Des deux côtés de la méditerranée, des pistes pour améliorer l’accueil des convertis
Réunis les 4 et 5 mai en Espagne, treize évêques du nord et du sud de la Méditerranée ont choisi de réfléchir à l’accompagnement des catéchumènes issus d’autres traditions, et notamment de l’islam.
Pour certains, c’est l’aboutissement d’une longue quête intérieure, d’autres font le récit d’un songe, beaucoup ne savent pas mettre les mots sur une expérience spirituelle qui les dépasse… Quels que soient leur histoire et leur parcours, pour les convertis issus d’autres traditions religieuses,« pousser la porte de l’Église est toujours un pas qu’ils sentent décisif », constate Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine. Et, pour ceux venus de l’islam, un risque pour leur vie sociale et familiale…
Ensemble, les membres de la Commission mixte Méditerranée (1), composée de représentants des Églises du Maghreb et du sud de l’Europe, réunis en Espagne les 4 et 5 mai, ont souhaité aborder « humblement » et« discrètement » les questions posées par l’accueil de ces « nouveaux disciples ». Des deux côtés de la Méditerranée, tous font le constat de« rencontres imprévues et imprévisibles avec le Christ », note Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry et président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France. Qu’ils viennent d’Algérie, de Tunisie ou du Maroc, les participants ont dit d’ailleurs sentir« une évolution », qu’elle soit due au vote d’une nouvelle Constitution comme en Tunisie, à la volonté affichée d’une certaine élite libérale de prendre ses distances avec la religion, ou paradoxalement à la « crise de l’islam ». « Certains croyants musulmans sont à la recherche d’une relation plus personnelle à Dieu, plus libre », observe Paul Desfarges.
Les demandes sont peu nombreuses mais régulières ; elles requièrent toujours un accompagnement spécifique. (Source: la Croix/11.05.15/Anne-Bénédicte Hoffner)
Cheikh Khaled Bentounès au centre Claverie : «la violence coûte plus de 9 trillion de dollars par an» à l’humanité
Devant une foule nombreuse venue l’écouter au centre Claverie, Cheikh Khaled Bentounès a commencé son intervention en rappelant ses amitiés avec feu Claverie tué par le terrorisme en disant « j’ai un lien particulier avec cette maison. (….) L’ami enterré ici venait souvent à la zaouïa de Mostaganem où on discutait notamment de l’avenir de notre pays».
Ce qui l’a amené à avancer que «la tradition musulmane incite à la rencontre de l’autre». Après un long développement, il conclura «c’est la rencontre avec l’autre qui nous permet d’accéder mieux à nous-mêmes». Il ajoutera que «Dieu a mis en chacun de nous un secret: cette capacité de comprendre l’autre». Ce qui pourrait nous faire éviter «ce labyrinthe de classification» consistant à trier les humains en noir et blanc; croyant, non croyant; musulman; non musulman; sunnite, chiite….. Une fois le cadre défini, la place « de la rencontre des autres » dans les religions, Cheikh Khaled Bentounès abordera le sujet de sa conférence portant sur son initiative pour « l’institution d’une journée du vivre-ensemble » par les Nations unies.
Il s’interrogera « que faire dans un monde rentré dans les turbulences ? … (Source: Le Quotidien/26.05.15)/ par Ziad Salah)
Un autre modèle que daech sur le ”marché du religieux” planétaire ?
Début avril 2015 se sont tenues les conférences annuelles sur le droit islamique à Mascate, capitale du petit Sultanat d’Oman. L’occasion de découvrir la foi ibadite, ancrée solidement dans une culture, une histoire et une structure politique, certes ferme, mais dont la stabilité et la tolérance augurent de la possibilité d’un “autre” islam dans le “marché des religions” actuel.
Alors que le monde arabe s’embrase à nouveau, une communauté paisible de docteurs de la loi, de philosophes arabes et de chercheurs universitaires, a participé, du 5 au 8 avril 2015, à Mascate, capitale d’Oman, à la 14e conférence sur Le Développement de la Jurisprudence Islamique. Organisée par le ministère des Affaires Religieuses et, en présence, notamment, du ministre, du Grand Mufti d’Oman, et d’officiels iraniens, cette conférence de quatre jours a tenté d’unifier les questions de droit islamique. Cette année, l’attention s’étant spécialement portée sur la démystification du discours radical des djihadistes…. Un autre modèle que Daech sur le “marché du religieux” planétaire ? Pourquoi pas. (Source: e Vif/22/05/15)
De quoi l’islamisme est-il encore le nom ?
