Déclaration du Forum des Peuples a Gao (MALI)

5° édition du 15 au 17 Juillet 2006

Banderole annonçant le sommet

Préambule


Le Forum des Peuples a réuni à GAO (Mali) du 15 au 17 juillet 2006, les représentants des mouvements sociaux des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali, Maroc, Niger, Belgique, Canada, France, Ecosse.

Comme les précédentes, la présente édition se tient au moment où se déroule le Sommet du G8 à Saint Petersbourg (Russie) dans un contexte mondial marqué par une exacerbation des tensions et des conflits de toutes sortes (Darfour, Côte d’Ivoire, Proche Orient, Corée du Nord, Iran, Afghanistan, Tchétchénie…) et la crise énergétique.

Au terme de quatre jours d’échanges dans le cadre des ateliers et des conférences-débats, de soirées culturelles, les participants ont adopté la déclaration ci-après :

Atelier au sommet de Gao

Considérant :


La gravité des crises économiques, politiques, sociales, culturelles et structurelles persistantes sur le continent africain, conséquences de notre insertion forcée dans le système capitaliste néolibéral mondialisé entraînant une forte poussée de la pauvreté et de la misère,

L’absence d’une réelle volonté politique des dirigeants des Etats africains de rompre avec l’ordre néolibéral imposé par les institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale) pour jeter les bases d’un développement autonome répondant aux aspirations profondes des citoyens,

Le fardeau de la dette qui constitue un obstacle majeur au développement du continent africain et annihile toute possibilité d’investissement productif, l’accès aux services sociaux de base (éducation, eau, santé, électricité),

La poursuite aveugle des privatisations (bradages systématiques) des secteurs stratégiques vitaux tels que l’eau, l’électricité, les télécommunications, les transports, avec son cortège de malheurs comme le chômage, la pauvreté, la prostitution, le crime organisé, l’insécurité grandissante dans les villes et les campagnes, la destruction du tissu familial,

La prise de contrôle total de nos ressources naturelles par les compagnies multinationales qui imposent leur diktat à nos États par le chantage, la corruption, les pressions politiques,

Les menaces du G8 pour une finalisation arbitraire des cycles de négociations de Doha (Qatar) dans le cadre de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) institution décrédibilisée et désavouée par ses décisions anti-démocratiques et son allégeance totale aux puissances financières et aux multinationales qui régentent le monde en vue d’une libéralisation totale des échanges d’ici un mois (avant fin août 2006),

Les atteintes graves aux droits de l’homme en général, aux droits d’asile en particulier, à la liberté de circulation des personnes dont se sont rendus coupables les pays européens et leurs sous traitants dans le cadre de leur politique répressive et sélective de l’immigration,

Le caractère inique des accords de partenariat économique ACP-UE, lesquels se déroulent sans une prise en compte de la société civile,

Le Père Jacques Lacour du SEDELAN était présent

Le Forum des peuples exige :



Le rejet des politiques néo-libérales (NEPAD, Accords de Partenariat Economique ACP-UE, AGOA, Consensus de Washington…) et l’élaboration des politiques de développement qui tiennent compte des aspirations des peuples,

La suppression du FMI et de la Banque Mondiale et la mise sur pied d’institutions nouvelles contrôlées démocratiquement par les Etats et les citoyens,

L’annulation totale et inconditionnelle de la dette des Pays du Tiers-Monde en lieu et place des effets d’annonce et des opérations « poudre aux yeux » du G8.

La cessation des privatisations, la nationalisation des sociétés stratégiques déjà privatisées et l’arrêt du pillage systématique de nos ressources naturelles. A ce titre, nos parlements doivent légiférer pour changer le dispositif législatif, institutionnel et juridique afin de mieux protéger les intérêts des Etats et des citoyens,

Le rejet des OGM, la mise en œuvre de politiques de souveraineté alimentaire dans un cadre sous-régional et africain,

La cessation du dumping (prix en dessous des coûts de production) et l’instauration de règles de commerce international justes et équitables,

Atelier au sommet de Gao

Le Forum des Peuples de Gao


Rejette la politique répressive et sélective de l’immigration et l’instrumentalisation des Etats par les pays riches,

S’inquiète de la persistance des tensions au Darfour et en Côte d’Ivoire, de la dangereuse escalade au Proche Orient avec le cycle infernal de violences et de représailles ayant entraîné des pertes en vies humaines de part et d’autre,

Dénonce l’hypocrisie du G8 par rapport au conflit israélo-palestinien, l’occupation illégale et criminelle de l’Irak, et la gestion du nucléaire iranien.

Nous sommes partisans des frontières ouvertes, pour la solidarité entre les peuples et les travailleurs, pour l’unité d’action entre les forces sociales et syndicales et pour l’instauration d’un monde plus juste et humain.