Qu’est-ce que le Congrès des dirigeants religieux, auquel se rend le pape François au Kazakhstan ?
Le pape François participera ce mercredi matin 14 septembre à une prière suivie d’une rencontre avec des responsables religieux au VIIe Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles. Cette instance de dialogue entre les différentes confessions entend promouvoir la paix et le rôle des cultes dans les sociétés.
Rassembler les religions et œuvrer en faveur de la paix. Voilà l’ambitieux objectif affiché par le Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles qui débute ce mercredi 14 septembre à Noursoultan, au Kazakhstan.
Le fait marquant de ce congrès, le septième depuis sa création en 2003, sera la présence du pape François dans la capitale kazakhe pour une prière silencieuse suivie d’une rencontre avec les participants.
Un sommet multiconfessionnel
Fondé par le premier président kazakh Noursoultan Äbichouly Nazarbaïev, lui-même inspiré par la Journée mondiale de prière pour la paix instituée en 1986 par Jean-Paul II à Assise, ce congrès est une instance informelle rassemblant les représentants des organisations catholiques, juives, musulmanes mais aussi zoroastriennes, bouddhistes, taoïstes, protestantes et orthodoxes.
Selon les organisateurs, l’édition 2022 du congrès rassemble quelque 100 participants venant de cinquante pays différents, soit le plus grand nombre d’invités jamais accueillis au sein de l’instance de dialogue. Outre le pape, l’imam Ahmed Al Tayeb, à la tête de l’université cairote d’Al-Azhar, l’une des plus hautes autorités dans l’islam sunnite, sera présent à Noursoultan. Il avait cosigné avec François le Document sur la fraternité humaine en 2019.
Sont également invités le grand rabbin ashkénaze d’Israël David Lau et son équivalent séfarade Yizhak Yosef, ainsi que le métropolite orthodoxe Antoine de Volokolamsk, responsable des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou. Le pape François aurait pu rencontrer le patriarche de Moscou, Kirill, lors de sa visite apostolique au Kazakhstan, sur fond de tensions provoquées par la guerre en Ukraine. Ce dernier a finalement annulé sa venue au congrès.
De nombreuses organisations civiles et des responsables politiques participent aux échanges. Ce rassemblement a notamment vocation à devenir une « institution interconfessionnelle internationale permanente pour le dialogue des religions et l’adoption de décisions concertées », explique son site Internet.
Plusieurs axes de travail
Les priorités du Congrès, qui se réunit tous les trois ans, sont l’« affirmation de la paix, de l’harmonie et de la tolérance comme principes inébranlables de l’existence humaine », « la réalisation du respect mutuel et de la tolérance entre les religions, les confessions, les nations et les groupes ethniques » et la lutte contre « l’utilisation des sentiments religieux des gens pour aggraver les conflits et les hostilités ».
Réunis dans la « Pyramide pour la paix », un imposant bâtiment en verre faisant face au palais présidentiel et construit pour abriter l’événement, les responsables religieux discuteront mercredi en session plénière de leur rôle dans le monde post-pandémie.
Le lendemain, plusieurs groupes de travail réfléchiront à diverses thématiques, notamment « le rôle de l’éducation religieuse » dans la coexistence des religions et des cultures, « la contribution des dirigeants religieux et des politiciens pour la promotion du dialogue interreligieux » ou « le rôle des religions pour défendre la place des femmes » dans la société.
Un congrès à l’image du Kazakhstan
Pour l’ancien président Noursoultan Äbichouly Nazarbaïev, le Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles se voulait à l’image de son pays. Au carrefour entre l’Orient et l’Occident, proche du monde slave, le Kazakhstan comprend une forte proportion de musulmans : près de la moitié des Kazakhs sont issus de l’islam sunnite et 20 % de l’islam chiite. Une large part de la population reste ancrée dans l’orthodoxie (environ un tiers) mais cette minorité tend à décliner.
En 2003, l’Église catholique s’est montrée particulièrement ouverte à l’idée d’un sommet mondial réunissant plusieurs autorités religieuses. Pour la première édition, Rome avait ainsi envoyé le cardinal slovaque Jozef Tomko pour le représenter. Des cardinaux français, Roger Etchegaray et Jean-Louis Tauran, y ont également mené la délégation vaticane les années suivantes.