Sikhs et chrétiens invités à promouvoir ensemble
« une culture de la tendresse » (ZENIT)
[…]Le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a publié un message à l’occasion de l’anniversaire de Guru Nanak, fondateur du Sikhisme, qui sera célébré le 23 novembre 2018, jour férié en Inde. Le message est signé par le numéro 2 du Conseil pontifical, Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ.
Voici la traduction par Hélène Ginabat du message écrit en anglais.
Message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux
Chers amis sikhs,
Le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux vous présente ses chaleureuses félicitations et vous adresse ses meilleurs vœux à l’occasion de la célébration de Sri Guru Nanak Prakash Diwas, cette année le 23 novembre. Puissent ces festivités qui marquent cette célébration renouveler et renforcer les liens de respect et d’amour mutuels dans vos familles et communautés, afin d’augmenter parmi vous le bonheur, l’harmonie et la paix !
Notre précieuse tradition de partager avec vous quelques pensées à cette occasion veut attirer votre attention, cette année, sur le développement et la promotion d’une culture de la tendresse, puisqu’une culture où l’on est centré sur soi et indifférent les uns à l’égard des autres, semble prendre racine presque partout. De plus, une augmentation alarmante du nombre des personnes, dans nos quartiers et dans nos communes, qui se sentent mal-aimées et négligées est révélatrice d’un indice de tendresse bas sans précédent dans le monde. Notre réflexion se concentre donc aussi sur la manière dont les chrétiens et les sikhs peuvent promouvoir la culture de la tendresse pour le bien-être de tous les êtres humains.
La ‘tendresse’, telle qu’on l’expérimente et qu’on l’explique en général, est un geste de la part de quelqu’un, qui fait preuve de gentillesse et de douceur, d’attention et de sollicitude à l’égard de l’autre. C’est une démonstration de la capacité des êtres humains à sentir avec et à sentir pour les autres. Il s’agit de regarder, d’écouter, d’être avec et de réconforter les autres de tout son cœur, en particulier les plus vulnérables de la société, et de faire tout son possible, quitte à prendre des risques, pour leur bien-être. Le pape François aime la décrire comme « un mouvement qui commence dans notre cœur et qui rejoint les yeux, les oreilles et la main » (Vidéo Talk, TED Conference, Vancouver, Canada, 25 avril 2017).
Le fondement de la ‘tendresse’ est sans aucun doute Dieu lui-même, qui est « infinie tendresse ». Cependant, nous faisons l’expérience de la tendresse, du soin et de la providence divine lorsque nous sommes dans le besoin, surtout à travers les instruments humains, comme si c’était la voie privilégiée de Dieu. Ainsi, ayant nous-mêmes besoin de tendresse de la part de Dieu et des autres, et étant membres d’une même famille humaine, nous avons besoin aujourd’hui, dans notre monde, de ce que le Saint-Père appelle une « révolution de la tendresse » (Pape François, Evangelii gaudium, Exhortation apostolique, 2013, n.88) menée à travers des gestes authentiques de soin et des actions concrètes de compassion à l’égard de nos frères et sœurs, en particulier des pauvres, des faibles, des malades, des personnes âgées ou handicapées et des migrants, quelle que soit la tradition religieuse à laquelle ils appartiennent. La plus grande « tendresse » se manifeste par nos mots et nos actions, la meilleure façon pour la culture de la tendresse de déployer ses racines loin et amplement. La tendresse doit aussi s’étendre à l’ensemble de la création parce que le soin de la terre et le soin de l’autre vont de pair ; ne pas prendre soin de la nature signifierait ne pas prendre soin des êtres humains et vice versa (Cf. Pape François, Message pour la Journée mondiale de la prière pour le soin de la création, 1er sept, 2016, n.1).
La formation à la ‘tendresse’ doit évidemment commencer dans les familles elles-mêmes où les enfants, guidés par l’exemple de leurs parents et des membres plus âgés, apprennent à manifester leur amour, leur soin et leur préoccupation pour les autres, en particulier pour les personnes faibles et démunies, les servant et étant un soutien pour elles. Les enseignements religieux, les institutions éducatives et les moyens de communication sociale jouent un rôle décisif et vital en inculquant chez les fidèles, les étudiants et les autres citoyens un comportement altruiste, bienveillant et respectueux à l’égard des autres. Si un tel modèle de vie est adopté par des fidèles de toutes les religions, on devrait assister à une plus grande harmonie et paix dans notre monde. Entretenir la « culture de la tendresse » peut ainsi être le nouveau modèle y compris pour les engagements interreligieux et les réalisations communes et pour construire un monde meilleur par une vision partagée et une action commune.
Nos deux religions croient dans la paternité de Dieu et la fraternité entre tous les êtres humains. En vivant ces convictions religieuses et en encourageant les autres à vivre les mêmes, puissions-nous, chrétiens et sikhs, travailler main dans la main avec les croyants d’autres traditions religieuses et avec toutes les personnes de bonne volonté, faire tout notre possible, dans l’humilité et la solidarité humaine, pour promouvoir une « culture de la tendresse » pour le bien-être de tous les êtres humains et pour le bien de tout le monde créé !
Je vous souhaite à tous, une fois encore, un joyeux et serein Prakash Diwas of Guru Nanak Dev Ji!
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Source : Sikhs et chrétiens invités à promouvoir ensemble « une culture de la tendresse » – ZENIT – Francais, Hélène Ginabat, 22/11/18.