Conseil des imams : Mohammed Moussaoui et le pouvoir y croient encore
Alors que l’exécutif multiplie les efforts pour remettre autour de la table les protagonistes du futur conseil national des imams, objet de profondes divisions et de vives critiques, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) estime que « rien n’est perdu ».
Il ne sera pas dit que le pouvoir ne ménage pas sa peine pour faire renaître de ses cendres le futur conseil des imams, cette structure que l’Élysée appelle de ses vœux pour aboutir à la certification des imams exerçant sur le sol français.
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Recevant les représentants des cultes, jeudi 7 janvier, à l’orée de l’année nouvelle, Emmanuel Macron lui-même avait saisi l’occasion pour appeler les responsables musulmans à œuvrer collectivement pour la réussite d’un projet qui suscite, depuis sa présentation le 18 novembre, une volée de critiques et réveille - plus qu’il ne les révèle - les profondes divisions existant depuis près de vingt ans dans l’islam institutionnel. À cet égard, le retrait, aussi brusque que tonitruant, le 28 décembre de Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la grande mosquée de Paris, avait paru enfouir à tout jamais l’idée de la structure voulue par l’Élysée. Pour expliquer sa décision, le recteur avait notamment accusé une « composante islamiste » du CFCM de bloquer les négociations pour l’écriture d’une « charte des valeurs républicaines » qui devait être rendue au gouvernement début décembre.
« Dépasser nos divergences »
C’était compter sans la ténacité du président de la République. « Il a insisté sur la nécessité de trouver un accord (…) et a réitéré sa volonté de voir le CFCM doté de cette instance, avec une charte des valeurs, et nous a incités à dépasser les divergences », avait confié à La Croix Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, à l’issue de la cérémonie des vœux, le 7 janvier. Souvent présenté comme étant le seul à croire au projet, en raison notamment des pressions exercées sur lui par l’Élysée, ce dernier ne déroge pas à sa ligne optimiste.
Interrogé par l’AFP alors qu’il sortait, deux jours plus tard, d’une rencontre avec le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin place Beauvau, Mohammed Moussaoui a estimé, samedi 9 janvier, que « tout n’est pas perdu », faisant part de sa volonté de reprendre le dialogue avec la Grande Mosquée de Paris. Aucun calendrier n’a toutefois été fixé pour une rencontre entre les différentes fédérations du culte musulman.
La place Beauvau s’active
Là encore, les esprits défaitistes auraient tort d’enterrer trop vite l’espoir d’un accord, prévient la place Beauvau. « Gérald Darmanin travaille à remettre les différents partenaires autour de la table », a confirmé auprès de l’AFP l’entourage du ministre. Ce dernier a également reçu samedi les deux vice-présidents du CFCM, le recteur de la mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, et Ibrahim Alci, a précisé son entourage. Présage d’un nouveau rebondissement dans un dossier aux allures de pièce de théâtre ?