Un sommet islamo-chrétien pas comme les autres

descarga romeLe sommet s’est conclu, le 4 décembre, par l’adoption par consensus d’un «Appel à l’action». Dans un contexte international menacé par une aggravation des tensions et des conflits, ainsi que par la montée des populismes pétris dans l’intolérance, le sommet a abordé sous le thème : «Chrétiens et musulmans : les croyants dans la société», les axes de réflexion suivants : Quels sont les atouts de nos traditions religieuses et les défis à relever dans les efforts déployés pour prévenir les conflits dans la société par le respect de «l’Autre» ? Comment les traditions religieuses musulmanes et chrétiennes peuvent-elles interagir efficacement avec les gouvernements et avec la société civile pour faire tomber les obstacles et les incompréhensions vis-à-vis de «l’Autre», dans les efforts pour prévenir les conflits de sociétés  Comment, enfin, le sommet pourrait-il conjuguer les efforts de ses participants pour sensibiliser les sociétés, afin de favoriser l’émergence d’une culture de paix et d’harmonie par le recours aux traditions religieuses musulmanes et chrétiennes ?

Ces thèmes ont fait l’objet d’échanges très fructueux entre les quatre délégations au sommet (dont les participants venaient des 5 continents) : outre la délégation catholique, hôte du sommet, dirigée par S. E. le cardinal Jean-Louis Tauran (dont faisait partie l’évêque Jean-Paul Vesco), la délégation musulmane sunnite dirigée par S.A.R. le prince Al Hassan Bin Talal (dont faisait partie l’ambassadeur Idriss Jazaïry), la délégation musulmane chiite ayant à sa tête l’ayatollah Sayyed Mostafa Damad et la délégation anglicane sous la direction du T. R. 8e évêque anglican de Washington, John Bryson Chane. Chaque délégation était composée de 6 membres, sans distinction des dirigeants religieux et des penseurs séculiers musulmans et chrétiens. Au titre des apports bénéfiques des traditions religieuses, l’accent a été mis par l’émir Al Hassan Bin Talal sur la nécessité de réinstaurer les espaces sacrés desdites traditions comme espaces d’épanouissement d’un dialogue interculturel et inter-religieux constructif, valorisant les terrains d’entente et respectant les différences Quant au cardinal Tauran, il a souligné l’importance du respect des convictions de «l’Autre», dès lors qu’il respecte les lois et les règles du vivre-ensemble inspirées par la sagesse et le bon sens. L’ayatollah Damad, pour sa part, a mis l’accent sur les principes de rationalité qui doivent prévaloir dans la compréhension des valeurs religieuses et de la vie en société. Les normes et préceptes religieux étant établis, cette rationalité aide à en pondérer les composantes au niveau de l’interprétation de celles-ci et aussi de leur application.

L’évêque Chane a également fait valoir les atouts dont disposent le christianisme et l’islam pour œuvrer de concert, conjointement avec les gouvernements et la société civile dans la période agitée actuelle. Pour endiguer la montée de la violence dans la société, les dirigeants, réunis au sommet, ont préconisé les actions suivantes au niveau des communautés mondiales, régionales nationales et locales :

- Assister la jeunesse dans l’épanouissement d’un sentiment de bien-être et de fraternité, par la mise en place d’un réseau en mesure de recenser les meilleures pratiques d’éducation interreligieuse, de programmes de partage d’expériences, d’échanges universitaires (le prince Al Hassan a évoqué l’opportunité de songer à un programme interreligieux d’échanges de type Erasmus), d’aménagement de manuels.

- Organiser des visites de délégations interreligieuses de haut niveau pour visiter des lieux affectés par de grandes violences, témoigner de notre solidarité pour les victimes (réfugiés…) et apprendre de leur souffrance.

- Aider à l’émergence d’un réseau de coopération institutionnelle entre les organisations d’aide et de développement chrétiennes et musulmanes activant dans ces domaines pour contribuer au développement humain intégré dans le cadre d’une vision à long terme, mais réactive aux évolutions.

Lançant un appel aux croyants de leurs fois respectives et à toutes les personnes de bonne volonté, les membres du sommet les ont incités à :

- œuvrer pour que la paix règne dans le monde et surtout pour qu’une paix juste et globale règne sur la Terre Sainte et spécialement sur Jérusalem, ville commune aux trois religions abrahamiques et qui porte en elle le témoignage de l’unité dans la diversit.

- Reconnaître les progres accomplis pour inclure les femmes dans le dialogue interreligieux et le chemin qui reste à parcourir à cet égard, tout en reconnaissant que ce sont les femmes qui subissent le plus cruellement l’impact de l’actuelle montée de violence.

- Condamner l’utilisation de la religion et de termes religieux pour légitimer des actes contraires à toutes les traditions religieuses. ( Source: Watan/8.12.14/ driss Jazairy et Jean.Paul Vesco, Ambassaeur en retraite et Ev¨que d´Oran)

Lire plus: 

 