François Burgat, politologue et directeur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) à Aix-en-Provence, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ». Propos recueillis par Anthony SAMRANI.
OLJ – La notion d’islamisme a-t-elle encore un sens pour qualifier un spectre politique qui va de Ghannouchi à Baghdadi, et qui englobe des mouvements aussi différents que le Hamas, Ennahda, le Hezbollah, al-Nosra, l’organisation État islamique et les houthis ?
F.B. – De longue date, je me suis démarqué de l’imprécision croissante de ce mot dont il est clair qu’« il fait plus de bruit qu’il n’apporte de lumière ». Dans le contexte postcolonial, ce retour en grâce du « lexique politique de l’islam » a moins résulté en effet à mes yeux d’une demande de sacré formulée par un petit nombre que d’une demande d’endogénéité, c’est-à-dire de « home made » par tout ceux que l’overdose de présence occidentale avait affectés : le lexique islamique a très progressivement été perçu, au lendemain de la rupture coloniale, comme plus « endogène » que les autres lexiques politiques et de nature à prolonger et donc à « parfaire », sur le terrain idéologique et culturel, ce dépassement de la domination étrangère. La poussée islamiste est donc, à mes yeux, portée par une dynamique de nature plus identitaire que strictement religieuse. C’est ce qui lui a permis non pas de donner naissance à une idéologie politique (seulement), mais bien d’affecter plus ou moins directement n’importe quel courant de pensée, et donc, sous des formes diverses, la quasi-totalité des idéologies politiques. Quatre ans après le printemps arabe, de Ghannouchi à Baghdadi, deux « islamistes » que l’on peut pourtant quasiment situer aux deux extrêmes de la scène politique arabe, on ne peut effectivement que souligner cet état de fait, que j’évoque pour ma part comme « l’omniprésente diversité du lexique islamique ».
OLJ. Existe-t-il un islamisme « sunnite » et un islamisme « chiite », ou ceux-ci appartiennent-ils à une matrice idéologique commune ?
F.B. Même si elles sont intervenues dans des contextes historiques très différenciés, il n’existe pas à ma connaissance de différence structurelle entre les versions sunnite et chiite de la poussée islamiste. Je me risquerai toutefois à dire que les chiites ont un certain coefficient de spécificité qui tient au fait qu’ils sont et se savent minoritaires dans le monde musulman. Cela les a obligés à penser plus systématiquement les modalités de leur cohabitation avec le reste du monde, et donc, dans plusieurs situations nationales, à intérioriser plus naturellement les exigences du pluralisme politique. C’est là un effort intellectuel qu’un sunnite, majoritaire en terre arabe, est moins systématiquement obligé de faire. La même remarque vaut toutefois pour les musulmans sunnites de l’Indonésie, qui ne peuvent pas faire l’économie de penser à la proximité de deux milliards de Chinois, alors qu’un sunnite saoudien aura peut-être plus de difficulté à accepter l’idée que son système de référence n’ait pas naturellement vocation à avoir le monopole de la légitimité religieuse et partant, politique. (Source: L´OrientLE JOUR/25.05.15)
Tunisie : une enquête qui fait mal
Première du genre à explorer les opinions du Tunisien relativement à la liberté religieuse, une récente enquête présente des chiffres qui laissent rêveur… Le réflexe identitaire le dispute toujours à l’attachement aux libertés ! L’article 6 de la Constitution stipule que l’Etat est garant de la liberté de conscience et de croyance. Jusqu’où cependant, la population entérine-t-elle ce principe dans ses prises de position privées ? C’est la question qui a fait l’objet récemment d’une enquête, à l’initiative de trois acteurs que sont le Forum des sciences sociales appliquées, l’Institut arabe des droits de l’Homme et l’Observatoire national de la jeunesse. Dans une conférence de presse tenue mercredi dernier à Tunis, des éléments de réponse ont été apportés à la question sous la forme de «résultats préliminaires»…. Les questions adressées aux 1.200 personnes interrogées dans le cadre de l’enquête portent essentiellement sur le respect de la croyance d’autrui, sur le prosélytisme, sur l’engagement religieux et ses expressions et sur la relation entre l’Etat et les lieux de culte. Mais d’ores et déjà, et pour être «préliminaires», ces résultats ne manquent pas de susciter l’étonnement.
