Anthropologie de l´islam radical

jihadPour appréhender la question de la radicalisation idéologique et le problème de l’instrumentalisation religieuse, nous avons choisi de la penser dans le cadre d’une réflexion sur la notion de radicalisation idéologique. A partir des récents attentats, il s’agit de penser la catégorie de nouveau lumpenprolétariat. En son temps, Marx définissait le lumpenprolétariat comme une catégorie de la population socialement amorphe et stérile politiquement, ne possédant pas de conscience politique, cette catégorie sociale était perçue comme un élément contre-révolutionnaire. Une forme de catégorie grise, agrégat de petits bandits, de voleurs et d’escrocs en tout genre, les “bas-fonds” de la politique en somme qui, de par leur faible conscience politique, pouvaient aisément être utilisés à des fins perverses par les dominants. Le lumpenprolétariat se trouve dans les zones grises de la société, avec une culture de la marge, il est l’outil de toutes les idéologies réactionnaires, de tout pouvoir obscurantiste. Partant de là, on peut assimiler ces terroristes comme une nouvelle forme de lumpenprolétariat. Ils s’inscrivent pleinement dans un rapport périphérique vis-à-vis du centre ; par centre, il faut entendre la société de manière générale. Le centre, c’est la société. Et ces radicaux salafistes sont précisément à la périphérie, à la marge.

Or, le tour de force conceptuel de ce groupe social, en tant que dominé, est précisément de renverser cette logique : centre/périphérie. L’idéologie du salafisme radical a ceci de particulière qu’elle se pense au centre tout en retranchant les Autres à la périphérie. Ils se perçoivent comme les éléments d’une continuité empathique, spirituelle et politique avec la Syrie, l’Irak, la Palestine. Et c’est précisément cette inversion des ordres qui donne tout l’allant de cette idéologie. Ils se pensent au centre, tout en étant à la périphérie, et c’est justement par cette même périphérie, en tant que périphérie, qu’ils peuvent faire ce qu’ils font. Ils utilisent la périphérie comme rampe de lancement de leurs idéaux et de la diffusion d’une forme de pouvoir symbolique.

« Les musulmans d’Europe » comme entité métaphysique, et plus particulièrement ceux de France, sont donc directement visés en tant qu’objet de pouvoir par le radicalisme identitaire. (Source: Huffington Post/ 09/02/2015 Suleiman Gabryel)

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Ces intellectuels qui tissent un islam progressiste

FirstSurahKoran-rLa confusion entre islam et islamisme n’a jamais totalement cessé de sévir. Plusieurs spécialistes de l’islam agissent, à différents niveaux, pour sortir des lectures orthodoxes ou tronquées du Coran. Faire triompher de nouvelles interprétations ne peut faire selon eux l’économie d’une réforme.

« J’ai une maison fissurée, que j’ai cru être une belle demeure, mais elle commence à prendre l’eau, le vent de partout et menace de s’écrouler. Les pierres de taille de départ me plaisent, donc je la déconstruis au sens où je prends pierre par pierre et je la rebâtis pour en faire un beau palais. » C’est par le recours à une métaphore que Ghaleb Bencheickh, physicien et islamologue érudit, empoigne son sujet. La figure de style n’est pas neutre. Elle vise, en bravant les tensions du présent, à tisser de manière positive l’avenir de l’islam. Dans le déluge médiatique qui a suivi l’assassinat de nos confrères de Charlie Hebdo le 7 janvier, blessure aussitôt ravivée par l’attentat antisémite ignoble survenu dans un Hyper Cacher, on ne compte plus les fois où il a été affirmé que ces meurtres ont été perpétrés « au nom de l’islam ». Ne convient-il donc pas d’interroger les penseurs de cette religion ? En particulier les voix qui s’élèvent, dans différentes régions du savoir, contre l’orthodoxie.

Face à l’ampleur de la tâche, certains, à l’instar du philosophe Abdennour Bidar, estiment qu’il « est temps que l’islam enfante lui-même sa Réforme ». Dans des termes plus tranchants encore, Ghaleb Bencheickh considère qu’« un sursaut ou un réveil ne suffiront pas, le temps d’un éboulement des consciences est venu. Il faut sortir des simples toilettages, des réformettes, du rafistolage, du bricolage ou même d’un simple aggiornamento : tous s’apparentent à une cautérisation d’une jambe en bois ». Celui qui prône une refondation théologique juge ainsi qu’« on ne peut prétendre réformer tout en restant au sein des clôtures et des enfermements doctrinaux, car alors on ne libère pas l’esprit de sa prison ».(Source : Humanité.fr/12.02.15/ NICOLAS DUTENT

