emmanuel Ngona Assistant Général M.Afr, P. Paul Hannon du Pisai.
3. Cardinaux Jean-louis Tauran Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Inter-religieux
et Zenon Grocholewski
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1. P. Diego Sarrio M.Afr, Directeur des Etudes du Pisai, P. Valentino Cottini, Directeur du Pisai,
P. Friedrich Bechina, FSO, sous-secrétaire de la Congrégation pour l’Education Catholique
2. Cardinal Jean-Louis Tauran
3. Cardinal Zenon Grocholewski et le Recteur de l'Urbaniana
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2. A droite P. Richard Baawobr Supérieur Général M.Afr et Vice-Chancelier du Pisai.
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1. Centre droit Mr le professeur Shomali, Director of the International Institute
for Islamic Studies, Qum, Director of Islamic Centre of England, London.
2 . Prof. John Borelli, membre du Staff de GeorgeTwon University, Washington (D.C.) avec Mgr Michael Fitzgerald
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1 & 2 Toast to Pisai's Jubilee P. Richard Baawobr, M.Afr, Vice-Chancelier du Pisai.
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1. Au centre P. Miguel Ayuso, Secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux,
à sa gauche Professeur Michel Lagarde du Pisai
Photos taken by Edouardo (Student of the Pisai)
Pope's Audience with Members of
the Pontifical Institute for Arabic and Islamic Studies (PISAI) in Rome
The PISAI celebrates its 50 years in Rome
(Founded by the White Fathers)"At the heart of everything is the need of an adequate formation so that, steadfast in ones own identity, we can grow in mutual knowledge."
To see explanations about Pisai
* Radio Vatican Interview of Paul Hannon (M.Afr) about the PisaiVatican City, January 26, 2015 (Zenit.org) |
Here is the translation of the Holy Father's address to members of the Pontifical Institute for Arabic and Islamic Studies at the Vatican on Saturday.
Photo the past and present rectors of PISAI,
Fr.André Ferré, Fr. Justo Lacunza, Mgr Michael Fitzgerald, Cardinal Tauran
Fr. Valentino Cottini (present), Fr.Miguel Ayuso (Photo Corinna)
Other pictures soon
* * *ADDRESS OF HIS HOLINESS POPE FRANCIS
TO PARTICIPANTS IN THE MEETING SPONSORED BY
THE PONTIFICAL INSTITUTE FOR ARABIC AND ISLAMIC STUDIES
ON THE 50th ANNIVERSARY OF ITS ESTABLISHMENT IN ROMEClementine Hall
Saturday, 24 January 2015
Your Eminences, Brothers and Sisters,I am pleased to welcome you at the conclusion of the conference organized to commemorate the 50th anniversary of the establishment of the Pontifical Institute of Arabic and Islamic Studies in Rome. I thank Cardinal Grocholewski for the words he addressed to me on behalf of all, and Cardinal Tauran for his attendance.
In recent years, despite some misunderstandings and difficulties, progress has been made in interreligious dialogue, and also with the Islamic faithful. Listening is essential for this. It is not only a necessary condition in a process of mutual comprehension and peaceful coexistence, but is also a pedagogical duty in order to be able to “acknowledge the values of others, appreciate the concerns underlying their demands and shed light on shared beliefs” (Apostolic Exhortation Evangelii Gaudium, n. 253). The basis of all this is the necessity of an adequate formation in order that, secure in one’s own identity, it is possible to grow in mutual understanding.
One needs to pay attention to avoid falling into the snare of a facile syncretism which would ultimately be an empty harbinger of a valueless totalitarianism (ibid., nn. 251, 253). A soft and accommodating approach, “which says ‘yes’ to everything in order to avoid problems” (ibid., n. 251), ends up being “a way of deceiving others and denying them the good which we have been given to share generously with others” (ibid.). This invites us, firstly, to return to the basics.
When we approach a person who professes his religion with conviction, his testimony and thoughts ask us and lead us to question our own spirituality. Dialogue, thus, begins with encounter. The first knowledge of the other is born from it. Indeed, if one begins from the premise of the common affiliation inhuman nature, one can go beyond prejudices and fallacies and begin to understand the other according to a new perspective.
The history of the Pontifical Institute for Arabic and Islamic Studies has gone in this very direction. It is not limited to accepting superficial statements, giving rise to stereotypes and preconceptions. Academic work, the fruit of daily effort, seeks to investigate sources, fill in the gaps, analyze etymology, propose a hermeneutics of dialogue and, through a scientific approach inspired by astonishment and wonder, is able to avoid losing the bearings of mutual respect and reciprocal esteem. With these premises, one tip-toes toward the other without stirring up the dust that clouds one’s vision.
The 50 years of PISAI in Rome — after its birth and first steps in Tunisia, thanks to the great work of Missionaries in Africa — show how much the Universal Church, in the climate of Post-Conciliar renewal, has understood the impending need for an institute dedicated explicitly to research and the formation of those who promote dialogue with Muslims. Perhaps there has never been a greater need, since the most effective antidote to violence is teaching the discovery and acceptance of difference as richness and fruitfulness.
This task is not simple, but is born and grows out of a strong sense of responsibility. Muslim-Christian dialogue requires, in a particular way, patience and humility along with extensive study, because approximation and improvisation can be counterproductive, or can even cause discomfort and embarrassment. A lasting and continuous commitment is needed in order not to be caught unprepared in various situations and in different contexts. For this reason, there is need for a specific preparation, not limited by sociological analysis, but having the characteristics of a journey among members of religions who, although in different ways, refer to the spiritual paternity of Abraham. Culture and education are in no way secondary to a true process of approaching the other which respects in each person “his life, his physical integrity, his dignity and the rights deriving from that dignity, his reputation, his property, his ethnic and cultural identity, his ideas and his political choices” (Message for the End of Ramadan, 10 July 2013).
This Institute is very precious among the academic institutions of the Holy See, and still needs to become better known. My desire is that it increasingly become a point of reference for the formation of Christians who work in the field of interreligious dialogue, under the auspices of the Congregation for Catholic Education and in close cooperation with the Pontifical Council for Interreligious Dialogue. On the journey of exploring truth, toward the full respect of the person and of his dignity, may the PISAI instill a fruitful collaboration with the other Pontifical Universities, with study and research centres, both Christian and Muslim, scattered throughout the world.
On the happy occasion of this Jubilee I wish the PISAI community may never betray its primary purpose of listening and dialogue, founded on distinct identities, on the passionate, patient and vigorous search for truth and beauty, sown by the Creator in the heart of every man and woman and truly visible in every authentic religious expression. I ask you to please pray for me and I wholeheartedly wish you all blessing.