L’apostasie n’est plus taboue pour les musulmans européens
En rupture avec l’islam par rejet de traditions jugées pesantes, réaction au radicalisme ou quête spirituelle, des ex-musulmans s’organisent en Europe pour négocier leur apostasie, face aux pressions de leurs entourages. En France, le film L’Apôtre, de Cheyenne Carron, a levé le voile sur ces apostats, en racontant la conversion au catholicisme d’un jeune musulman, et ses difficultés à faire accepter ce choix par ses proches.
Le phénomène reste très minoritaire. Mais « il est temps que l’on arrête de se cacher », relève le pasteur Saïd Oujibou, passé de l’islam radical à la foi évangélique, parmi les rares convertis à médiatiser son parcours en France. Ce quadragénaire dit avoir abjuré l’islam pour diverses raisons, relatives « aux libertés religieuses, à l’égalité homme-femme, à la question du salut que l’islam ne garantissait pas ». Il affirme être « toléré » par ses anciens coreligionnaires, même s’il évoque « sarcasmes et vexations ». Mais il met en garde contre « le double discours » entretenu envers les musulmans en rupture de ban « chez certaines branches de l’islam en France », proches des Frères musulmans et des salafistes.
Selon les spécialistes, la tendance en Europe est en faveur de l’islam, qui compte plus de ralliements que de ruptures. Mais les conversions au christianisme sont en hausse, affirme Saïd Oujibou, surtout au profit du protestantisme évangélique, volontiers prosélyte et qui côtoie l’islam dans les quartiers populaires et au sein des communautés immigrées. « En Europe, comme d’ailleurs dans les pays arabes, il y a un athéisme rampant qui gagne du terrain », affirme M. Attiya. « Ce qui est nouveau, c’est la recherche de visibilité », en dépit du « suicide communautaire » auquel s’exposent ces musulmans en rupture de ban, analyse-t-il. (L´OrientLEJOUR/22/11/2014/Catherine BOITARD/AFP)
Egyptiennes et chrétiennes, des femmes dans les révolutions
L’Égypte vit au rythme des changements de régimes depuis la révolution du 25 janvier 2011, au tout début des « printemps arabes ». Comment la communauté chrétienne d’Égypte (plus de 10 millions de fidèles), a-t-elle traversé ces évènements ? Quelle est la place des femmes sous les différents régimes ? Nous avons rencontré trois chrétiennes égyptiennes.
Le 25 janvier 2011, des millions de Cairotes envahissent la place Tahrir, réclamant la démission du président Hosni Moubarak. « Je n’avais jamais vu de révolution, de guerre ou de conflit en Égypte », se souvient Martine Akad, âgée de 23 ans au début de la Révolution. « C’était la première fois que je voyais des gens dans la rue pour s’opposer au pouvoir ». Après avoir étudié le droit à Paris, cette jeune catholique melkite est rentrée au Caire pour travailler comme manager de projet. Chaque mercredi, elle suit des cours de théologie à l’église Saint-Cyrille d’Héliopolis – à l’ouest de l’agglomération cairote – à l’instar d’autres femmes catholiques, toutes générations confondues. L’occasion de partager leurs opinions sur les évènements survenus depuis 2011. (Source Le Monde des Religions / 13/11/2014/ Matthieu Stricot)
Des conversions à l’islam qui interrogent
Les responsables musulmans français reconnaissent s’interroger sur les motivations des conversions à l’islam de jeunes djihadistes. Mais l’encadrement proposé par les mosquées reste faible. Traditionnellement, la conversion est une démarche très simple en islam : il suffit de réciter, en arabe et en public, la profession de foi musulmane, la chahada : « Il n’y a pas de vraie divinité si ce n’est Allah et Mohammed est Son Messager » – qui insiste sur l’unicité de Dieu et le rôle du prophète Mohammed dans sa révélation aux musulmans.(…)
La « sincérité » de certaines démarches, et donc la manière de les accueillir, questionnent désormais certains responsables de mosquées en France. « Jusqu’à récemment, nous assistions souvent à des conversions “éclairs” de personnes qui se présentaient à la mosquée et contactaient des imams pas du tout préparés à cela, placés sous la pression des fidèles qui ne comprenaient pas que cela n’ait pas lieu immédiatement », rapporte Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône). (Source : la Croix /21.11.14 / Anne-Bénédicte Hoffner)
Tariq Ramadan : les musulmans dans la laïcité
Nous avons là un petit traité de l’auteur bien connu Tariq Ramadan. Publié originellement en 1999, ce livre en est déjà à sa 4ème édition. Tariq Ramadan est presque devenu le « gourou » de certains intellectuels musulmans ou autres. Alors, plutôt que de l’ignorer en le mettant à part, il est peut-être profitable de lire ce qu’il écrit.