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Attention urgence: mettre un peu de lumière dans la pensée islamique

mosaico-azulIl ne faut pas perdre un instant, la texte de Ghaleb Bencheikh doit aujourd’hui même être déposé sur le bureau du ministre de l’éducation nationale avec une recommandation expresse: à faire lire en urgence dans toutes les écoles de France. Il devrait aussi vite être envoyé à tous les imams de l’Hexagone pour le lire à leurs fidèles, tous ne le feront pas, sinon pour s’en offusquer et le déclarer blasphématoire, mais ce qui importe en l’occurrence est de distinguer ceux qui prêchent réellement la paix et la tolérance si chères à l’islam et ceux qui, sous couvert de la laïcité et de la démocratie, sèment la haine et la violence, qui, comme le dit Ghaleb Bencheikh “propagent un discours martial puisé dans la partie belligène du patrimoine religieux islamique.”

S’il est une réponse véritablement efficace aux attentats islamistes du 7 janvier, c’est bien dans ce texte, magnifique, complet, courageux et révolutionnaire qu’elle se trouve. A ce jour et pour ce que j’ai pu lire de belles et généreuses déclarations, celui de Ghaleb Bencheikh est le seul à nous dire clairement la vérité, toute la vérité: avant le terrorisme et avant l’islamisme qu’il faut résolument combattre et éradiquer, est l’islam qu’il faut soustraire des mains des doctrinaires fous, comme est la pensée théologique islamique qu’il faut refonder à la lumière de la démocratie et de la laïcité. Ce n’est pas à la démocratie de s’adapter à l’islam, elle ne fait que prôner la liberté, l’égalité, la fraternité, c’est l’islam qui doit apprendre à vivre dans la liberté, l’égalité et la fraternité. (Source : Huffington Post/12.02.15/Boualem Sansal)

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Attentats djihadistes : « rien à voir » avec les musulmans ?

nic-irak-djihadistes-etat-islamique-2791389-jpg_2419857_652x284Les hommes qui ont commis les attentats « n’ont rien à voir avec la religion musulmane », a affirmé François Hollande, le 9 janvier. Ces tueurs n’ont « rien à voir avec l’islam », a insisté Laurent Fabius, trois jours plus tard. Les paroles du président de la République et du ministre des affaires étrangères, amplifiées par beaucoup d’autres voix, relèvent évidemment d’une intention louable. Elles traduisent la nécessité, bien réelle, de prévenir l’amalgame mortifère entre islam et terrorisme.

A bien y réfléchir, pourtant, ces déclarations pourraient être à double tranchant. Car affirmer que les djihadistes n’ont rien à voir avec l’islam, c’est considérer que le monde musulman n’est aucunement concerné par les fanatiques qui se réclament du Coran. C’est donc prendre à revers tous les intellectuels musulmans qui se battent, à l’intérieur même de l’islam, pour opposer l’islam spirituel à l’islam politique, l’espérance à l’idéologie.(Source:Le Monde/11.02.15/Par Jean Birnbaum)

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Islamisme: l’attraction des hystéries collectives

images islamismeUne société devient hystérique quand elle ne sait pas comment répondre à des commotions sociales et à des traumatismes historiques, lorsque les frustrations sont trop nombreuses. Ce climat hystérique fait émerger ceux qui font écho à l’hystérie de la communauté et réduit l’influence des personnalités clairvoyantes. Cet incendie prend son origine chez les individus, dans la pathologie des individus, dans leur relation maladive à l’autorité et à la sexualité, entre autres, mais il est également allumé par les circonstances extérieures, l’environnement social et politique. On peut citer pêle-mêle la victoire israélienne de juin 1967, succédant à la Nakba de 1948, les différentes interventions occidentales et surtout américaines, l’écroulement des espoirs fondés dans l’unité arabe, la misère et la stagnation politique.

