DIAPORAMA - Les tentations de Jésus au désert de James Tissot
Ce 1er dimanche de Carême, nous lisons l’évangile de Marc (1,12-15) , qui rapporte le départ de Jésus pour le désert. Le peintre James Tissot illustre à sa façon le même épisode, plus développé dans le chapitre 4 de l’Évangile selon Matthieu.
La tentation de Jésus dans le désert. Aquarelle et gouache de James Tissot (1836-1902), Jewish Museum, New York, USA, commentée par le bibliste Régis Burnet.
Cette étrange aquarelle, rehaussée de peintures datant de la fin du XIXe siècle, est en rupture complète avec toutes les représentations précédentes des tentations du Christ. Il y a certes l’audacieuse mise en scène qui voit tout depuis l’intérieur d’une grotte permettant de montrer Jésus en clair-obscur et le paysage rocheux entourant un lac.
James Tissot profite à coup sûr des premières photographies de la Palestine qui était passée sous occupation anglaise, et figure avec réalisme un environnement qui ressemble à celui de la mer Morte : de hauts rochers désertiques, abritant des grottes, et un lac en contrebas.
Ce qui est nouveau, c’est de représenter le diable tentateur non pas avec des cornes et une queue fourchue, mais comme un aimable ascète brûlé de soleil, portant une belle barbe, d’ermite justement, et à genoux sur son tapis.
À n’en pas douter, Tissot démarque le texte de l’évangile selon Matthieu. « Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, Jésus finit par avoir faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : “Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.” Mais il répliqua : “Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu.” »
La grande idée de Tissot est de figurer le diable comme un jeûneur amaigri, un anachorète pieux, souffrant lui aussi de la faim. Car le peintre est l’héritier d’un siècle porté par la raison et la science, qui commence à s’intéresser aux mille tourments de la psychologie humaine, et qui découvre peu à peu que le diable est intérieur. Il n’est ni laid ni repoussant d’apparence, mais il présente au contraire une grande familiarité. Seuls les yeux, cernés de noir, demeurent inquiétants. Ces miroirs de l’âme trahissent le sombre projet du Malin.