Face aux Congolais de Rome, la forte exhortation du pape François à la paix
Au cours d’une messe célébrée en présence de la communauté congolaise de Rome, dimanche 3 juillet, le pape François a prié pour la paix et la réconciliation en République démocratique du Congo, terre « tellement blessée et exploitée ».
On danse très rarement à la basilique Saint-Pierre de Rome. C’est pourtant ce qu’ont fait, dimanche 3 juillet, les 2 000 fidèles et la centaine de prêtres venus dans la basilique vaticane pour une messe célébrée par le pape François pour la communauté congolaise de Rome. Tous ceux qui ont assisté ce matin-là à la messe du pape, le jour même où il aurait dû la célébrer à Kinshasa – avant de reporter son voyage – ont dansé au rythme du chœur rythmant la messe et des percussions accompagnant les chants.
Mais sous la coupole de l’église la plus connue au monde, le pape a pourtant pris un ton grave lorsqu’il a fallu évoquer, pendant l’homélie, la situation de la République démocratique du Congo. Parlant de ce pays déchiré par la guerre, dans lequel il avait prévu d’aller du 2 au 5 juillet, avant de se rendre au Soudan du Sud, François a évoqué une terre « tellement blessée et exploitée », priant « pour la paix et la réconciliation ».
« Un chrétien porte toujours la paix, a-t-il insisté. Le chrétien est porteur de paix, parce que le Christ est la paix. » Une attitude à laquelle le pape a opposé la diffusion de « bavardages » et de « soupçons ». « Si nous créons des divisions, si nous entravons la communion, si nous mettons notre appartenance avant toute chose, nous n’agissons pas au nom de Jésus », a insisté François.
« Tout attachement malsain à son propre groupe conduit à mépriser les autres »
« Nous prions afin que les chrétiens soient des témoins de paix, capables de surmonter tout sentiment de haine et de vengeance, la tentation que la réconciliation n’est pas possible, tout attachement malsain à son propre groupe qui conduit à mépriser les autres », a ajouté le pape. Devant les catholiques de ce pays dont toute la partie orientale est frappée par d’importantes violences, le pape a encouragé chacun à « mettre de la paix et de l’ordre dans son cœur, désamorcer la cupidité, éteindre la haine et la rancœur, fuir la corruption, les tricheries et les ruses : voilà par où commence la paix ».
Au cours de cette messe, célébrée en rite zaïrois, unique rite inculturé depuis Vatican II, le pape a aussi encouragé les initiatives prises par les catholiques de ce pays sur le terrain. « Nous pensons souvent que nos initiatives ecclésiales ne fonctionnent pas correctement parce que nous manquons de structures, d’argent et de moyens : ce n’est pas vrai », a-t-il insisté.
La messe s’est achevée au moment même où le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, ouvrait une cérémonie à Kinshasa, où le pape lui a demandé de se rendre. Après cette étape dans la capitale congolaise, le prélat italien se rendra ensuite au Soudan du Sud. Le voyage n’est pas destiné à remplacer celui du pape, assure le Vatican. Un message passé à la fin de la messe, à Saint-Pierre, par sœur Rita Mboshu Kongo, l’une des spécialistes du rite congolais. À la fin de la célébration, elle a assuré au pape François : « Nous vous attendons. »