abc Burkina n° 219 |
Nyéléni : Capitale de la Souveraineté alimentaire ! |
Nyéléni,
c'est le nom d'une femme malienne du 13° siècle qui a
brillé par ses talents d'agricultrice. C'est aussi le nom
du centre de rencontre de Sélingué au Mali. Créé
à cet effet, C'est ainsi que du 23 au 27 février 2007, nous, plus de 500 représentants de plus de 80 pays des 5 continents, d’organisations de paysans, de pêcheurs traditionnels, de peuples autochtones, de peuples sans terre, de travailleurs ruraux, de migrants, d’éleveurs nomades, de communautés habitant les forêts, de femmes, de jeunes, de consommateurs, de mouvements écologistes et urbains, nous nous sommes réunis dans le village de Nyéléni à Sélingué, au Mali,. Venus de près de 100 pays des 5 continents, nous avons partagé nos expériences, lié des alliances et des amitiés. Agriculteurs, éleveurs, pêcheurs..., nous étions tous unis par une même détermination. Tout faire pour que la souveraineté alimentaire (ce droit des peuples à définir leur politique agricole et alimentaire, et donc le droit de la protéger notamment par des taxes à l'importation) soit reconnue par la communauté internationale. En d'autres termes, il s'agissait de tracer un chemin pour que chaque peuple puisse, pour l'essentiel, consommer ce qu'il produit, et produire ce qu'il consomme. Ce forum a été, à plusieurs titres, une grande réussite. Aujourd'hui, je ne parlerai que de la restauration. Elle prend toute son importance quand on échange sur la Souveraineté alimentaire ! Pendant 5 jours, nous avons pris trois repas par jour (petit-déjeuner, déjeuner, dîner) préparés par une équipe de femmes maliennes de la CNOP (Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali) à partir de produits de l'agriculture malienne. Pas de macaroni, ni de vieux riz thaïlandais ! Ces plats maliens ont été appréciés par tous les participants venus, comme nous l'avons vu, des 5 continents. Oui, bravo et merci aux organisateurs du forum, et à l'équipe de restauration qui nous ont permis de vivre "la souveraineté alimentaire" en acte. Nous avons apprécié les plats de niébé (haricot), de riz Gambiaca (un riz malien de haute qualité), de fonio (une céréale du Sahel) aux arachides, ainsi que les beignets de petit mil et le quinqueliba (infusion d'une plante sahélienne que certains ont pris pour du thé à la menthe !) pour le petit-déjeuner... Ceux qui, comme moi, apprécient un bon morceau de viande ont été bien servis (boeuf et mouton); les végétariens n'ont pas été oubliés... Notre conviction en sort renforcée. Il est tout à fait possible de produire et consommer local sans sacrifier la qualité. Les ressources culinaires du Sahel ne devraient pas être boudées par la restauration moderne de nos pays. Pourquoi ne pas créer un label "Souveraineté alimentaire" pour les restaurants qui offriraient une bonne carte de plats sahéliens de qualité. Déjà, les femmes de la Confédération Paysanne du Faso (CPF), ont improvisé une rencontre avec Madame Aminata Diarra, responsable de la restauration, pour pouvoir mieux s'inspirer de cette expérience malienne. Elles sont déterminées à prendre en charge la restauration du prochain Forum Social du Burkina qui se tiendra près de Ouagadougou, du 28 au 30 mars 2007 (contact Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), pourvu qu'on leur en confie la responsabilité et qu'on leur en donne les moyens. Par là, elles souhaitent montrer qu'il est possible, mieux, qu'il est bon, de produire et consommer burkinabè. Oui, la souveraineté alimentaire est en marche.
Maurice
Oudet, le 28 février 2007 Pour lire et
imprimer la déclaration de Nyéléni,
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