Ce livre peut attirer par son titre qui inclut le mot phare « Laïcité ». Mais en fait on parlera très peu de la laïcité et de ses multiples formes dans les différents pays occidentaux. L’auteur est plus concerné par ce qu’exprime déjà son sous-titre : « La place, la responsabilité, le rôle et les droits des musulmans dans la société occidentale. » (p.143) Livre relativement court, il ne pouvait être exhaustif. Mais il identifie trop facilement la laïcité, uniquement à l’affranchissement de la raison et des sciences humaines, du pouvoir des religieux ou dignitaires ecclésiastiques qui selon lui « paralysaient l’intelligence » (p.84). Alors, par un raccourci historique, il nous dira qu’une telle laïcité était déjà vécue en Islam, dès avant le Renaissance, au moment de son âge d’or en Andalousie. Il souligne que les scientifiques musulmans de cette époque, étaient libérés de toutes entraves dans leurs recherches et que les occidentaux auraient tort de n’y voir en eux que des traducteurs des Grecs.
Son livre nous transmet donc une double invitation. D’une part il nous demande une nouvelle évaluation de la contribution des sciences islamiques au monde scientifique et laïc s’il en est. D’autre part, il lance un appel aux musulmans eux-mêmes pour qu’ils sachent mettre à profit ce que les sociétés occidentales leur offrent déjà : « Nous n’avons pas atteint une maturité suffisante pour nous organiser comme il se doit. Car ce droit de représentation existe et il tient à la seule communauté musulmane de se prendre en charge pour en tirer un réel profit. » (p.119). Et l’auteur de conclure : « Vivant dans l’espace laïc dans lequel il est minoritaire, le musulman peut se conformer à l’essentiel des obligations de sa religion. » (p.125)
Finalement, l’auteur nous invite tous à un « vivre ensemble » non agressif. Il y a une société laïque qui veut exclure Dieu du champ social. Le croyant musulman y sera donc toujours une interpellation ; mais au lieu de le considérer comme un agresseur potentiel, il sera peut-être « un miroir poussant l’interlocuteur à se déterminer personnellement, intimement par rapport à ses doutes et à ses attentes. » (p.141)
Un livre intéressant à lire qui ne nous laissera pas indifférent et qu’il faudra quand même savoir lire avec circonspection …comme tout ouvrage de Tariq Ramadan d’ailleurs. Gilles Mathorel
Tariq Ramadan. « Les Musulmans dans la Laïcité » Responsabilités et droits des musulmans dans les sociétés occidentales. Editions Tawhid 1999. 4ème édition 2013/164 pages
Première prière musulmane à la cathédrale de Washington
Vendredi 14 novembre, des tapis de prière ont été installés dans la cathédrale de Washington, aux Etat-Unis. Une centaine de fidèles musulmans ont été invités à effectuer la grande prière hebdomadaire dans l’édifice religieux chrétien. L’événement a été organisé par le révérend Canon Gina Gilland Campbell et l’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Etats-Unis Ebrahim Rasool. Ces deux religieux s’étaient rencontré lors de l’organisation d’un office en mémoire de Nelson Mandela l’année dernière. Ils souhaitaient effectuer ensemble un geste symbolique d’unité entre les chrétiens et les musulmans.
La prière a été ouverte par un discours d’Ebrahim Rasool, qui appelait les chrétiens et les musulmans à faire « cause commune » de la lutte contre l’extrémisme qui s’approprie l’islam. Pour l’occasion, les tapis ont été installés de sorte à ce que les fidèles musulmans soient bien tournés vers La Mecque, mais qu’ils ne prient pas non plus devant les symboles religieux chrétiens. Durant la prière, une inconnue a perturbé la cérémonie religieuse en criant : « L’Amérique a été fondée sur des principes chrétiens. Laissez notre église tranquille ! » Elle a été reconduite vers la sortie par le service d’ordre, alors qu’elle continuait à crier : « Vous avez vos mosquées, laissez nos églises ».
Pour le révérend Gary Hall, doyen de la cathédrale de Washington, la prière musulmane dans le lieu de culte chrétien rappelle l’importance de la prière et de l’hospitalité. Il espère que cet office sera la première pierre d’une unité consolidée entre les communautés. (Source: Fait Religieux/ 14.11.14 / La rédaction)