Jeune migrant mort noyé : “quand je l’ai vu, je suis restée figée”

imagesLa publication des photos du corps sur une plage turque d’un petit garçon mort noyé après le naufrage de deux embarcations de réfugiés syriens tentant de rallier la Grèce suscitait des réactions d’horreur mercredi soir dans la presse et sur les réseaux sociaux. (…) En les photographiant, j’ai simplement voulu refléter le drame de ces gens”, a-t-elle ajouté avec pudeur.

Les images étaient aussi largement commentées dans la presse européenne. Selon le quotidien britannique The Guardian, elles résument “toute l’horreur du drame humain qui se déroule sur les côtes européennes”.(…) En Italie, le quotidien italien La Repubblica a tweeté “La photo qui fait taire le monde”, et en Espagne, le journal El Pais en faisait le “symbole du drame migratoire”. Pour El Mundo, la photo de “l’enfant de la plage” fait “désormais partie de l’album migratoire de l’infamie”, tandis qu’El Periodico reproduisait aussi l’image en une avec le titre “Naufrage de l’Europe”. Depuis plusieurs mois, un nombre croissant de migrants, pour l’essentiel des Syriens, des Afghans et des Africains, tentent de traverser dans des conditions périlleuses la mer Egée pour rejoindre les îles grecques, portes d’entrées de l’Union européenne (UE).

Dorian de Meeûs, rédacteur en chef de LaLibre.be, s’explique: “Malgré des hésitations légitimes, nous pensons que montrer ce cliché insoutenable pourrait faire évoluer les consciences au sujet de la condition des migrants. Montrer des victimes décédées est contraire à nos habitudes, mais il faut pouvoir admettre que des exceptions s’imposent. Ce cliché nous fait penser à nos enfants, neveux ou voisins, mais il ne reflète en réalité que ce que trop de gens préfèrent ignorer ou sous-estimer, le drame humain qui explique l’afflux de réfugiés prêts à tout pour s’enfuir. Quoi qu’on en pense, l’actuelle crise des migrants est bel et bien le principal défi de l’Union européenne en ce moment. Un défi qu’il faut pouvoir voir en face, les yeux ouverts, même si cela provoque tristesse ou gêne. Ces sentiments ne sont rien à côté de la détresse des réfugiés.”  (La Libre/02 septembre 2015/AFP)

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L´hospitalité d´abord (edito arcre)

image_content_3596628_20150909153010La reprise des activités après la période estivale est marquée par l´augmentation massive de réfugiés en Europe. Son ampleur rappelle l´exode des populations européennes provoqué, surtout, lors deux dernières guerres mondiales.

Le problème des réfugiés est devenu un sujet récurrent dans les Media. ARCRE s´en est fait l´écho abondamment. Certains trouveront notre insistance exagérée, voire même peu conforme aux objectifs de travail du dialogue interreligieux.

Les liens entre dialogue interreligieux et le drame vécu par les réfugiés en quête d´accueil semblent pourtant évidents. Loin d´être un sujet abstrait de discussion théologique, la rencontre interreligieuse prend ses racines dans la reconnaissance de l´autre, le geste de l´accueil et de l´hospitalité. Tout comme l´amour inconditionnel, l´hospitalité ne rejette ni ne discrimine personne. Dans toutes les cultures l´hospitalité a, depuis toujours, été considérée comme un devoir sacré.

Le théologien Léonard Boff, dans sa trilogie « Vertus pour un autre monde possible » signale l´hospitalité, le vivre ensemble, le respect et la tolérance, comme les vertus les plus nécessaires pour la paix dans le contexte d´un monde qui se globalise de plus en plus. A l´opposé, ce sont la xénophobie, le racisme, les fondamentalismes religieux et les nationalismes qui sont à l´origine des guerres et des exodes dont nous sommes les témoins.

Face au drame provoqué par la guerre au Moyen Orient et dans d´autres parties du monde s´impose, donc, le devoir sacré de l´hospitalité, une hospitalité bienveillante et généreuse, sans peur ni réticences et respectueuse des convictions personnelles.

Donc, l´hospitalité d´abord, car le secours aux personnes en détresse est le geste primordial. Afficher « fermé » quand les gens sont dehors, sous les intempéries, sans abri, en train de mourir de faim et de froid, n´est ni humain ni chrétien. Ceci devrait, évidemment, être accompagné de politiques permettant une insertion viable, intégrée et ordonnée des réfugiés dans les différents pays d´accueil. Les réfugiés, eux, ne devraient pas oublier que l´hospitalité se joue sur le volet des droits et des devoirs de tous envers tous.

ARCRE

 

L’Europe peut faire plus pour protéger les réfugiés

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Une opinion de Nils Muiznieks, commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Depuis de nombreuses années, les pays européens ont été avertis que leurs systèmes d’asile et d’immigration étaient inadaptés. Aujourd’hui, avec l’afflux croissant de réfugiés et les tragédies de plus en plus fréquentes, ce système révèle toutes ses faiblesses. Mais les arrivées de réfugiés ne sont pas la cause réelle de cet effondrement. La véritable raison en est politique.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, un peu plus de 430 000 demandes d’asile ont été déposées dans les Etats membres de l’Union européenne depuis janvier. 40 % d’entre elles ont été déposées en Allemagne, tandis que la Hongrie s’est chargée d’un quart des demandes restantes. Cela signifie que 26 pays de l’UE traitent à peine un peu plus de 180 000 demandes d’asile, un effort qui est loin d’être héroïque.

Même en incluant les presque 300 000 personnes qui sont arrivées en Italie et en Grèce depuis janvier – pour la plupart des Syriens qui se verront octroyer l’asile – nous sommes loin de connaître les véritables pressions migratoires exercées par les flux de réfugiés dans des pays beaucoup moins riches et moins stables comme le Pakistan, le Liban et l’Ethiopie, ou, beaucoup plus près de nous, la Turquie, qui héberge près de deux millions de réfugiés syriens.

Malheureusement, beaucoup trop souvent, les responsables politiques ignorent les faits. A l’exception notable de l’Allemagne, dans la majorité des pays de l’UE, les responsables politiques se font concurrence pour renvoyer des images négatives à l’opinion publique.

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Migrants-réfugiés: des clichés qui ont la vie dure

55-National-Stereotypes-that-will-Ruin-or-Make-your-DayEntre idées reçues, fantasmes alarmistes et vérités très partielles, les discours qui circulent au sujet des demandeurs d’asile sont pollués par une foule de stéréotypes. En voici certains:

“On ne peut pas accueillir toute la misère du monde”

“Ils vont prendre le travail des Belges”

“Les musulmans vont devenir majoritaires”

“Ils viennent pour profiter du système”

“Ils ne s’intégreront pas et risquent de tomber dans la délinquance”

“Le risque terroriste va augmenter”

Tentative d´éclairage. (Source: La Libre/09.09.15/ François Brabant)

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