Les familles des moines de tibhirine redoutent un enlisement de l’enquête
Fera-t-on un jour toute la lumière sur la mort des moines de Tibhirine au printemps 1996 ? Les familles des moines redoutent en tout cas un enlisement du dossier après le départ programmé du juge Marc Trévidic. Ce dernier est en effet obligé, comme tous les magistrats, de changer de poste après dix ans passés à une même fonction. Il rejoindra en septembre prochain le TGI de Lille.
« Les familles déplorent son départ, assure l’avocat de l’une d’elles, Me Patrick Baudouin. Nous ne connaissons pas encore son successeur, mais il lui faudra beaucoup de temps pour s’approprier le dossier, pour comprendre le contexte de leur assassinat, connaître les protagonistes du dossier et bien mesurer les enjeux diplomatiques qui l’entourent ».
Selon l’avocat, le départ de Marc Trévidic est plutôt bien accueilli de part et d’autre de la Méditerranée : « Côté algérien, c’est la fête. Et côté français, certains finissait par le voir comme un peu trop gênant. Il faut dire qu’il n’y a pas un magistrat sur dix qui ait son étoffe et son courage… » (Source:la Croix/16.06.15/Marie Boëton)
Christophe Roucou : « c’est à nous, religieux, de créer la fraternité »
Christophe Roucou, depuis neuf ans à la tête du Service national pour les relations avec l’islam (SRI) au sein de la Conférence des évêques de France, quitte ses fonctions de directeur en septembre prochain. Il revient pour Saphirnews sur ces années d’échanges et de luttes comunes pour le dialogue interreligieux islamo-chrétien et le vivre-ensemble.
Saphirnews : Quel bilan faites-vous de votre mandature ?
Christophe Roucou : Ce n’est pas à moi d’établir un bilan, c’est à mes responsables et à mes interlocuteurs de qualifier mon travail. Durant ces neuf ans d’exercice, les événements n’ont pas manqué. Le 3 septembre 2006, je prenais mes fonctions ; et le 12 septembre, il y a eu le discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne (Allemagne) qui a provoqué des remous dans la communauté musulmane. S’agissant de cette année 2015, au cours de laquelle je quitterai mes fonctions à la fin de l’été, elle est marquée par les événements de janvier en France et par ce que fait Daesh au Moyen-Orient. Il se passe toujours quelque chose : l’enjeu est de répondre et de se situer au mieux dans ces événements pour empêcher que les fossés et les incompréhensions ne s’accentuent. Sur 96 département en métropole, il doit y avoir 90 diocèses de France : en neuf ans, j’ai dû passer une soirée ou une conférence dans les trois quarts d’entre eux !
Invitation du président égyptien au pape François à se rendre en Egypte
Le Président égyptien, Adel Fattah al-Sisi, a officiellement invité le Pape François à accomplir une visite en Egypte. C’est ce qu’indique dans un entretien publié sur Al Ahram S.E. Wafaa Ashraf Moharram Bassim, Ambassadeur de la République arabe d’Egypte près le Saint-Siège. Dans une longue conversation avec le plus connu des quotidiens égyptiens, Mme Wafaa Bassim répond à diverses questions sur le rôle international du Pape François et sur les positions du Saint-Siège à propos des urgences que connaît le Proche-Orient. Dans ce contexte, le représentant diplomatique musulman indique que des bureaux du gouvernement est partie une invitation formelle signée par le Président al Sisi demandant au Pape d’accomplir une visite officielle en Egypte, y compris en sa qualité de Chef d’Etat. L’invitation du Président – ajoute Mme Wafaa Bassim – vient s’ajouter à celle adressée au Pape François par le Patriarche copte orthodoxe Tawadros II. A propos du calendrier d’une possible visite papale en Egypte, l’Ambassadeur avertit que n’est encore à l’étude aucune date et qu’elle ne doit pas être attendue pour 2015, ajoutant toutefois que « les deux parties désirent que la visite intervienne au plus tôt ». La nouvelle d’une possible visite du Pape François en Egypte est accueillie avec grande joie également par les catholiques égyptiens : « Il n’existe pas de confirmations officielles de ce que publient les journaux – déclare à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Antonios Aziz Mina, Evêque copte catholique de Gizeh – mais une visite du successeur de Saint Pierre en Egypte à ce moment historique constituerait certainement un grand réconfort et un fort encouragement, y compris pour tous les chrétiens de la région ». Entre temps, des sources égyptiennes coptes indiquent que le Pr. Mohamed Emara de l’Université al-Azhar, a démissionné de la direction de la revue de l’Université islamique, après les polémiques suscitées par sa publication – diffusée avec la revue – dans laquelle le chercheur qualifiait de « ruineuse » l’histoire du Christianisme au Proche-Orient. Les considérations de l’enseignant avaient provoqué des réactions négatives au sein de la communauté copte et la publication avait été retirée. (GV) (Agence Fides 15/06/2015)
Les religions sont-elles dangereuses ?
