En Arabie Saoudite, l’histoire officielle contestée sur internet
L’Arabie saoudite est aujourd’hui la principale puissance régionale à s’opposer au projet hégémonique de l’Iran au Moyen Orient. Elle est en première ligne pour contrer l’influence de Téhéran au Yémen, en Syrie et en Irak.
Son action n’est pas que militaire. Le régime saoudien est en effet solidement arrimé à un socle idéologique, l’islam wahhabite, qu’il propage à travers le monde par des canaux politico-religieux, publics ou privés. Il peut s’appuyer sur la manne pétrolière, étant détenteur des plus grandes réserves d’hydrocarbures au monde.
Incontournable, la monarchie saoudienne est pourtant méconnue et opaque, gérée d’une poigne de fer par une dynastie gérontocratique. Les analystes capables de croiser les ressources de l’histoire, de la sociologie et de l’économie pour appréhender ce pays sont rares.
Bernard Haykel est l’un d’eux et sa conférence samedi 6 juin a constitué l’un des temps forts des Rendez-vous de l’Histoire du monde arabe, organisé par l’Institut du monde arabe. Directeur de l’Institut pour l’étude du Moyen Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Asie centrale à l’université Princeton, il a notamment expliqué comment le royaume avait écrit une historiographie à la gloire de la famille régnante des Al Saoud. (Source:la Croix/09.06.15/Jean Christophe Ploquin)
L’état islamique à la « conquête » d’Istanbul
L’Etat islamique poursuit sa redoutable opération marketing et lance Konstantiniyye, un magazine mensuel en turc, également disponible gratuitement en ligne. Le premier numéro est paru le jour de la date d’anniversaire de la conquête de Constantinople par les Ottomans, le 29 mai 1453, fêté en grande pompe en Turquie.
Konstantiniyye n’est pas le premier instrument d’une propagande soigneusement mise en scène par l’Etat islamique. Sa revue en arabe, Dabiq, lancée en 2014, a ensuite été déclinée en anglais, en russe et dans une version française dénommée Dar Al-Islam. L’organisation terroriste se sert de son puissant organe de communication, l’éditeur Al-Hayat Media, pour relayer ses idées dans le monde et in fine recruter ses prochains combattants.
Avec 46 pages en couleur, illustrées de photos des plus beaux monuments stambouliotes, Konstantiniyye rassemble tous les codes d’un magazine traditionnel. Son contenu, en revanche, propose une autre vision de la Turquie. On y trouve des articles encourageant la destruction des idoles et des analyses critiquant vivement la démocratie. (Source: Le Monde/12.06.2015| Par Ghalia Kadiri)
Sommet des cinq patriarches d’Antioche à Damas contre la désagrégation de la Syrie
La seule voie à suivre pour tenter de sortir de la crise syrienne est celle d’une « solution politique » s’accompagnant de l’engagement des puissances globales et régionales à lutter contre les djihadistes du prétendu « Etat islamique » ou à tout le moins à suspendre tout type d’appui en leur faveur. Tels sont quelques-uns des points clefs du communiqué diffusé par les cinq Patriarches portant le titre d’Antioche au terme du sommet qui les a vus réunis le 8 juin à Damas au siège patriarcal grec orthodoxe. La présence dans la capitale syrienne des cinq Patriarches – S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai, Patriarche d’Antioche des Maronites, S.B. Grégoire III Laham, Patriarche d’Antioche des grecs melkites, S.B. Ignace Youssef III Younan, Patriarche d’Antioche des syro-catholiques, le grec orthodoxe Yohanna X et le syro-orthodoxe Ephrem II – a été accueillie chaleureusement par les chrétiens de Damas, qui ont envahi la partie de la Vieille Ville allant de Bab Tuma à Bab Sharqi, où se trouve le Patriarcat grec orthodoxe et où sont concentrées de nombreuses autres églises. Dans le communiqué final de la rencontre, parvenu à l’Agence Fides, est réaffirmée l’urgence de faire obstacle à toute idéologie intégriste au travers d’une éducation religieuse adéquate, dans une perspective – répètent les Patriarches – soutenue également par la très grande majorité des musulmans. Le document invite les syriens à défendre l’unité de la Syrie et leur droit à « déterminer librement leur avenir, en dehors de toute ingérence étrangère ». Sont également cités les noms des Evêques grec orthodoxe et syro-orthodoxe d’Alep, Boulos Yazigi et Gregorios Yohanna Ibrahim, ainsi que celui du Père Jacques Murad, dans la liste des personnes enlevées dont on a perdu la trace. Les cinq Patriarches condamnent par ailleurs « les desseins racistes et confessionnels, étrangers à notre culture » qui alimentent les campagnes de nettoyage ethnique et religieux mises en œuvre dans différentes zones du Proche-Orient. Des paroles éloquentes sont également dédiées à l’exode des chrétiens des pays martyrisés par des conflits et des dérives sectaires. « Nous ne condamnons pas ceux qui choisissent de s’en aller – écrivent les Patriarches – mais nous rappelons aux chrétiens que le fait d’être fermes dans la foi passe souvent également au travers de nombreuses tribulations ». (GV) (Agence Fides 09/06/2015)
Le sommet intermusulman de Dar el-Fatwa met en garde contre une discorde confessionnelle à l’échelle du monde arabe
Condamnation des pratiques discriminatoires et violentes de l’islam takfiriste, respect des droits privés et publics, condamnation de toute coercition en matière religieuse… Telles sont certaines des grandes lignes du communiqué final publié hier par le sommet intermusulman extraordinaire qui s’est tenu à Dar el-Fatwa. Revêtu par l’actualité d’un caractère de grande urgence, le sommet a été consacré « à la situation alarmante au Liban et dans le monde arabe, et à ses conséquences sur les relations intermusulmanes et sur les rapports islamo-chrétiens ». Dans leur communiqué final, les dignitaires religieux ont exprimé « leur extrême inquiétude pour les troubles qui secouent nombre de pays arabes et revêtent un caractère confessionnel, sectaire et raciste ». De tels développements, a-t-il affirmé, constituent « un danger pour l’unité de ces États, y compris le Liban, et partant pour leur sécurité et leur stabilité. » (Source: L´OrientLeJour:03.06.15)