Des prêtres et des laïcs lancent un «appel à l’espérance»

imagesVJOFZUZAUne trentaine de prêtres, avec un évêque, un diacre et son épouse, venant du Tchad, du Niger, du Burkina Faso, d’Algérie, d’Italie, de Suisse, d’Autriche et de France, guidés par la spiritualité du bienheureux Charles de Foucauld se sont rassemblés pour prier et réfléchir ensemble sur le thème «  notre ministère de prêtre diocésain au service de la rencontre entre chrétiens et musulmans ». Ils sont issus de contextes très différents.

Ensemble, nous lançons cet appel à l’Espérance :

« Garder l’unité de l’Esprit par le lien de la Paix » (Ephésiens 4,3) Cette parole de l’Apôtre Paul exprime ce que nous nous efforçons de vivre dans notre ministère, particulièrement dans les relations entre chrétiens et musulmans. Notre désir de dialogue prend sa source dans l’initiative de Dieu qui le premier est entré en dialogue avec les hommes. (cf. Paul VI, Ecclesiam Suam)

Les signes d’injustice, de violence et de guerre sont de plus en plus manifestes. Le sort des minorités chrétiennes, musulmanes et autres du Moyen-Orient illustre de façon criante cette situation. Nous dénonçons à ce propos une collusion de plus en plus visible entre les puissances occidentales et des pays qui favorisent le développement de courants sectaires et violents au sein du monde musulman dans ce début de XXI° siècle.

Il nous parait urgent, dans ce contexte très tendu, de nous engager résolument sur la voie de la connaissance mutuelle et du dialogue. « L’ignorance mène à la peur, la peur à la haine et la haine à la violence » (Averroès, XIII° siècle)

Face à la radicalisation et à la montée des extrémismes, nous appelons à la fraternité, qui permet le respect de la liberté religieuse, le combat pour la justice, la paix et la réconciliation. Cette fraternité rassemble des hommes et des femmes de bonne volonté.

Nous témoignons que des relations d’amitié existent entre chrétiens et musulmans. Des chrétiens et des musulmans s’engagent ensemble au service des plus démunis de nos sociétés, notamment dans l’accueil des migrants. Un peu partout dans le monde nous voyons se créer des groupes où des chrétiens et des musulmans dans une recherche commune de convivialité font des expériences concrètes de rencontre spirituelle et de partage.

Ce climat d’amitié permet un dialogue en vérité et ne peut que nous enrichir mutuellement et apaiser peur et tension. Des chrétiens et des musulmans croient en cela. Comme prêtres, nous nous en réjouissons. Ainsi nous nous inscrivons dans le souffle d’Amour de Jésus qui est venu renverser toutes les barrières entre les hommes.

De plus en plus, nous avons à apprendre à vivre au quotidien ensemble. Dans notre ministère de prêtre, nous appelons nos communautés chrétiennes à annoncer l’Evangile en vivant l’expérience de la rencontre amicale avec les musulmans. Cette expérience est source d’action au service de la fraternité universelle, voulue par Dieu et révélée en Jésus. Dans cet esprit nous voulons désarmer la violence qui est en nous (cf. Christian de Chergé), et face à toute violence extérieure à nous-mêmes, nous restons fidèle à notre détermination à «crier l’Evangile par toute notre vie », devise du frère Charles de Foucauld. Ainsi nous rendons compte de l’Espérance qui est en nous. (1 Pierre 3,15-16)

Viviers, vendredi 17 juillet 2015, (jour de l’Aïd el Fitr pour les musulmans). Contact : Jean-François Berjonneau, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Mustapha Cherif : «en ces temps de crise, continuer à éduquer et à dialoguer»

1135255 Mustapha CherifCe Ramadan 2015, mois de spiritualité par excellence, n’a pas été épargné par des exactions meurtrières commises au nom de l’islam. Mais le message de paix ‒ dont le mot « As-Salâm », le Pacifique, est l’un des 99 noms de Dieu ‒ doit prévaloir, nous dit le philosophe Mustapha Cherif. Face à la propagande du choc et au danger du repli sur soi, l’espérance en une société meilleure reste le moteur de notre humanité et l’éducation un de nos principaux outils. Pour Mustapha Cherif, auteur de « Le Principe du juste milieu », l’éducation vise cinq dimensions de la personnalité humaine. La pédagogie doit être interculturelle et interreligieuse et enseigner le « vouloir-vivre ensemble.

Il y a trop de malentendus, d’ignorances et de désinformations. Il faut en sortir. Apprendre à se connaître, pour se respecter, passe par l’acquisition des instruments de la compréhension du monde, de sa propre culture, sa religion et sa société, mais aussi celles des autres. Ce qui signifie apprendre à apprendre et à écouter, afin que la capacité à acquérir des connaissances puisse se maintenir tout au long de la vie. Penser et agir par soi-même et avec les autres et pouvoir répondre de ses pensées et de ses choix pour avoir une capacité d’autonomie et d’ouverture à l’altérité vont de pair avec le renforcement du dialogue et de la responsabilité personnelle dans le destin collectif. ENTRETIEN (Saphir News/11.07.15)

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Congrès des intellectuels Tunisiens contre le terrorisme

habib_kazdaghliL’initiative est venue des comités scientifiques et des associations d’universitaires de la faculté des Lettres de La Manouba. Son doyen, Habib Kazdaghli, fameux pour avoir représenté une des premières cibles des salafistes au cours de l’année 2012 (l’affaire des étudiantes niqabées), et qui continue aujourd’hui à vivre sous protection policière, lance le 4 juillet 2015 un appel pour une mobilisation des intellectuels contre le terrorisme et pour la défense du caractère civil de l’Etat tunisien. Son cri vient à la suite du carnage de Sousse du 26 juin où 38 touristes étrangers sont tombés sous les balles d’un jeune jihadiste de 23 ans et l’instauration, huit jours après, de l’état d’urgence dans tout le pays. Une première réunion préparatoire pour définir les axes d’un congrès, qui se déroulera le 12 août, soit à la veille de la fête de la Femme, a été organisée à La Manouba le 8 juillet dernier. On y a diagnostiqué l’absence d’une politique culturelle intégrale permettant de contrer le terrorisme en tant qu’idéologie transnationale et en tant qu’utopie susceptible  de procurer du rêve, des repères et une raison d’être aux jeunes…. « Nous ne sommes pas des spécialistes de la sécurité, ni des stratèges militaires. Notre apport ne peut se situer qu’au niveau des idées. Nous ne pouvons être que des combattants de la culture. D’ailleurs, le terrorisme fleurit sur les débris de la défaillance de notre culture et s’immisce dans les interstices des défaillances de notre système éducatif. La crise profonde que traverse  notre société a aidé à la propagation du mal qui menace la sécurité. Et plus le processus de transition démocratique avance et marque des points, plus il vise le modèle social tunisien. En tant qu’intellectuels et en tant que penseurs, nous devons aujourd’hui assumer nos responsabilités, à notre manière, au sein de cette guerre que mènent les organes sécuritaires de l’Etat ».(Source : La Presse Tunisie/19.07.15/ par Olfa Belhassine)

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