Israël : le gouvernement Netanyahou
a démarré l’emprisonnement des migrants africains
Le gouvernement de Benyamin Netanyahou avait posé un ultimatum aux migrants subsahariens en situation irrégulière : soit ils quittent le territoire avant fin mars, soit ils sont emprisonnés. Les premières incarcérations ont démarré, provoquant manifestations et grèves de la faim dans les centres de rétention.
« Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des réfugiés ». « Pas d’expulsion, plus de prison, nous ne sommes pas à vendre, nous sommes des demandeurs d’asile, ramenez nos frères ». Frappant dans leurs mains au-dessus de leurs têtes, plusieurs centaines de migrants ont protesté jeudi 23 février devant la prison de Saharonim où, selon eux, au moins 12 d’entre eux sont détenus depuis mardi.
Ils brandissaient des pancartes proclamant : « Arrêtez l’expulsion de réfugiés innocents » ou encore « nous ne sommes pas des criminels ». « Nous sommes ici pour demander l’asile, pas pour travailler ou devenir riches », a expliqué à l’Agence France Presse un des manifestants, Muluebrhan Ghebrihimet, un Érythréen de 27 ans. Arrivé en Israël il y à six ans, il a dit avoir déposé une demande d’asile qui a été rejetée et ne pas savoir quand il sera envoyé en prison.
Un autre manifestant érythréen, Tesfazgi Asgodom, 33 ans, explique avoir reçu il y a un mois une injonction de quitter le pays faute de quoi il irait en prison. « L’expulsion n’est pas une alternative », dit-il ajoutant que les migrants qui ont quitté Israël et sont repartis en Afrique ont eu un triste sort.
La porte-parole du service des prisons a indiqué de son côté que neuf migrants avaient été incarcérés. Des centaines de détenus d’Holot, un centre de rétention ouvert où les migrants sont tenus d’émarger le soir, se sont mis en grève de la faim mardi soir, selon les organisations d’aide.
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Une politique d’expulsion systématique
Sur les 15 400 demandes d’asile de migrants africains enregistrées à ce jour, onze ont reçu une réponse favorable
Israël se prépare à expulser des milliers d’Érythréens et de Soudanais entrés illégalement dans le pays et qui n’ont pas de demande d’asile en cours d’instruction. Il leur donne le choix : partir d’ici à début avril – soit pour leur pays d’origine soit pour un pays tiers- ou aller en prison indéfiniment.
Les autorités ont procédé cette semaine aux premières arrestations en vertu de ce plan. Elles ont transféré mardi à la prison de Saharonim, dans le sud du pays, les premiers migrants érythréens détenus jusqu’alors au centre de rétention d’Holot, non loin de la prison, et qui ont refusé de partir. Le plan concerne dans un premier temps les hommes seuls qui n’ont pas soumis de demande d’asile, ou dont la demande a été rejetée.
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Sur les 15 400 demandes d’asile de migrants africains enregistrées à ce jour, onze seulement ont reçu une réponse favorable. Moins de la moitié ont été traitées.
Le secret sur les pays « d’accueil »
Le gouvernement garde secret le nom du ou des pays avec lesquels il se serait entendu pour accueillir les migrants expulsés d’Israël. Les organisations d’aide parlent surtout du Rwanda, qui, comme l’Ouganda, a démenti.
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Une nouvelle manifestation est prévue samedi soir à Tel-Aviv, qui, selon la police, pourrait rassembler 5 000 personnes près de la gare routière, quartier où vivent de nombreux Africains.
La présence de ces migrants a causé des frictions avec les Israéliens, en particulier dans le sud de Tel-Aviv, la capitale économique du pays, où nombre d’entre eux se sont installés, vivant pour beaucoup de petits boulots ou d’expédients. Les protestations de la population criant à l’insécurité et à la coexistence impossible ont trouvé l’oreille attentive du gouvernement de Benyamin Netanyahou, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël.
Benyamin Netanyahou a promis de « rendre » le sud de Tel-Aviv aux citoyens israéliens. Des responsables religieux et conservateurs ont aussi présenté ces migrants musulmans ou chrétiens comme une menace pour l’identité juive d’Israël. Selon le ministère de l’Intérieur, 42 000 migrants africains vivent en Israël, dont la moitié d’enfants, de femmes ou d’hommes qui ont des familles et ne sont pas menacés par l’échéance du 1er avril.
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Ces migrants sont arrivés très majoritairement après 2007 en s’infiltrant à partir du Sinaï égyptien. La frontière à l’époque poreuse avec l’Egypte a depuis été rendue quasiment hermétique, mettant fin aux passages clandestins. Le plan du gouvernement a suscité une large réprobation, de la part de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), d’intellectuels, de médecins, voire de survivant de l’Holocauste.