Expo à Dakar: le Béninois Roméo Mivekannin reproduit les cartes postales coloniales

Une carte postale du début du XXe siècle au Sénégal (Image d'illustration).
Une carte postale du début du XXe siècle au Sénégal (Image d'illustration). © Wikimedia Commons CC0 François-Edmond Fortier

L’artiste béninois Roméo Mivekannin présente sa première exposition au Sénégal jusqu'au 5 juin dans la galerie Cécile Fakhoury de Dakar. Une exposition nommée Hosties noires qui s’attache à la figure des tirailleurs sénégalais, en fait venus de plusieurs pays d’Afrique. Ses œuvres s’inspirent de documents d’archives coloniales - des cartes postales qui représentaient des femmes de tirailleurs dans les tâches de la vie quotidienne.

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

Des personnages à échelle humaine sont peints sur de grands draps teintés de marron. Roméo Mivekannin a reproduit les cartes postales envoyées par les soldats français à leurs familles pendant la Première Guerre mondiale, alors qu’ils attendaient sur le front au nord du Maroc en compagnie des tirailleurs sénégalais. Des archives qu’il s’est réapproprié.

Car l’artiste a introduit son autoportrait sur les corps des femmes et des enfants. « Ce visage nous regarde de côté, de haut, commente la galeriste Delphine Lopez. Il y a vraiment l’idée en fait de renvoyer notre propre regard. Quelle est l’image que l’on regarde et qu’est-ce que cette image nous dit, à nous, visiteurs du XIXe siècle ? »

Lectures de cartes postales écrites par les soldats français

Des installations sonores permettent d’entendre les textes de ces cartes postales, écrites par les soldats français : « C’est l’idée de faire entendre ces mots, qui sont des mots très durs, mais qui sont toujours assez ambigus, poursuit Delphine Lopez. C’était très important pour Roméo d’avoir des actrices qui interprètent ces mots d’homme et aussi des acteurs d’origine africaine, qui viennent aussi interpréter et s’emparer de cette histoire-là »

Khady Niane, étudiante aux beaux-arts, est venue découvrir cet artiste béninois : « Dans le programme sénégalais, on nous apprend l’histoire coloniale. Ce n’est pas écrit par nous, donc il n’y a pas de sentiment encore dedans. Je pense que c’est à chacun de s’approprier sa culture. »

Deux autres artistes vont exposer sur l’histoire des tirailleurs sénégalais dans la galerie le Manège à partir du 22 mai prochain.

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