Le 5 août 1960, la Haute-Volta, future Burkina Faso, devient indépendante

La ratification de l'indépendance de la Haute-Volta entre Louis Jacquinot et Maurice Yaméogo le 4 août 1960.
La ratification de l'indépendance de la Haute-Volta entre Louis Jacquinot et Maurice Yaméogo le 4 août 1960. Domaine public

Le 5 août 1960, Maurice Yaméogo proclame l'indépendance de la Haute-Volta à la radiodiffusion nationale.  Les Africains prennent les rênes du pouvoir. La population qui ne bénéficie pas des mêmes droits que les colons français accueille ce jour avec soulagement. 

Démantelée en 1932 pour fournir de la main d’œuvre aux colonies voisines (Soudan français actuel Mali, Niger, Côte d'Ivoire), la Haute-Volta est reconstituée en 1947 avec les droits acquis des colonies françaises d'Afrique dont la représentation nationale. La Haute-Volta, territoire pauvre, ne bénéficie alors d'aucune politique de mise en valeur. En mars 1957, la nouvelle Assemblée territoriale est élue au suffrage universel. Elle désigne un gouvernement de douze membres présidé par Ouezzin Coulibaly, l'un des grands leaders africains, mort en 1958.

Le 28 septembre 1958, la Haute-Volta répond « oui » au référendum proposé par le général de Gaulle. Elle devient donc une République autonome le 11 décembre 1958, au sein de la Communauté fondée par de Gaulle. Maurice Yaméogo s'impose comme le chef du gouvernement. En mars 1959, le pays se retire du projet de Fédération du Mali qui réunissait la Haute-Volta, le Soudan français, le Dahomey et le Sénégal. Elle adhèrera deux mois plus tard au Conseil de l'entente ( Niger, Dahomey actuel Bénin, Côte d'Ivoire) mené par l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. 

► À (ré)écouter : Mémoire d'un continent : 5 août 1960 : indépendance de la Haute-Volta

Le 11 décembre 1959, un an après la naissance de la République de Haute-Volta, Maurice Yaméogo dans un discours, marque son attachement aux symboles et aux emblèmes de la jeune République et notamment aux trois couleurs de son drapeau (noir, blanc, rouge) qui sont celles des trois affluents du fleuve Volta, les Volta noire, blanche et rouge.

Le 5 août 1960, entouré des présidents du Dahomey, Hubert Maga, du Niger, Hamani Diori et de la Côte d'Ivoire, avec Félix Houphouët-Boigny, Maurice Yaméogo, sur les ondes de la radio nationale s'adresse à ses concitoyens : « Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta. Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de l’homme voltaïque. Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre nation, j’exprime ma profonde reconnaissance à tous les artisans de notre indépendance nationale ». Maurice Yaméogo, 39 ans, entre dans l'histoire à jamais. En décembre 1960, il est confirmé à la tête du pouvoir par une Assemblée nationale composée majoritairement de membres du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.), parti unique.

Le pays est admis à l'ONU en septembre 1960. 

À l’indépendance, l'opposition est rendue muette dans le pays. Maurice Yaméogo met petit à petit en place un pouvoir personnel. De nombreux opposants sont arrêtés, les concurrents écartés grâce à des nominations à des postes de prestige. Son train de vie (voyage coûteux), sa vie privée (répudiation de sa première épouse) et sa politique d'austérité (diminution des salaires des fonctionnaires, augmentation des impôts…) provoquent des remous de plus en plus importants. La population ne voit pas venir les bénéfices de l'indépendance.

En avril 1961, Maurice Yaméogo se rend en France pour signer les accords de coopération.  Et celui qui avait remercié le général de Gaulle pour son « courage » et sa « magnifique lucidité » prend ses distances en refusant d'accorder des bases militaires à la France. Maurice Yaméogo ne souhaite pas hypothéquer en permanence sa sécurité extérieure par l'intégration explicite ou implicite à un bloc militaire. Toutefois, la plupart des décisions prises, surtout en ce qui concerne les questions budgétaires, les questions économiques, restent très influencées par les décisions des assistants techniques français.

En janvier 1966, un soulèvement populaire sous l’impulsion des syndicats voit le jour, l'armée prend le pouvoir. Le général Sangoulé Lamizana devient président. Il restera près de 15 ans à la tête du pays.

Le 4 août 1984, Thomas Sankara renomme la Haute-Volta en Burkina-Faso, le « pays des hommes intègres ». Le drapeau et l’hymne changent.