L’AED mène 5 000 projets pour soutenir les chrétiens persécutés dans le monde 

Les faits 

En 2021, l’Aide aux Églises en détresse (AED) est intervenue dans 132 pays. La guerre en Ukraine ainsi que la situation des chrétiens au Nigeria, en Syrie, au Liban, sont très préoccupantes.

  • Christophe Henning, 
L’AED mène 5 000 projets pour soutenir les chrétiens persécutés dans le monde
 
L’AED a pu aider à reconstruire l’église catholique chaldéenne Saint Cyriaque à Batnaya en Irak.AED

Construction d’une chapelle à Malawi, d’un mur d’enceinte autour d’une paroisse au Pakistan, financement d’une radio chrétienne à Vilnius (Lituanie)… En 2021, l’association Aide à l’Église en détresse (AED) a soutenu l’acquisition de 1 338 véhicules, a contribué à la construction de 307 églises, 157 monastères et noviciats, 295 centres pastoraux et 52 séminaires. Autant de projets menés grâce à 22,1 millions d’euros collectés auprès de donateurs en France. « Notre mission est de rendre possibles les projets des Églises dans le monde », explique le directeur pour la France, Benoît de Blanpré, qui présentait le bilan 2021 de l’AED, jeudi 30 juin.

Présente dans 132 pays, AED France travaille avec 22 autres bureaux nationaux, ce qui porte le budget total à 133 millions d’euros et permet de financer très exactement 5 298 projets, toujours organisés en lien avec l’Église locale. Mais la vocation de l’AED n’est pas que dans les subventions : « Nous avons trois missions, confirme Benoît de Blanpré : informer sur la situation des chrétiens dans le monde, prier pour soutenir l’espérance, et enfin financer des aides. » L’information et la prière passent notamment par la publication, tous les deux ans, d’un rapport sur les chrétiens persécutés dans le monde, ou encore la « Nuit des témoins » qui permet à chacun d’écouter des catholiques venus des cinq continents.

C’est l’Afrique qui mobilise le budget le plus important (28 millions d’euros), à la fois pour accompagner les communautés victimes de « la terreur islamiste », mais aussi renforcer la foi des catholiques. En Asie (20 millions d’euros), il s’agit principalement de faire face au fléau de la pauvreté. 16 millions d’euros sont consacrés au Moyen-Orient, notamment pour aider les chrétiens à rester sur place. Suivent l’Europe de l’Est (14 millions d’euros) et l’Amérique latine (13 millions d’euros). De quoi soutenir l’école jésuite de la plaine de la Bekaa (Liban) ou la construction d’un presbytère à 3 000 mètres d’altitude, dans la cordillère des Andes.

Attentats au Nigeria

« Partout, il y a des appels des chrétiens en difficulté, voire persécutés », confie lors de la conférence de presse Benoît de Blanpré. Ce que confirme Amélie Berthelin, responsable du service information de l’AED, faisant le tour des pays endoloris par les atteintes à la liberté de croire. C’est le Nigeria qui reste le plus préoccupant, avec une succession d’exécutions sommaires, d’enlèvements contre rançons et de violences quotidiennes. En Syrie, les chrétiens perdent espoir, et les sanctions économiques internationales pénalisent toute perspective de reconstruction. Au Liban, « il est terrifiant de devenir pauvre », a expliqué à l’AED un professeur d’université.

En Ukraine, l’AED soutient l’Église gréco-catholique depuis soixante-dix ans et continue d’accompagner les 4 879 prêtres ou religieux et les 1 350 religieuses qui ont choisi de rester en dépit de la guerre. Au-delà de l’aide d’urgence – avec des denrées alimentaires ou des groupes électrogènes –, le projet de reconstruction d’un séminaire veut être un signe de confiance en l’avenir.

Né en Ukraine et vicaire à l’église Saint-Volodymyr-le-Grand à Paris, le père Taras Ovsianyk a témoigné, durant cette conférence de presse, du courage des amis d’Ukraine : « Il y a des valeurs et des principes pour lesquels on accepte de mourir. » Estimant que l’Ukraine avait déjà emporté la « victoire morale », il a insisté : « Cela devrait faire réfléchir le monde entier. Nous ne faisons jamais d’erreur quand on aide les autres. »