Editorial: l´islamisation de l´europe : entre la réalité, la peur et les préjugés
EDITORIAL. J´écris cet éditorial en ce jour souvenir de l´un des attentats les plus meurtriers commis en Europe par le radicalisme musulman. Résultat : 191 morts et 2.000 blessés plus ou moins graves. C´était le matin du 11 mars 2004 à Madrid, dans la gare d´Atocha. L´impact psychologique dans l´opinion publique espagnole a été et reste énorme. On se demande toujours le pourquoi de cet attentat. Ceux qui sont dans la mouvance de l´idéologie guerrière de Al-Qaida le savent, puisqu´ils continuent à agir dans la même perspective utopique d´instaurer l´Islam des premiers temps partout dans le monde. Les foyers violents sont toujours nombreux au Moyen Orient, en Afrique et en Asie. Les djihadistes pensent ainsi défendre la cause de Dieu et de l´ Islam. De cette situation globale se font écho les média avec plus ou moins de succès.
La sociologie nous montre également une autre réalité qui s´est développée en Europe à l´abri de l´immigration : la pluralité culturelle. Elle est visible de manière plus tangible dans les grandes villes, comme Marseille, Paris, Londres et Bruxelles : le nombre de musulmans qui y habitent est considérable… Leur présence, selon un certain nombre de sondages, est ressentie comme une menace : les musulmans prenant trop d´influence dans la vie publique et devenant trop nombreux. Certaines voix alarmistes concluent qu´au rythme des conversions à l´islam, de la croissance démographique et du phénomène de l´immigration, l´Europe deviendra musulmane en quelques années.
Les sondages d´opinion, même s´ils sont sujets à caution, nous montrent l´étendue de la fracture sociale qui s´est opérée dans la société : les gens de tout bord ont peur, se sentent menacés et agressés. La peur comme on dit n´est pas bonne conseillère : elle nous paralyse et nous rend méfiants. Elle ne favorise pas des relations sociales équilibrées qui sont la base reposent sur la confiance, le respect, l´estime mutuelle aussi bien des personnes que de leurs traditions culturelles et religieuses. Ceci est un parcours qui devrait s´opérer à double sens.
Dans une ambiance sociale qui semble se détériorer, il paraît urgent de restaurer la confiance, de promouvoir l´estime mutuelle, de lutter contre les stéréotypes et les préjugés, de favoriser les échanges interculturels et interreligieux, de promouvoir la justice et lutter contre les inégalités… Le vivre ensemble dans la paix est le fruit d´un effort qui incombe aux média éclairés, aux responsables politiques et religieux et aux gens de bonne volonté, conscients de l´enjeu du bien commun.
ARCRE