DIOCESE DE LAGHOUAT - GHARDAIA .
BILLET MENSUEL Octobre 2014
Bien chers amis.
L’assassinat du citoyen français, Hervé Gourdel, venu en promeneur dans le nord du pays a provoqué un grand émoi et une profonde indignation aussi bien en Algérie qu’en France, et ce tragique événement a été très largement diffusé par les médias. Comment ne pas compatir avec sa famille et ses amis si cruellement touchés par ce drame ? Suite à cet assassinat, lors de mon séjour en France, j’ai senti une profonde inquiétude manifestée entre autres à l’égard des chrétiens d’Algérie et des citoyens français, comme si nous étions revenus aux tristes « années noires » de la décennie 90.
L’insistance des médias a donc eu pour effet, une fois encore, de tomber dans le piège posé par les acteurs de tels actes atroces et injustifiables : provoquer la peur, le trouble et faire parler d’eux. Chaque jour des victimes innocentes, femmes, enfants, vieillards, tombent sous les coups du nouveau et contesté « Califat », et de ceux qui s’en réclament. Mais les djihadistes ont leurs cibles médiatiques préférées: les occidentaux. Ils savent l’impact que leur mise en scène peut avoir sur les opinions publiques. Ce triste scénario risque de se reproduire, mais plus il sera médiatisé, plus il produira l’effet recherché. Dans le monde de la communication, malheureusement ce genre de tragédie se « vend » bien ! Faut-il toujours du neuf, de l’inédit, voire même de l’horreur pour meubler le temps ou le papier impartis à l’information ? Il y aurait tant à dire de ce qui se fait de beau, de bon, de bien dans notre monde. Mais…cela se vend mal !
Que dire de la résonance profonde de tels actes dans l’esprit et le cœur de nombreux Algériens, et aussi de nombreux musulmans en Europe et ailleurs ? Ces assassinats presque en direct ont provoqué un sursaut chez nombre d’entre eux : ils sont atteints dans leur foi, leur honneur et leur conscience profonde. Alors que des voix s’empressent de récupérer ces événements pour justifier des idées toutes faites sur l’Islam et la violence, sur l’Islam et l’intolérance, des mouvements de protestation surgissent pour se démarquer de telles atrocités. C’est le cas de « Not in my name !» (« Pas en mon nom ! ») , initié par de jeunes britanniques musulmans.
A Lyon, un collectif de responsables religieux, et de croyants de toutes confessions vient de s’exprimer ouvertement sur ces types de violence dans un manifeste intitulé « Nous nous engageons », suivi de 110 signatures de personnalités diverses : chrétiennes, musulmanes, juives, et autres. Permettez-moi de citer quelques interrogations qui nous rejoignent dans notre vie quotidienne de chrétiens dans ce pays. C’est un examen de conscience que nous pouvons faire nôtre et qui donne plus de sens encore à notre présence:
« Avons-nous été en capacité à donner aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui du sens à leur vie, au sein de nos traditions religieuses ?
Avons-nous été profondément des croyants libres et engagés, habités du souffle de Dieu, prêts à témoigner de la fraternité des hommes et à agir pour elle, conformément à nos Ecritures ?
Avons-nous été suffisamment des croyants miséricordieux pour aimer le bien et le vouloir sincèrement pour tous les humains, comme nous le demande notre Seigneur ? Avons-nous suffisamment jeté de ponts entre nos différentes communautés, créé des espaces d’échange et de rencontre, et renforcé la dimension d’entre-connaissance ? »
Et nous faisons nôtre aussi la conclusion de cet engagement :
« Ainsi, croyants, citoyens, de toutes générations, nous nous engagerons ensemble, dans notre quotidien, à favoriser des attitudes de dialogue et de respect de l'autre pour construire ensemble un monde de paix. »