Chers amis du Diocèse de Nouakchott,
Aujourd’hui j’aimerais partager avec vous quelques réflexions que m’inspire la couverture de ce numéro de nos Nouvelles Diocésains de Nouakchott. Vous y voyez un photomontage montrant une tente de nomades dans le désert, la cathédrale de Nouakchott et une photo du Père Yves Lesteven dont on vous parlera beaucoup dans les pages qui suivent. En haut du montage une citation biblique : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu, et le VERBE s’est fait CHAIR : il a planté sa tente parmi nous. »
Si on regarde de plus près, on peut constater que l’architecte, qui a fait le plan de notre cathédrale, s’est inspiré, surtout pour le toit, de la tente mauritanienne. Une tente, non un château-fort ! Il me semble que ceci peut faire comprendre la vocation spécifique de notre Eglise diocésaine dans ce pays. Tous les chrétiens présents en Mauritanie sont des étrangers, des gens de passage, qui y ont planté leur tente pour un temps plus ou moins long. Ils sont heureux de se retrouver « en famille » sous le toit de l’église. La tentation est alors grande, de se réfugier derrière les murs d’enceinte de cette même église, de former une secte : « club d’élus » comme les témoins de Jehova par exemple. Tentation, de tout faire pour retrouver le cadre et l’ambiance de chez nous… ce qui s’avèrera difficile vu les nombreux pays d’origine dont nous venons.
Il nous est bon, alors, de nous remémorer la feuille de route, qu’à donnée à cette Eglise de Mauritanie son premier évêque, Mgr Michel Bernard. Il ne voulait pas d’une aumônerie pour les chrétiens, mais invitait les chrétiens et les pasteurs à se tourner vers le peuple mauritanien.
Il me semble que cette invitation est de toute actualité ! La Mauritanie, un pays attachant, mais très complexe, vit à l’instar de tout les pays du Sahel, des moments difficiles. Si nous acceptons que notre présence ici n’est pas due au hasard des affectations, nominations ou autres raisons qui nous ont fait quitter chez nous, mais qu’il s’agit bien d’une mission confiée par le maître de la vigne et de la moisson, alors les choses se présentent autrement, me semble-t-il !
Voyons cela de plus près. Volontiers je compare la situation des chrétiens en Mauritanie avec celle des chrétiens de la toute jeune communauté de Jérusalem après la dispersion suite au martyre d’Etienne. « Ceux-là donc qui avaient été dispersés s’en allèrent de lieu en lieu en annonçant la parole de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de Samarie, y proclamait le Christ ». Philippe s’est donc retrouvé en Samarie malgré lui ! Ce qui ne l’a pas empêché d’être témoin du Christ ressuscité là où Dieu l’avait envoyé…
Le premier prêtre, qui soit arrivé en terre mauritanienne sans avoir le statut d’aumônier militaire, était le Père Yves Lesteven, qui a célébré sa première messe en Mauritanie à Rosso sur le fleuve Sénégal à l’occasion de la fête de Noël de 1957 ! Il a fallu attendre la création de la MIFERMA (début des années 60) pour que l’on voie arriver en Mauritanie quelque 3000 Français avec leurs familles pour créer à la fois la cité minière de Zouérate, la mine, le chemin de fer reliant les mines au port de Nouadhibou et le port minéralier à Cansado près de Nouadhibou. C’était la première fois qu’un nombre important de Français, qui de ce temps étaient encore tous des chrétiens pratiquants, arrive en Mauritanie !
Si aujourd’hui nous, chrétiens catholiques, rencontrons beaucoup de sympathie et de bienveillance en République Islamique de Mauritanie, c’est le mérite de ces pionniers, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont su vivre leur christianisme et être au service des pauvres sans aucun esprit de prosélytisme.
Encore aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation, on peut dire que la plupart des Mauritaniens, qui sont tous musulmans, n’ont jamais eu l’occasion de parler à un chrétien. La conséquence en est, que beaucoup parmi eux ont plein de préjugés et d’idées préconçues par rapport à nous ; nous rencontrons une grande ignorance par rapport à la réalité chrétienne… Par contre, il est rare de rencontrer l’hostilité ! Encore cette semaine j’ai eu à me rendre à Atar accompagné d’un Père Oblat de Marie sénégalais. Il était témoin comment les deux mots « église catholique » servent de sésame aux contrôles de police ou de gendarmerie et ni à l’aller ni au retour on lui a demandé de produire sa carte d’identité sénégalaise.
A l’heure actuelle, nous vivons une période où des éléments fondamentalistes, islamistes, salafistes… cherchent à étendre leur influence sur tout le Sahel, y compris la Mauritanie. Invitation pour nous à nous approcher du monde mauritanien traditionnel, marqué par un Islam confrérique et pacifique pour les appuyer et pour leur dire que nous sommes de leur côté, voire les aider à faire face par notre amitié, nos conseils et notre appui.
Père Martin Happe
Evêque de Nouakchott
Je me rappelle que, du temps où j’étais à Diré au Nord Mali, chaque fois que je partais en tournée vers d’autres villages ou bien que j’allais rendre visite à une famille, j’invoquais le Saint Esprit ; je Lui demandais de me guider sur la route et d’ouvrir mon coeur pour être à l’écoute de ces hommes et de ces femmes musulmans ; une foi profonde en Dieu les animait, et je découvrais combien l’Esprit était présent en eux, avant même que je n’arrive ; cela changeait notre rencontre. C’était une façon pour moi d’être témoin de Jésus auprès d’eux, suivant la promesse qu’Il avait faite à ses disciples :
« Vous recevrez une force, celle de l’Esprit qui descendra sur vous ; vous serez alors mes témoins…jusqu’aux extrémités de la terre. »
J’ai expérimenté la présence de l’Esprit dans ma prière de chaque jour. Quand on arrive à la fin de sa vie, Dieu seul sait le nombre des heures passées à prier, plus souvent à dormir ou à rêvasser, et pourtant chaque fois en commençant la prière, je la confie à l’Esprit, car comme dit Saint Paul :
« l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas que demander pour prier comme il faut ».
A Nouakchott, chaque fois que je vais au ‘Centre Culturel Français’ pour emprunter un livre, je tiens à saluer les différents responsables rencontrés ; je leur demande des nouvelles de leur famille, de leur santé. L’autre jour, une de ces responsables m’a fait la remarque : « Comment cela se fait-il que vous êtes toujours jovial ? » Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai que la joie a toujours habité mon coeur, une joie que je cherche à communiquer aux autres : cette joie est un don de l’Esprit : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que cette joie soit parfaite. » C’était la promesse de Jésus aux disciples qui l’entouraient, c’est aussi une promesse pour ceux qui croiront en Lui qui deviendront ses disciples.
Présence de l’Esprit dans la rencontre, présence de l’Esprit dans la prière, joie dans le coeur, don de cet Esprit, je ne peux que remercier le Seigneur, en chantant avec les frères de Taizé :
« Viens, Esprit de sainteté, viens, Esprit delumière,
Viens, Esprit de feu : viens nous embraser »
ALLELUIA
Père Maurice Cadilhac, à Nouakchott
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