Père Delorme : « beaucoup de musulmans désirent rencontrer les chrétiens »
C’est ce qu’affirme, de retour d’Erbil, le père Christian Delorme, engagé depuis 40 ans dans le dialogue islamo-chrétien. Dimanche, alors que prenait fin ce pèlerinage, devant la cathédrale Saint-Joseph d’Erbil, il a livré à Radio Vatican son impression sur les troubles qui agitent le monde musulman et leur retentissement sur les relations islamo-chrétiennes en France….
Selon le père Christian Delorme, « la plupart des Français et Belges partis faire le djihad en Syrie et en Irak – on parle d’un millier pour la France et 500 pour la Belgique – ne sont pas des jeunes élevés dans l’islam. Ils ont peut-être même été baptisés. Cela montre qu’il y a dans notre pays une jeunesse complètement déroutée, qui n’a plus de référence et qui est prête à partir dans des idéologies folles et sanguinaires ». Face au discours de certains réfugiés qui mettent en garde les Français contre la présence musulmane dans notre pays, le père Delorme a rappelé que « la vie avec le monde musulman n’a jamais été facile contrairement à ce qui est parfois raconté. Certes, il faut entendre ce que nous disent les chrétiens d’Orient, mais n’oublions pas que nos réalités sont différentes. En particulier parce qu’en France, l’immense partie des musulmans vient du Maghreb et l’islam de cette région est différent de celui en Égypte ou en Irak. Les Français d’origine algérienne et marocaine sont porteurs d’un islam qui a déjà une grande expérience de la République, même sous le joug colonial. Nous ne sommes pas du tout dans le même cas de figure, dans le cas de sociétés tribales islamiques ».
Dans le monde catholique, on voit une grande islamophobie qui se développe, en particulier sur Internet, un phénomène qui s’est aggravé depuis l’été. « Heureusement, sur le terrain, de nombreuses initiatives sont mises en place. Ce sont malheureusement encore de petites actions. Beaucoup de musulmans, aujourd’hui, dans les mosquées, ont le désir de rencontrer les chrétiens, de discuter avec eux. Ils ne trouvent pas beaucoup d’interlocuteurs en face. Dans les situations de crise, regrette-t-il, il y a toujours le risque que les gens se replient sur eux-mêmes. » « Je crois surtout qu’il faut regarder la réalité de notre société, a conclu le père Delorme. Il est vrai que nous sommes très marqués, et à raison, par les difficultés dans les banlieues car il y a des ghettos de misère, des dizaines de milliers de jeunes qui sont sans occupation. Certains d’entre eux sont remplis de rage voire de haine, mais il y a aussi une réalité de l’intégration que souvent nous ne voyons pas. L’immense majorité des musulmans en France est complètement intégrée, au sens où elle est inscrite dans le fonctionnement de la société française et nous ne les voyons plus. Ces musulmans invisibles sont de loin les plus nombreux. Ils sont tellement invisibles qu’ils participent complètement à la vie de notre République et ils ne remettent pas en cause la paix sociale chez nous. » (Source : Aleteia/11.12.14/Paul Malo)
Le pape ne voit «pas d’autre voie» que le dialogue inter-religieux
Le pape François a adressé avant Noël une longue lettre aux chrétiens d’Orient, les exhortant à la «persévérance» et au dialogue inter-religieux en dépit des difficultés, affirmant qu’il n’y avait pas d’alternative. Dans cette lettre publiée mardi en sept langues —dont l’arabe— par le Vatican, le pape argentin juge que «le dialogue inter-religieux est d’autant plus nécessaire que la situation est plus difficile» et qu’il «n’y a pas d’autre voie».
«Il est le meilleur antidote à la tentation du fondamentalisme religieux», observe-t-il. «Vous pouvez aider vos concitoyens musulmans à présenter avec discernement une image plus authentique de l’Islam, comme le veulent beaucoup d’entre eux».(…) Dans une allusion claire à l’organisation État islamique (EI), le pape exprime son inquiétude devant une «organisation terroriste, de dimensions autrefois inimaginables, qui commet toutes sortes d’abus».(…) La pape François évoque la souffrance des femmes, des enfants, des personnes âgées «qui doivent affronter la rigueur de l’hiver sans un toit»: cette souffrance «crie vers Dieu et fait appel à l’engagement de tous», affirme-t-il en exhortant à une solidarité concrète des Eglises plus riches.
Le pape demande aussi que «les personnes séquestrées, parmi lesquelles des évêques orthodoxes et des prêtres de divers rites», puissent rentrer chez elles «bientôt saines et sauves». (Source : Le Devoir/ 23.12. 2014 (|Agence France-Presse )
Allemagne: la résistance au mouvement anti-islam Pegida s’organise
L’opposition s’organise en Allemagne contre le mouvement anti-islam et anti-réfugiés Pegida : politiques, patronat et simples citoyens montant au créneau contre la vague populiste qui gagne le pays et défendent l’immigration au nom de la morale et de l’économie.