Chaque jour, les médias du monde entier témoignent de violences impliquant les religions. Mais le facteur religieux est-il la source de tous les maux ? Non, tempère Jean-Louis Schlegel, philosophe et sociologue des religions, lors d’une conférence au Festival Philosophia, à Saint-Émilion, le 30 mai dernier. Intitulée « Les religions sont-elles dangereuses ? », son intervention démontre que les inquiétudes sont d’abord le résultat d’une faible culture religieuse. « Le monde irait mieux sans les religions. » Une expression récurrente, remarque Jean-Louis Schlegel. « Cette image négative est-elle justifiée ? », interroge le sociologue des religions, en ouverture de sa conférence au Festival Philosophia, le 30 mai dernier. « Les religions sont-elles dangereuses ? » était la thématique de son intervention. Une question qui pourrait surprendre, ainsi posée dans le paisible cloître de l’église collégiale de Saint-Émilion. Mais il faut se rendre à l’évidence. « Les journaux et la télévision rapportent quotidiennement des violences physiques et des guerres civiles impliquant les religions, directement ou indirectement. » Depuis la fin des années 1970, l’islam radical est le premier concerné. Aujourd’hui, on n’entend parler que de Daesh. Avec pour conséquences « un sentiment d’insécurité généralisé et un ressentiment injustifié contre les musulmans. »(Source: le Monde des Religions/16.06.2015) propos recueillis par Matthieu Strico)
Attentat en Tunisie : notre pays a été trop laxiste
Un attentat a fait au moins 37 morts ce vendredi, en Tunisie. Un homme se faisant passer pour un vacancier a ouvert le feu sur la plage d’un hôtel de la station balnéaire d’El-Kantaoui, près de Sousse. Inès Oueslati, Tunisienne, dénonce le laisser-faire qui s’est installé dans son pays à l’égard du radicalisme.
Le terrorisme a encore frappé, aujourd’hui. Un jour saint du mois saint au cours duquel on a tué, au nom de l’Islam, en Tunisie, en France et ailleurs (le Koweït). Un attentat a été perpétré en Isère dans une usine à Lyon. Un autre a frappé la Tunisie en plein secteur vital, en l’occurrence le tourisme, la cible ayant été la zone touristique de Sousse.
S’il est une déduction qu’on veuille nous faire tirer, de pareils actes, c’est que le terrorisme ne connaît pas de frontières géographiques. Et quoique ce soit l’État islamique qui revendique, à travers ses différentes antennes locales, l’horreur accomplie, la force de frappe de cet état anarchique, son ampleur, sa fréquence ne peuvent être appréhendés par le biais d’une définition géographique classique.
Il ne s’agit, en terrorisme, plus de frontières avec des pays instables faisant accroître les risques ou les rendant plus faibles. Il s’agit d’une géopolitique nouvelle ayant pour limites définitoires l’idéologie. Et à la propagation de l’idéologie, il n’y a point de limites tracées. Le déséquilibre dans cette nouvelle guerre réside en ce point fort dont bénéficient et profitent les assaillants potentiels et actifs, à chaque attentat accompli.
Pourtant le schéma géopolitique a connu, à l’échelle internationale, une mutation de taille. Les islamistes, même ceux qui avaient été extrémistes par le passé (c’est le cas de certains membres d’Ennahdha en Tunisie), sont désormais des figures dirigeantes dans leurs propres pays. Reçus à l’étranger, ils bénéficient d’une légitimité nationale et dans des pays amis. (Source : LePlus/ 26-06-2015 . Par Ines Oueslati.Tunisienne)