« Des pauvres au pape, du pape au monde », un improbable dialogue dans un livre à paraître
Dans Des pauvres au pape, du pape au monde, publié le 1er avril aux Éditions du Seuil, le pape François répond à des questions désarmantes de simplicité, posées par des membres de l’association Lazare, qui développe des colocations entre jeunes actifs et anciens sans-abri.
C’est un texte du pape d’un genre un peu particulier qui sera publié début avril. Un livre (1) qui est le fruit d’un singulier dialogue entre François et des membres de l’association Lazare, qui développe depuis 2010 des colocations entre jeunes actifs et anciens sans-abri. Et c’est justement à ces seconds que l’évêque de Rome a accepté de répondre, et dont les questions parfois désarmantes de simplicité font entrevoir une facette peu connue du pape François.
Le pape y aborde quelques points de sa vie personnelle, se décrivant comme « un homme quelconque », parfois « soupe au lait » ou « impatient », et même « un pauvre type » qui se lève à 4 heures du matin, non sans mal (« la première demi-heure, c’est un vrai zombi ! », dit le pape en parlant de lui), avant de prier puis de travailler. « Je suis un rêveur », affirme aussi François, reprenant un mot qu’il a souvent employé ces derniers mois dans ses discours. « Je prends parfois des décisions dans la précipitation, dans un sentiment d’autosuffisance », dit-il aussi.
Si François ne révèle aucune information vraiment nouvelle, c’est le ton employé par le pape qui rend ce livre attachant. Revenant par exemple sur les premières heures de son pontificat, il se souvient avoir été « secrètement » ému, et ne pas comprendre vraiment, neuf ans après, pourquoi il a été élu. « Je n’ai pas fait campagne, je n’ai payé personne, je n’ai pas de grands titres universitaires, je suis vieux. Bref : une vraie ânesse ! »
« Le grand péché social du monde est la mauvaise distribution de la richesse »
Mais surtout, au cours de ces plusieurs heures d’entretien mené en 2020 et 2021 par « huit pauvres », ici condensées en une centaine de pages, le pape se révèle en homme inquiet par « ce monde saturé d’injustice, d’arrogance, de dictatures, où la dictature particulière de l’exclusion et de la ségrégation est partout répandue ». « Le grand péché social du monde est la mauvaise distribution de la richesse », affirme-t-il encore.
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Mais dans ces pages, il est aussi celui qui conseille ceux qui ont traversé la « galère », comme disent eux-mêmes les membres de Lazare au tout début du livre. « Je sais que le découragement menace toujours, mais nous pouvons aider, tendre la main à ce pauvre, lui demander de faire un pas et l’accompagner jusqu’à ce qu’il l’ait fait. C’est notre devoir », dit le pape. Tel un grand-père consolant ceux qui se confient à lui.
(1) « Des pauvres au pape, du pape au monde », du pape François, 120 p., 13,50 €.