En effet, contrairement à ce que croient les masses ou à ce qu’on leur fait croire, ce n’est pas seulement la domination technologique et militaire des Israéliens et des occidentaux qui est responsable de cette stagnation, mais aussi leurs propres gouvernements autocrates, corrompus, clientélistes. Dans beaucoup de sociétés arabes, ces sentiments de frustration et d’humiliation, s’ajoutant aux problèmes d’identité, créent un certain nombre de blessures au narcissisme individuel et surtout collectif. (Source Huffington Post/: 16/02/2015 Charles Rojzman)

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Islamisme : le délicat suivi des enfants embrigadés ou radicalisés

7122566-10915313La cinquantaine de jeunes suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse pour des dérives vers l’islam radical présentent des profils très variés, ce qui complique leur prise en charge. De confession musulmane ou subitement convertis, filles ou garçons entre quinze et dix-sept ans: la cinquantaine de jeunes placés sous la vigilance de la protection judiciaire de la jeunesse pour dérives inquiétantes vers l’islam radical sont loin d’obéir à une typologie unique. Quatre d’entre eux, originaires de région parisienne et du sud-est de la France, sont officiellement incarcérés pour faits ou complicité de terrorisme.

Pour les spécialistes de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). ce sont les cas les plus difficiles car le milieu carcéral brouille plus qu’il ne favorise la prise en charge. Surtout chez de jeunes sujets. «Comment savoir si cette attitude ne tient pas à la nécessité de se mettre sous la protection d’un grand frère, d’une attitude suiviste ou s’il s’agit d’un engagement réfléchi au long cours. La prison a toujours été un temps suspendu pour les éducateurs», affirme un proche du dossier. «Il va falloir attendre la sortie de détention pour juger de leur dangerosité ou pas. Il faudra aussi proposer des alternatives à leur retour dans leur environnement précédent.»

Pour ces adolescents, la PJJ avoue marcher sur des œufs. «Le radicalisme est rarement un phénomène qui s’enkyste, il y a des passages à l’acte extrêmement rapides, difficiles à maîtriser. Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas encore l’habitude de travailler avec des juridictions spécialisées comme celles de l’antiterrorisme. Il va falloir apprendre», affirme Alain Dru, secrétaire général de la CGT-PJJ. (Source: Le Figaro/18.02.15/ Par Paule Gonzales)

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Dominique Reynié  :
« montrer le pluralisme au sein de l’islam »

FondapolLe directeur de Fondapol, fondation pour l’innovation politique, lance une nouvelle série intitulée « Valeurs d’islam » : neuf études ont été confiées à des auteurs reconnus, tous musulmans. Des débats publics seront également organisés par la fondation pour confronter différentes interprétations. Dans son entretien accordé à la Croix il dit notamment que cette série d´études répond à un besoin réel à plusieurs points de vue : “en raison des tensions très fortes que traverse notre société, de son rapport compliqué à l’islam, mais aussi parce que, lors de colloques (aux Bernardins par exemple, sur la religion dans les affaires) ou dans l’étude que nous avons lancée en 2011 sur « la jeunesse du monde », la religion apparaît comme très présente. La France fait figure d’exception dans ce domaine. Nous avons besoin d’une information améliorée sur les religions si nous voulons comprendre la société. Et notamment sur l’islam, en raison de ses liens avec l’immigration, l’intégration, etc, de l’image abominable qu’il donne de lui-même parfois, et, au fond, d’une méconnaissance qui n’épargne pas les musulmans eux-mêmes… (Source : la Croix/18/2/15 / Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner)

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La création du parti musulman UDMF agite la classe politique

descarga UDMF«Nous sommes fier d’incarner aujourd’hui le renouveau et le dynamisme d’une France qui avait perdu tout espoir en l’avenir et en sa politique traditionnelle.» Ces mots figurent en introduction sur le site internet de l’UDMF (Union des démocrates musulmans de France). Le nouveau parti politique, fondé en novembre 2012 par Najib Azergui, a l’ambition de participer aux élections départementales en mars et espère avoir un jour les moyens de réunir 500 signatures pour participer à une élection présidentielle. Dans sa présentation, l’UDMF souligne notamment les difficultés économiques, la «crise des valeurs» et la «perte de confiance» d’une France jugée en «état d’urgence». Son projet est de permettre aux citoyens musulmans d’apporter une «alternative».

Pour justifier l’existence de l’UDMF et de sa dimension religieuse, son président, Emir Megharbi compare son parti à ceux de la CDU (Union Démocratique Chrétienne) allemande d’Angela Merkel et du PCD français (Parti Chrétien Démocrate) de Christine Boutin. «Dans la diversité sociale et culturelle qui compose notre Nation, l’islam, deuxième religion du pays, en était jusqu’alors exclus à cause de toutes une série de clichés que nous comptons bien balayer» ajoute-t-il. Huit listes seront présentées aux départementales à Strasbourg, Avion, Bagneux, Nice, Lyon, Marseille, Bagneaux et aux Mureaux.

L’existence de l’UDMF dans le paysage politique français suscite cependant des réactions contrastées et souvent hostiles.

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