Permis de ...

Permis de conduire... Après une semaine de découvertes étonnantes et plus de 2000 km sur les routes du sud algérien, alors qu'il me remettait les papiers me signifiant le retrait de mon permis de conduire, le gendarme me demandait gentiment : " Vous aimez l'Algérie ? " Avalant ma salive, je lui ai répondu un petit oui. Le lendemain, après une bonne nuit de repos, je n'avais plus d'hésitation. Oui, j'ai tout aimé - ou presque tout - de l'Algérie.
P. Georges JacquesPermis d'aimer... A la fin de son discours d'intronisation au siège d'Alger, le Cardinal Lavigerie, en s'adressant solennellement aux Algériens musulmans, leur disait : " Je réclame le privilège de vous aimer comme mes fils... Il est deux choses que nous ne cesserons de faire et qui ne peuvent ni vous inquiéter ni vous détourner de nous : la première, c 'est de vous aimer et de vous le prouver, si nous le pouvons, en vous faisant du bien ; la seconde, c'est de prier pour vous... ". Ces paroles du Cardinal restent pleinement d'actualité. Cet amour pour la population qui vous accueille, je l'ai perçu dans le respect dont vous témoignez pour l'Islam et ses croyants, dans la qualité de votre accueil, dans les prières d'action de grâce qui s'exprimaient parfois le soir. Ce n'est pas de la naïveté. Mais vous savez faire le tri et vous vous efforcez de porter sur votre pays d'adoption un regard positif.

J'ose ajouter que vous êtes aimés.
Sans doute quelques uns ne vous apprécient pas beaucoup et préfèreraient vous voir quitter le territoire, mais partout j'ai perçu beaucoup de respect pour vous. Votre présence, votre persévérance, votre solidarité touchent ceux qui vous connaissent. Plusieurs algériens rencontrés ici et là, un visiteur, un étudiant venu consulter la bibliothèque, un pompiste, un douanier à l'aéroport, un policier me l'ont fait comprendre sans mots superflus. "Il est deux choses que nous ne cesserons de faire... vous aimer... et prier pour vous ! ".

Permis de vivre libre... et de " faire du bien ".
Nous avons aujourd'hui difficilement accès aux écoles, hôpitaux ou prisons. Le type d'engagement qui vous est encore permis en Algérie est limité. L'Eglise qui est en Algérie change de visage : davantage d'étudiants subsahariens chrétiens, une diminution du nombre de prêtres diocésains, mais des agents pastoraux venant d'horizons beaucoup plus variés. Parmi les confrères, la tendance est bien là de vouloir s'occuper davantage de la petite communauté chrétienne. Mais que ce service d'Eglise ne nous fasse pas perdre de vue que nous sommes au Maghreb pour rencontrer et aimer en priorité ceux qui ne partagent pas notre foi. Vous avez fait preuve d'imagination et il vous en faudra encore beaucoup... pour sortir et aller à la rencontre de ceux qui sont la raison même de notre présence en Algérie. Ne vous laissez pas enfermer, ni physiquement, ni psychologiquement, ni spirituellement.
Permis d'espérer... Cette année deux nouveaux confrères et quatre stagiaires viendront rejoindre la Province. Plusieurs candidats ont été touchés par le témoignage donné par José Maria Cantal lors de ses visites aux maisons de formation. Oui, il y a des raisons d'espérer en l'avenir.
Aux confrères de Tunisie, je ne peux que dire " à bientôt ". Le temps m'a manqué pour visiter les deux secteurs d'une seule traite. Ce n'est que partie remise. Gardez le merveilleux accueil maghrébin au chaud. J'ai hâte d'y goutter encore une fois.
Un grand merci pour votre témoignage, votre accueil, votre partage, votre prière. Je suis revenu à Rome plein de souvenirs heureux et remuants. La visite de l'Algérie est certainement celle qui m'aura le plus marquée. Toute la route, Paco m'a rappelé - du vrai lobbying - que le Maghreb m'était ouvert. Il me faudra donc encore réfléchir à l'invitation.
Bien fraternellement,
Georges Jacques