“Voir que nous réagissons avec compassion à la détresse […], que la plupart d’entre nous ne suivent pas ceux qui veulent isoler l’Allemagne, cela a été pour moi une expérience vraiment encourageante cette année”, a lancé mercredi le président allemand Joachim Gauck dans son discours de Noël. La phrase ne vise nommément personne. Mais le lien entre “ceux qui veulent isoler l’Allemagne” et Pegida est évident.
Lancé en octobre à Dresde (est), capitale d’un Land (État régional), la Saxe, qui n’a que 2,2 % de population d’origine étrangère, Pegida (acronyme allemand pour “Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident”) s’est retrouvé en l’espace de quelques semaines sur le devant de la scène médiatique, passant de quelques centaines de manifestants à 17 500 lundi. Son credo : le refus de l’islamisation, des djihadistes ou des étrangers qui, disent-ils, refusent de s’intégrer. Ses cibles : l’islam, les étrangers, les médias (“tous des menteurs”), les élites politiques, le multiculturalisme… qui dilueraient la culture chrétienne allemande.
Le succès du mouvement a d’abord étonné, puis inquiété dans un pays marqué par le racisme extrême de la dictature nazie. Les analystes relèvent sa force dans l’ex-RDA communiste, qui, après 1945, n’a pas fait de travail sur son expérience du IIIe Reich puisque… les nazis étaient à l’Ouest. Mais, passé cet effet de surprise, les voix se sont élevées pour dire le rejet que suscitent les thèses et les valeurs de Pegida dans une large part de la société allemande. (i24 heures/25.12.14/AFP) par Taboola)
50 nuances de haine : la réponse de Kamel Daoud, menacé par une fatwa
Alors qu’un imam salafiste algérien vient d’appeler à le “condamner à mort publiquement”, l’auteur de “Meursault, Contre-enquête” a rédigé cette nuit cette chronique.
Question fascinante : d’où vient que certains se sentent menacés dans leur identité, dans leur conviction religieuse, dans leur conception de l’histoire et dans leur mémoire dès que quelqu’un pense autrement qu’eux? La peur d’être dans l’erreur les poussant donc à imposer l’unanimité et combattre la différence? De la fragilité des convictions intimes? De la haine de soi qui passe par la haine de l’Autre? De toute une histoire d’échecs, de frustrations, d’amour sans issue? De la chute de Grenade? De la colonisation? Labyrinthe.
Mais c’est étrange : ceux qui défendent l’islam comme pensée unique le font souvent avec haine et violence. Ceux qui se sentent et se proclament Arabes de souche ont cette tendance à en faire un fanatisme plutôt qu’une identité heureuse ou un choix de racine capable de récoltes. Ceux qui vous parlent de constantes nationales, de nationalisme et de religion sont souvent agressifs, violents, haineux, ternes, infréquentables et myopes: ils ne voient le monde que comme attaques, complots, manipulations et ruses de l’Occident. (Source : Obsbiblios/17-12-2014/ Kamel Daoud)
Discours de l’écrivain algérien Boualem Sansal lors du dîner du CRIF Région Centre Orléans
Chers amis, dans mes moments de vraie lucidité, de pessimisme me disent certains de mes amis, je vois l’évidence et je constate avec effarement que l’Islamisme a gagné la partie et que la haine de l’autre, si parfaitement incarnée dans la haine du Juif, explose dans le monde. Ces maladies sont si contagieuses que rien ne semble pouvoir les juguler, elles nous menacent carrément de disparition en tant qu’hommes et peuples libres, fraternels et maîtres de nos destins. Même cette Europe des Lumières si puissante ne sait pas s’en défendre, la voilà infestée, l’antisémitisme reprend du service comme jadis, dans tous les compartiments de la société, pas seulement dans l’extrême droite et les quartiers dits difficiles où là il s’exprime librement en paroles et en actes. Le temps de l’incubation est passé, l’épidémie est installée, elle galope, ici l’antisémitisme est dans le délire, il rêve tout haut de nouveaux holocaustes, et là l’Islamisme qui en Europe est peut-être le rejeton de l’antisémitisme et d’un certain Islam hypertrophié, passe à l’acte et se construit des plans apocalyptiques planétaires dont nous avons vu les premières démonstrations à Toulouse, Bruxelles, dans les pays arabes qu’un printemps facétieux a livrés pieds et poings liés aux islamistes et aujourd’hui à la dèche et au Daesh. Mais plus que l’étendue et l’atrocité de ces maladies, c’est l’évolution du rapport de force qui m’inquiète. D’un côté l’Islamisme et l’antisémitisme sont de plus en plus offensifs, inventifs, et de l’autre côté il y a nous, tétanisés par la peur, et nos États si timides, pour ne pas dire lâches ou pire, attentifs comme s’ils s’accommodaient de ces dérives ou espéraient en tirer un profit. Quand on voit l’évolution des relations des EU et de l’Europe avec l’Iran, l’Arabie, le Qatar, les maîtres du terrorisme et du djihad, on ne doute pas de leur penchant pour les accommodements contre nature. (Source : CRIF/3.12.14/Boualem Sansal)