Les Églises chrétiennes réclament la création d’une « zone spéciale » dans la Vieille Ville de Jérusalem

Explication

Les Églises chrétiennes de Terre sainte ont appelé, lundi 13 décembre, à la mise en place d’un statut particulier protégeant le quartier chrétien de la Vieille Ville de Jérusalem des « agressions physiques et verbales » de la part de groupes radicaux.

  • Juliette Paquier, 

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Les Églises chrétiennes réclament la création d’une « zone spéciale » dans la Vieille Ville de Jérusalem
 
Le quartier chrétien de Jérusalem. MAXPPP

Qu'est-ce qu'une "zone spéciale" ?

Treize Églises chrétiennes de Terre sainte ont publié, lundi 13 décembre, à l’initiative du patriarche grec-orthodoxe Theophilos III, une alerte vis-à-vis de la « menace » qui pèse sur la présence chrétienne à Jérusalem.

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Elles demandent au gouvernement israélien d’ouvrir au plus tôt un « dialogue » en vue de créer une « zone spéciale de culture et de patrimoine » dans le quartier chrétien de la Vieille Ville. Autrement dit, que le statut spirituel et culturel de ce quartier chrétien soit inscrit dans la loi israélienne, comme c’est le cas pour le quartier juif.

► À quoi servirait une telle zone ?

Selon les signataires, sa création permettrait de protéger le quartier chrétien des atteintes dont sont victimes les habitants depuis plusieurs années. Les responsables religieux alertent en effet sur le nombre d’« agressions physiques et verbales contre des prêtres et d’autres membres du clergé (…), avec des lieux saints régulièrement vandalisés et profanés, et l’intimidation permanente des chrétiens locaux ». Ils dénoncent également l’acquisition de « propriétés stratégiques » du quartier chrétien par des « groupes radicaux marginaux », qui traduit, selon eux, une « tentative systématique de chasser la communauté chrétienne de Jérusalem ».

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Les responsables des Églises de Terre Sainte rappellent au passage que les pèlerinages chrétiens du monde entier apportent « de grands avantages à l’économie et à la société d’Israël », citant un récent rapport de l’université de Birmingham, selon lequel le flux de pèlerins et les touristes « contribuent à hauteur de trois milliards de dollars à l’économie israélienne ». De plus, la petite communauté chrétienne locale fournit à tous une quantité « disproportionnellement élevée » de services éducatifs, sanitaires et humanitaires à travers Israël, la Palestine et la Jordanie.

► Pourquoi une telle demande ?

Rédactrice en chef de Terre sainte Magazine, Marie-Armelle Beaulieu resitue cet appel dans le contexte de tensions entre le Patriarcat grec-orthodoxe et l’organisation ultranationaliste juive Ateret Cohanim (« Couronne des prêtres »),au sujet de son acquisition controversée de biens immobiliers du patriarcat dans les années 2000.

Cette interminable bataille juridique s’inscrit dans la stratégie de l’organisation qui œuvre pour la colonisation israélienne de Jérusalem-Est. Lors de la cérémonie de l’illumination du sapin de Noël, jeudi 9 décembre, le patriarche Theophilos a d’ailleurs appelé à ne pas céder aux intimidations.

Pour autant, la pression exercée par Ateret Cohanim ne concerne pas uniquement la communauté grecque-orthodoxe, mais l’ensemble des chrétiens présents à Jérusalem. « S’il faut rappeler que ce groupe ne traduit ni la pensée des Israéliens dans leur ensemble ni celle de la communauté juive, on observe tout de même qu’il gagne progressivement du terrain », constate Marie-Armelle Beaulieu.

Selon elle, la demande de création d’une « zone spéciale » permettrait de rappeler que « Jérusalem n’appartient ni à une seule nation, ni à un seul peuple, ni à une seule religion », alors que le nombre de chrétiens présents dans la Vieille Ville est en baisse.