JUBILÉ - 150ème

2ème  texte de réflexion pris dans les documents de nos Sociétés.

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« Le dialogue ne commence pas par là... »

(tiré du livret Oser la rencontre, Conseil général, septembre 2008).

« Nouvellement arrivé au Yémen, je me plaignais : les Yéménites ne sont pas ceci, ne sont pas cela. Ils n'étaient surtout pas comme les gens de l'Algérie que je venais de quitter. Et c'est le Consul de France à Sanaa à qui je confessais mes difficultés qui m'a donné la réplique : Mon père, il faut les aimer.

Lorsque nous parlons de dialogue et de rencontre, particulièrement avec le monde musulman, nous prenons peur parce que nous pensons aussitôt à une table ronde de spécialistes qui devront débattre de théologie. Mais le dialogue ne commence pas par là.

La rencontre commence dans la vie. Il suffit de voir comment Jésus a approché les gens de son temps. Il ne leur demande pas de quel bord ils sont pour les rencont- rer. Il s'intéresse à tous, sans distinction de rang, parce qu'ils sont les enfants d'un même Père. Il s'invite chez le publicain Zachée, il met à l'épreuve le jeune homme riche, à l'honneur la pauvre veuve... Il ne s'impose pas, il demande : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Et puis il s'émerveille : je n'ai jamais vu pareille foi en Israël... Et enfin, il en rend grâce à son Père.

Le dialogue, c'est vivre en bonne compagnie au milieu des gens, voir ce que l'on peut faire avec eux, s'émer- veiller de la foi que Dieu a mise en eux et Lui en rendre grâce. Cela peut se traduire par une présence de servi- ces : particulièrement auprès des plus pauvres, des  handicapés, des abandonnés de la société, des jeunes en retard à l'école, des lycéens ou étudiants d'université par des cours de perfectionnement, des bibliothèques...

Cette insertion nous permet d'être au milieu d'un peuple que Dieu a déjà visité et qui vit une foi dont toute la vie est imprégnée. Cette vie au milieu de fidèles d'une autre foi ne peut pas ne pas avoir de répercussions. Nous bénéficions nous-mêmes de magnifiques exemples de foi de leur part, de fidélité à la prière, au jeûne, d'un souci des plus pauvres qui nous interpellent, d'un grand sens de la fraternité. De notre côté, nous témoignons de la foi au Christ par nos actes de justice, de droiture et de fidélité à la Parole. Nos partenaires religieux l'attendent et seraient déçus que ces  qualités chrétiennes manquent à l'appel.

(...) Depuis quelques années, surtout après les événements mondiaux qui ont bouleversé les traditions reli- gieuses dans leur assurance ancestrale, beaucoup se posent des questions qu'ils ne se posaient pas, parlent de leur foi plus ouvertement et la confrontent à la nôtre. La formation au dialogue demande que nous en prenions le temps. On ne s'improvise pas apôtre sans une connaissance de l'autre et de sa tradition religieuse. Cette forma- tion est possible dans deux centres en Afrique, l'un à Nairobi et l'autre à Bamako, ainsi qu'au PISAI à Rome. Le monde musulman, très présent en Europe, aux États-Unis ou au Canada, nous appelle là aussi à la rencontre. Des structures existent dans les diocèses, il faut y être présents.

Rencontre avec ceux qui travaillent dans la pastorale des migrants et dans les commissions justice et paix. La meilleure action est celle qu'on fait ensemble, toutes religions confondues. Des centres Afrika existent, comme projets missionnaires à la Haye, Bruxelles, Berlin, Marseille, en Espagne, au Canada, etc. Et, tout au long du parcours des migrants, de Gao à l'Espagne, en passant par Alger, des projets missionnaires ont été lancés pour suivre les candidats à l'immigration dans leur marche désespérée vers l'Europe. On nous attend aussi sur ce ter- rain où la solidarité humaine demande qu'on s'unisse au-delà des religions. Où qu'ils soient, quels qu'ils soient "il faut les aimer". »

Texte présenté par Jean-Claude Ceillier Lire le livret en entier : http://www.peresblancs.org/societe/FRANCESE4rencontre_FRANCESErencontre.qxd.pdf