4e forum islamo-chrétien : spiritualité et justice, freins à la radicalisation

4998636-7463619Du 28 au 30 novembre 2014, à l’initiative d’Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane à Villeurbanne (Rhône), et de Vincent Feroldi, délégué épiscopal du diocèse de Lyon pour les relations avec les musulmans, s’est rassemblée à Lyon une cinquantaine de responsables religieux musulmans, protestants et catholiques de toute la France (imams, prêtres, théologiens, pasteurs, présidents d’associations nationales, laïcs, hommes et femmes engagés dans le dialogue), à l’occasion du 4e Forum islamo-chrétien.  Parmi eux, le Cardinal Philippe Barbarin, Mgr Jean-Marie Aveline, Anne Thöni, présidente de la Commission des relations avec l’islam à la Fédération protestante de France, le Père Christophe Roucou, directeur du Service des relations avec l’islam, Ahmed Miktar, président des Imams de France, Saïd Ali Koussay, co-président musulman du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC), Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et vice-président du CFCM, Cheikh Khaled Bentounes, chef spirituel de la Fraternité soufie alawiyya, Ghaleb Bencheikh, président de la section française de la Conférence mondiale des religions pour la paix, Amar Lasfar, président de l’UOIF, Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France (UMF), Ahmed Jaballah, directeur de l’Institut européen des sciences humaines de Paris (IESH), Emmanuel Pisani, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) de Paris…

 Dans la dynamique de l’Appel des 110 lancé à Lyon le 1er octobre dernier, les participants ont analysé les profonds bouleversements que traversent nos sociétés avec, en particulier, une montée de la violence. Le Père Bruno-Marie Duffé, prêtre catholique, docteur en philosophie et professeur d’éthique sociale, a souligné qu’entre violence et Parole, une humanité cherche à se dire. En effet, la violence est peut-être la forme « espérée » ou « désespérée » de la parole dans un monde où méfiance, frustration et non-écoute marquent bien la vie de nos contemporains. Or la diversité et le pluralisme accueillis et respectés peuvent libérer la parole. Il faut donc œuvrer à faire tomber les peurs et à montrer combien est essentiel un « vivre ensemble » où chacun enrichit l’autre. (Source: Saphir News/06.12.14 /Rédigé par Vincent Feroldi)

Lire plus:

 

Lettre des 120 savants musulmans au caliphe autoproclamé du daech

images daech1. Il est interdit en islam de promulguer des fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique telle que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie du Coran – ou une partie d’un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l’enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. En d’autres termes, il y a de stricts préalables à la fois subjectifs et objectifs envers les fatwas et on ne peut se permettre de « piquer de-ci-delà » des versets du Coran sortis du contexte du Coran et des hadiths pour les ériger en lois.

2. Il est interdit en Islam d’édicter des lois sur quoi que ce soit sans maîtrise de la langue arabe

3. Il est interdit en Islam de simplifier à l’extrême des questions relatives à la charia sans tenir compte de ce qu’en disent les savants musulmans.

4 – Il est permis dans l’islam d’avoir des avis différents sur quels que soient les sujets, à l’exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître.

5 – Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un avis juridique.

6 – Il est interdit en islam de tuer des innocents.

7 – Il est interdit en Islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates; il est donc interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires.

8 – En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons, sans cause juste et sans des règles de conduite.

9 – Il est interdit en Islam de déclarer non-musulmans des personnes sans qu’elles le déclarent elles-mêmes ouvertement.

10 – Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens ou des “gens du Livre”.

11 – Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.

12 – Est interdite en Islam la réintroduction de l’esclavage aboli par entente universelle.

13 – Il est interdit en Islam de forcer des gens à se convertir.

14 – Il est interdit en Islam de nier les droits de la femme.

15 – Il est interdit en Islam de nier les droits des enfants.

16 – Il est interdit en Islam de promulguer des punitions légales (hudud) sans suivre les procédures qui permettent d’assurer la justice et la clémence.

17 – Il est interdit en Islam de torturer.

18 – Il est interdit en Islam de défigurer des morts.

19 – Il est interdit en Islam d’attribuer à Dieu des actes mauvais.

20 – Il est interdit en Islam de détruire les tombeaux et lieux de pèlerinage des Prophètes et des Compagnons.

21 – L’insurrection armée est interdite en Islam pour des raisons autres que celle de l’incroyance explicite du dirigeant et son refus de laisser prier les gens.

22 – Il est interdit en Islam de proclamer un califat sans le consensus de tous les musulmans.

23 – La loyauté envers son pays est permise en Islam.

24 – Après la mort du Prophète, l’Islam n’exige de personne d’émigrer où que ce soit.

Texte téléchargeable: Lettre des 120 savants musulmans à Daesh,sept 2014

 

“Timbuktu”, un film plaidoyer contre l’islam des jihadistes

descarga timbuktu“Timbuktu” est signé du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako. Seul film africain en compétition officielle à Cannes, il n’avait obtenu “que” le Prix du jury oecuménique mais avait enchanté la critique, par sa force et ses scènes tour à tour lyriques, tendres, brutales ou désespérées. Et parfois teintées d’un humour de l’absurde.

Le scénario est inspiré de faits réels: Tombouctou a bien été occupé pendant près d’un an en 2012 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), qui ont laissé de profondes cicatrices – amputations, coups de fouet aux couples “illégitimes”, aux fumeurs, brimades et humiliations – avant d’en être délogés par les forces françaises début 2013 via l’opération Serval.

Un fait divers survenu au Mali a décidé le réalisateur à écrire “Timbuktu”, tourné dans la ville-oasis mauritanienne de Oualata, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. “L’élément déclencheur a été la lapidation d’un couple non marié dans un village au nord du Mali” en juillet 2012, explique Abderrahmane Sissako. “Leur mise à mort fut diffusée sur internet et cette atrocité innommable s’est produite dans l’indifférence totale des médias et du monde”.

Évoquant les autres sources d’inspiration de son film, Abderrahmane Sissako avait déclaré à Cannes, la voix cassée par l’émotion: “Je pleure à la place de ceux qui ont vécu cette réelle souffrance”  (Source: la Croix/10/12/14)

Lire plus: