Niger: les autorités s’inquiètent de la présence des réfugiés soudanais à Agadez
Nous reparlons de la précarité au Niger, des réfugiés soudanais originaires du Darfour. Depuis décembre 2017, près de 2 000 personnes affluent de manière ponctuelle sur Agadez. Leur statut reste flou, dans cette ville du centre du pays déjà préoccupée par la gestion des migrants qui abandonnent leur voyage pour l'Europe.
Ils ont traversé le désert avec un sac à dos ou une petite valise : près de 2 000 réfugiés soudanais, originaires du Darfour, ont fui la Libye ces derniers mois pour gagner le Niger. Bien souvent, ces personnes ont fait la difficile expérience de la détention en Libye. Certains réfugiés racontent avoir été victimes de pratiques esclavagistes dans des sites agricoles.
Ils arrivent à Agadez l’esprit bouleversé, avec un statut qui reste encore flou, comme l'explique Vincent Cochetel, l'envoyé spécial du Haut Commissariat aux réfugiés dans le sud de la méditerranée. « Il faut qu’on comprenne mieux un petit peu le mouvement. Il faut vraiment séparer les gens en sous-groupes en fonction des motifs pour lesquels ils ont quitté le Soudan, le Tchad et essayer de trouver des solutions différenciées pour ces gens-là. Et puis il y a une grande peur au niveau des autorités du Niger que toute action positive entraine un appel d’air, parce qu’il y a malheureusement d’autres milliers de Soudanais et autres ressortissants de pays tiers du Sahel. »
À Agadez, habitants et autorités expriment un certain scepticisme sur la présence de ces personnes, notamment Rhissa Feltou, le maire de la ville. « Nous avons une masse importante, plus d’un millier de Soudanais qui sont passés par Agadez. Et cela crée encore un phénomène nouveau qui nous préoccupe. Ces personnes-là, malheureusement, sont dans une situation parfois un peu difficile à soutenir. Au regard effectivement de l’insécurité, de l’instabilité de la Libye, je pense que les menaces sont là et existent. »
Signe de leur précarité : il y a une dizaine de jours, 145 demandeurs d'asile ont été expulsés vers la Libye, notamment en raison de questions d'ordre sécuritaire.