L'Église lance un appel
pour mieux accueillir et intégrer les migrants

 
Des bénévoles distribuent de la nourriture à des migrants qui occupent l'église Saint-Ferréol à Marseille,
novembre 2017. © Boris Horvat/AFP
 

Dans un texte publié ce mercredi 10 janvier, la Conférence des évêques de France demande aux responsables politiques que soient prises des mesures fortes pour un meilleur accueil et une vraie intégration des migrants. Interview du P. Carlos Caetano,  directeur du Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes.

À propos de l'article

  • Créé le 10/01/2018
  • Publié par :Agnès Chareton
  • Édité par :Sabine Harreau
  • Publié dans Pèlerin
    n°10 janvier 2018

Pèlerin. A quelques jours de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, le 14 janvier prochain, l’Église de France lance un appel sur les migrants. Que demandent les évêques ?

Identité Carlos Caetano

P. Carlos Caetano. Ils font des propositions concrètes en s’inspirant des quatre verbes du pape François, « accueillir, protéger, promouvoir, intégrer » (1). Ils demandent à l’État d’élargir les voies d’accès légales permettant aux réfugiés de se rendre en France, via l’octroi de plus de visas humanitaires, et de développer des programmes de réinstallation sur le territoire français.

 

Les évêques lancent un cri d’alarme sur la situation des mineurs migrants isolés

 

Les évêques lancent un cri d’alarme sur la situation des mineurs migrants isolés, dont le nombre ne cesse de croître en France. Certains sont renvoyés à la frontière au mépris de leurs droits, définis par la Convention internationale des droits de l’enfant, qui n’est pas respectée.

L’Église demande également que les migrants aient la possibilité de travailler, d’avoir accès aux études ou à une formation, dès la phase d’examen de leur demande d’asile. Le travail constitue en effet une dimension fondamentale de l’existence humaine. C’est une question de dignité.

Dans cet appel, les évêques invitent les chrétiens et l’ensemble des Français à changer leur regard sur les réfugiés. Cela passe par la mise en valeur des éléments de leur patrimoine culturel et spirituel. Il faut aussi montrer qu’ils veulent contribuer à la construction nationale.

Ce changement de regard doit aussi concerner ceux qui font preuve de solidarité à leur égard. Trop souvent, ils font l’objet d’hostilité. Cessons cette pénalisation de la solidarité.


Terrorisme, islamisme, choc culturel... Certains chrétiens expriment des craintes face à cet afflux migratoire…

Les évêques entendent la crainte sécuritaire que beaucoup expriment face à la situation migratoire. Nous sommes conscients que parler d’accueil généreux, fraternel et solidaire peut susciter des réticences.

 

Nous sommes conscients que parler d’accueil généreux, fraternel et solidaire peut susciter des réticences.

 

Cette situation se révèle d’autant plus anxiogène que l’arrivée des réfugiés semble parfois trop peu organisée. D’où l’importance de mettre en place des voies d’accès légales afin de concilier la sécurité des citoyens français et celle des personnes accueillies.

Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de véritable accueil sans accompagner les personnes sur un chemin d’intégration.


Qu’ont fait les catholiques en France depuis l’appel du pape à accueillir des réfugiés, en 2015 ?

Au moins 3000 d’entre eux ont été accueillis par les paroisses ou à travers des programmes portés par l’Ordre de Malte, les jésuites (JRS Welcome), la communauté de Sant’Egidio, etc. L’an dernier, « les couloirs humanitaires » ont permis d’accueillir en France 36 personnes, soit 10 familles, originaires d’Irak et de Syrie.

En tout, le protocole signé le 14 mars 2017 avec l’Etat par la Conférence des évêques de France, le Secours catholique, la Communauté de Sant’Egidio, la Fédération Protestante de France (FPF) et la Fédération d’Entraide Protestante (FEP) prévoit l’accueil et l’accompagnement vers l’intégration de 500 réfugiés, actuellement au Liban.

Nous sommes conscients que ce n’est pas 500 réfugiés accueillis qui permettront de résoudre la crise migratoire. Ce projet est modeste, mais il est précieux : c’est un signe qu’il est possible de promouvoir ensemble un accueil généreux des réfugiés.


Comment les chrétiens peuvent-ils continuer à se mobiliser aujourd’hui ?

Les paroisses ont encore de larges capacités d’accueil. Nous invitons les communautés à continuer à s’organiser pour accueillir les migrants qui arrivent encore.

 

L’expérience de l’accueil nous aide à comprendre certains éléments de notre foi.

 

L’expérience de l’accueil nous aide à comprendre certains éléments de notre foi que l’on n’avait pas encore bien saisis. Nous devons mener un discernement théologique et pastoral sur le phénomène migratoire. Il dit quelque chose à l’Église.