Comme le relèvent les intervenants lors de la conférence de presse, on est en présence de positions contradictoires. Ce qui dénote un manque de maturation au niveau de leur élaboration. Par exemple, les personnes interrogées sont favorables à hauteur de 39% au respect de la croyance d’autrui et à hauteur de 33% à la liberté de croyance en général. Ce qui, en soi, ne représente pas des chiffres particulièrement satisfaisants. Mais, dès que la question se déplace sur le terrain du changement de religion, la proportion passe à 28% d’opinions favorables. Et quand on précise cette question en évoquant la religion en faveur de laquelle s’opérerait le changement, le pourcentage s’effondre carrément. (Source : LA PRESSE DE TUNISIE/15 mai 2015/ par Raouf SEDDIK)
A Evreux, les conversions de chrétiens à l’islam interrogent l’église
Un certain nombre de chrétiens, surtout des jeunes, se convertit chaque année à l’islam. Dans le diocèse d’Évreux, des responsables d’Église reconnaissent que ces démarches leur posent parfois question. Elle sera abordée mardi 19 mai dans un colloque organisé par l’Institut catholique de Paris pour le 50e anniversaire de la déclaration Nostra aetate du concile Vatican II sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes.
Même cachés par une barbe blonde ou un voile, les convertis à l’islam sont bien visibles dans les mosquées de l’Eure, à Évreux, Vernon ou Val-de-Reuil… Étaient-ils chrétiens avant d’embrasser leur nouvelle foi ? Pratiquants ? Impossible de le dire, mais, dans le diocèse, nombreux sont ceux qui connaissent des jeunes qui, après avoir été baptisés, catéchisés, voire confirmés – comme Maxime Hauchard, ce jeune homme qui a rejoint les rangs de Daech en Syrie – ont choisi de devenir musulmans.
i le mouvement n’a rien d’un raz de marée, le P. Jean-François Berjonneau, délégué aux relations avec l’islam et co-animateur du service Carrefour des cités dans le diocèse d’Évreux, le reconnaît : « Comme pasteur, ces conversions me posent question. » Le sujet reste pourtant encore difficile à aborder dans l’Église catholique. Sur la dizaine de membres du petit groupe Carrefour des cités, qui se forme chaque mois à l’église Saint-Jean-Baptiste située dans la ZUP de Vernon, nul ne semble avoir remarqué le phénomène. Tout juste Josette constate-t-elle que le nombre de couples mixtes augmente et que, « le plus souvent, la femme, qui était chrétienne, se convertit ». (Source : la Croix/18.05.15)
Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou
« La diversité culturelle : autre façon de dire la dignité humaine et les droits humains » Le 3e Forum mondial sur le dialogue interculturel « Partager la culture pour une sécurité partagé » a ouvert hier à Bakou, en Azerbaïdjan. Cette manifestation s’inscrit dans la Décennie internationale pour le rapprochement des cultures. Organisée par l’UNESCO, elle souligne l’importance de la diversité culturelle et du dialogue. Voici le communiqué diffusé à cette occasion par l’UNESCO…
« Notre vision du monde – la vision du processus de Bakou – n’a jamais été plus important, » a déclaré Irina Bokova. « Nous reconnaissons l’interdépendance croissante à travers le monde – notre responsabilité est d’en faire une source de force… Voilà pourquoi l’UNESCO travaille à inclure la culture dans l’agenda de développement de l’après-2015 ». Se référant à la nécessité de nouvelles formes d’alphabétisation culturelle, entre et au sein des sociétés, la Directrice générale a fortement souligné que la protection du patrimoine culturel est devenu aujourd’hui un impératif pour la sécurité et la paix. « Nous le disons encore une fois aujourd’hui, à l’occasion de ce Forum mondial – la diversité culturelle est une autre façon de dire la dignité humaine et les droits humains, » a déclaré la Directrice générale…. (Source : Témoignages/20.05.15)