La CAN dénonce le retrait du Nigeria des pays sanctionnés pour entraves à la liberté religieuse Abonnés

Explication

À quelques jours de la visite du chef de sa diplomatie au Nigeria, les États-Unis ont retiré ce pays d’Afrique de l’Ouest de sa liste noire des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse. L’Association chrétienne du Nigeria rejette cette décision du gouvernement américain.

  • Guy Aimé Eblotié, 

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La CAN dénonce le retrait du Nigeria des pays sanctionnés pour entraves à la liberté religieuse
 
Lors d’une prière pour les victimes d’une attaque contre une église de Lagos, au Nigeria, en mai 2018 (photo d’illustration).PIUS UTOMI EKPEI/AFP

« Nous demandons instamment au gouvernement américain de nous aider en nous permettant de savoir ce qui a changé entre le moment où notre pays a été placé sur la liste des “pays particulièrement préoccupants” et aujourd’hui », écrit dans un communiqué, publié dimanche 21 novembre, l’Association chrétienne du Nigeria.

Les chrétiens toujours persécutés

L’organisation chrétienne s’interroge sur les données statistiques qui justifient une telle décision des autorités américaines. « Le gouvernement américain ne nous a pas contactés lorsqu’il a inscrit le Nigeria sur la liste des pays particulièrement préoccupants en matière de liberté de religion et ne nous a pas demandé notre avis avant de retirer le Nigeria de cette liste », explique le pasteur Samson Ayokunle, le président de la CAN. « S’il l’avait fait, nous aurions pu comparer les statistiques d’alors et d’aujourd’hui sur la question de la liberté de religion au Nigeria. »

Aux yeux de la CAN, dans le pays le plus peuplé d’Afrique, les chrétiens ont été et sont toujours persécutés par l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) et le groupe djihadiste Boko Haram. « Ces personnes ont déclaré que leur objectif était de faire disparaître le christianisme du Nigeria et de faire de l’islam la seule religion du nord jusqu’à l’océan Atlantique au sud, rappelle Samson Ayokunle. Ce programme, avec le meurtre de chrétiens, n’a pas cessé jusqu’à aujourd’hui et les Nigérians en sont les témoins vivants. »

De plus, fait-il savoir, les bandits ont rejoint d’autres groupes islamistes militants pour attaquer férocement les églises, tuer les fidèles et kidnapper pour obtenir des rançons. Les bergers font également des ravages. « Nous avons perdu beaucoup de personnes et de lieux de culte à cause de leurs attaques, notamment dans le centre-nord et le nord-est du pays », insiste le président de la CAN.

Discrimination religieuse

En dehors des attaques meurtrières dont font l’objet les chrétiens, l’organisation chrétienne dénonce des discriminations dont sont victimes les communautés chrétiennes au Nigeria et pour lesquelles elle a « presque en vain » interpellé le gouvernement. « Jusqu’à aujourd’hui, notre gouvernement finance toujours l’adhésion du Nigeria à toutes les organisations islamiques internationales comme l’OCI et ses alliés, sans faire partie d’aucune organisation chrétienne internationale », révèle le communiqué.

En outre, depuis près d’un an maintenant, renseigne la CAN, certaines églises rencontrent des difficultés avec le ministère nigérian de l’intérieur pour obtenir de nouveaux livrets de mariage après avoir épuisé ceux qu’elles utilisaient. « Si le gouvernement n’a rien à cacher et qu’il ne s’agit pas d’une subtile discrimination religieuse, pourquoi le ministère n’a-t-il pas expliqué par écrit ou verbalement aux églises qui avaient besoin d’un nouveau livret de mariage pourquoi la fourniture est retardée ? »