Heurts répétés entre hindous et musulmans dans une ville du centre de l’Angleterre 

Les faits 

De violents affrontements entre hindous et musulmans ont conduit à près d’une vingtaine d’interpellations, samedi 18 et dimanche 19 septembre, à Leicester, dans le centre de l’Angleterre. Ces incidents, alimentés par la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos parfois falsifiées, témoignent d’une influence du contexte politique indien sur la diaspora.

  • Juliette Paquier, 
Heurts répétés entre hindous et musulmans dans une ville du centre de l’Angleterre
 
Ces affrontements entre hindous et musulmans s’inscrivent dans un contexte de tensions récurrentes entre les deux communautés depuis plusieurs semaines.JONATHAN STUTZ/STOCK ADOBE

Dix-huit arrestations ont eu lieu après des affrontements, samedi 18 et dimanche 19 septembre, entre des membres des communautés hindoue et musulmane de Leicester, une ville du centre de l’Angleterre. Les tensions ont émergé après la publication d’une vidéo sur Twitter, largement partagée, dans laquelle on voit un homme retirer le drapeau d’un temple hindou de la ville.

Plusieurs hommes hindous se sont d’abord retrouvés samedi dans un quartier de l’est de la ville, pour une « manifestation non prévue », selon la police locale. Le lendemain, une autre manifestation a eu lieu, en réponse à celle de la veille, donnant lieu aux affrontements et interpellations. Dans la foulée, lundi 19 septembre, la Haute Commission indienne, représentation de l’Inde au Royaume-Uni, a fermement condamné, sur Twitter, « la violence perpétrée contre la communauté indienne de Leicester et le vandalisme des lieux et symboles de la religion hindoue ».

Infox

De son côté, le maire de la ville, Peter Soulsby, a mis en garde, auprès de la BBC, contre la désinformation diffusée sur les réseaux sociaux, qui a « déformé » les causes de ces tensions. Une version corroborée par la police du comté, qui a estimé que les vidéos relayées relevaient d’une infox. « Nous avons vu des publications sur les réseaux sociaux selon lesquelles une mosquée est attaquée. Les agents sur le terrain ont confirmé que ce n’est pas vrai », ont écrit les forces de l’ordre dans une publication en ligne.

Ces affrontements entre hindous et musulmans s’inscrivent dans un contexte de tensions récurrentes entre les deux communautés depuis plusieurs semaines. Fin août, plusieurs interpellations avaient eu lieu lors de la diffusion d’un match de cricket opposant l’Inde au Pakistan dans le cadre de la Coupe d’Asie, à Dubaï. Quelques jours plus tard, le 5 septembre, des heurts avaient à nouveau opposé des membres des deux communautés.

Prétendue manifestation

Selon la police du comté, ces tensions n’étaient pourtant pas fondées initialement sur la religion. « Un incident a été partagé sur les réseaux sociaux, affirmant qu’un musulman était attaqué par des hindous. C’était faux – la victime était en fait sikhe et soutenait la même équipe que les personnes qui l’ont attaquée », a fait savoir un porte-parole de l’institution au Guardian.

Dans un communiqué du 14 septembre, la députée de Leicester Est, Claudia Webbe, dénonçait également les faux posts sur les réseaux sociaux, dont une prétendue « manifestation pacifique » qui aurait été planifiée le 11 septembre contre les « crimes de haine à l’égard des musulmans », un événement « entièrement faux et haineux ».

Influence de la politique indienne

Par ailleurs, selon une information du Guardian, près de la moitié des manifestants du week-end dernier n’étaient pas originaires du comté, mais venus d’ailleurs en Angleterre. Pour le maire Peter Soulsby, interrogé par le média britannique, « cela suggère qu’il y a des gens ayant d’autres batailles à mener qui viennent à Leicester pour les mener ». Plusieurs vidéos mettent en scène des manifestants hindous scandant un chant antimusulman tristement célèbre en Inde, où le BJP, parti nationaliste hindou du premier ministre Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014, orchestre la répression des minorités religieuses, dont les musulmans.

Selon Gurharpal Singh, professeur émérite d’études sikhes et pendjabies de l’université Soas, interrogé par le Guardian« ces tensions font maintenant partie d’un changement social plus large qui se produit dans la ville », sur fond d’influence croissante du contexte politique indien au sein de la diaspora.