Permis
de ...
Permis
de conduire... Après une semaine de
découvertes étonnantes et plus de 2000 km sur les
routes du sud algérien, alors qu'il me remettait les
papiers me signifiant le retrait de mon permis de conduire, le
gendarme me demandait gentiment : " Vous aimez l'Algérie
? " Avalant ma salive, je lui ai répondu un petit oui.
Le lendemain, après une bonne nuit de repos, je n'avais
plus d'hésitation. Oui, j'ai tout aimé - ou presque
tout - de l'Algérie.
Permis
d'aimer... A la fin de son discours
d'intronisation au siège d'Alger, le Cardinal Lavigerie, en
s'adressant solennellement aux Algériens musulmans, leur
disait : " Je réclame le privilège de vous
aimer comme mes fils... Il est deux choses que nous ne cesserons
de faire et qui ne peuvent ni vous inquiéter ni vous
détourner de nous : la première, c 'est de vous
aimer et de vous le prouver, si nous le pouvons, en vous faisant
du bien ; la seconde, c'est de prier pour vous... ". Ces
paroles du Cardinal restent pleinement d'actualité. Cet
amour pour la population qui vous accueille, je l'ai perçu
dans le respect dont vous témoignez pour l'Islam et ses
croyants, dans la qualité de votre accueil, dans les
prières d'action de grâce qui s'exprimaient parfois
le soir. Ce n'est pas de la naïveté. Mais vous savez
faire le tri et vous vous efforcez de porter sur votre pays
d'adoption un regard positif.
J'ose
ajouter que vous êtes aimés. Sans
doute quelques uns ne vous apprécient pas beaucoup et
préfèreraient vous voir quitter le territoire, mais
partout j'ai perçu beaucoup de respect pour vous. Votre
présence, votre persévérance, votre
solidarité touchent ceux qui vous connaissent. Plusieurs
algériens rencontrés ici et là, un visiteur,
un étudiant venu consulter la bibliothèque, un
pompiste, un douanier à l'aéroport, un policier me
l'ont fait comprendre sans mots superflus. "Il est deux
choses que nous ne cesserons de faire... vous aimer... et prier
pour vous ! ".
Permis
de vivre libre... et de " faire du bien ".
Nous avons aujourd'hui difficilement accès aux écoles,
hôpitaux ou prisons. Le type d'engagement qui vous est
encore permis en Algérie est limité. L'Eglise qui
est en Algérie change de visage : davantage d'étudiants
subsahariens chrétiens, une diminution du nombre de prêtres
diocésains, mais des agents pastoraux venant d'horizons
beaucoup plus variés. Parmi les confrères, la
tendance est bien là de vouloir s'occuper davantage de la
petite communauté chrétienne. Mais que ce service
d'Eglise ne nous fasse pas perdre de vue que nous
sommes au Maghreb pour rencontrer et aimer en priorité ceux
qui ne partagent pas notre foi. Vous avez fait preuve
d'imagination et il vous en faudra encore beaucoup... pour sortir
et aller à la rencontre de ceux qui sont la raison même
de notre présence en Algérie. Ne vous laissez pas
enfermer, ni physiquement, ni psychologiquement, ni
spirituellement.
Permis
d'espérer... Cette année deux
nouveaux confrères et quatre stagiaires viendront rejoindre
la Province. Plusieurs candidats ont été touchés
par le témoignage donné par José Maria Cantal
lors de ses visites aux maisons de formation. Oui, il y a des
raisons d'espérer en l'avenir.
Aux
confrères de Tunisie, je ne peux que dire
" à bientôt ". Le temps m'a manqué
pour visiter les deux secteurs d'une seule traite. Ce n'est que
partie remise. Gardez le merveilleux accueil maghrébin au
chaud. J'ai hâte d'y goutter encore une fois.
Un grand merci pour votre
témoignage, votre accueil, votre partage, votre prière.
Je suis revenu à Rome plein de souvenirs heureux et
remuants. La visite de l'Algérie est certainement celle qui
m'aura le plus marquée. Toute la route, Paco m'a rappelé
- du vrai lobbying - que le Maghreb m'était ouvert. Il me
faudra donc encore réfléchir à l'invitation.
Bien fraternellement,
Georges
Jacques
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