Forum de Bamako au Mali:
l’immigration au cœur des rencontres
© REUTERS/Luc Gnago
Les travaux de la 19e édition du forum de Bamako ont commencé jeudi 21 février 2019, inaugurés par le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga. Des intellectuels, des hommes de culture, des universitaires et des responsables d'ONG d'Afrique et d'Europe échangent pendant trois jours autour du thème « Immigration : dynamique entre l'Europe et l'Afrique. Opportunité ou menace ? ».
Migration, regards croisés, mais sans passion, c’est l’ambition de la rencontre de Bamako. Des chercheurs, universitaires, intellectuels, diplomates et décideurs se sont donné rendez-vous pour trois jours afin de faire l’état des lieux autour d’un sujet d’actualité.
« Comment construire des ponts et pas des murs et quelles sont les synergies à trouver entre partenaires, aussi bien de la société civile que des décideurs politiques ? », c’est l’ambition affichée de Khady Sakho Niang, la présidente de la plate-forme dénommée Afrique-Europe.
Partage des responsabilités
« L’Europe forteresse », l’expression a été utilisée à plusieurs reprises, lors des travaux de ce jeudi 21 février. La ruée vers l’Europe, malgré les risques des morts en mer, dans le désert, sur les routes de l’immigration clandestine, interpelle les consciences, a-t-on également entendu.
Khady Sakho Niang parle sur ce sujet de responsabilités partagées : « Les solutions partagées, mais aussi les responsabilités partagées. La responsabilité des pays du Sud, c’est d’essayer de créer des opportunités. Des opportunités d’emploi. Je ne dirais pas de développement, parce que je l’ai dit ce matin, ce n’est pas le développement qui va freiner l’immigration. »
Tous les intervenants devront répondre à plusieurs autres questions telles que : que faire ensemble ? Quelle dynamique entre l’Afrique et l’Europe ?
Migration: « les émigrés maliens envoient 500 milliards
de FCFA par an »
Vendredi 22 février à 15h 02
Le Mali compte environ 4 millions d'émigrés à travers le monde.
Plus de 3 millions d'entre eux se trouvent en Afrique.
Cette diaspora malienne envoie plus de 500 milliards par an dans le pays.
Les autorités maliennes ont rappelé ces chiffres hier au Forum de Bamako.
La contribution des migrants africains dans leurs pays d'origine dépasse
trois fois l'aide au développement, selon la Banque mondiale.
Elle est estimée à 15.000 milliards de FCFA par an dont 500 milliards au Mali.
Au cours du Forum de Bamako, certains spécialistes ont estimé que la migration
profite aux pays de départ, de transit et même d'accueil.
Elle est devenue un fond de commerce pour bon nombre de personnes,
déclare le Président du Forum de Bamako, Abdallah Coulibaly.
Cependant, en 2018, plus de 2260 migrants ont péri en tentant de traverser
la Méditerranée, selon l'ONU.
Et c'est dans ce contexte que le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga
a rappelé que la politique migratoire du Mali vise à faire comprendre aux Maliens
que leur El-dorado se trouve d'abord dans leur pays. Pourtant, parmi les causes
de l'émigration qui ont été soulevées au cours de ce forum, figurent la mauvaise
gouvernance, la corruption, le manque d'emploi et de politique migratoire
adéquate.
Aujourd'hui, le monde enregistre près de 300 millions de migrants
internationaux dont 48% sont des femmes. Selon les dernières données,
on estime à plus de 36 millions le nombre d’enfants migrants.
Le migrant est vu comme une menace avec le terrorisme en Europe,
déplore Pascal Boniface. Le Directeur de l'institut des relations internationales
et stratégiques estime aussi que “quand on ne peut pas changer de gouvernement,
on change de pays”. Selon lui, une bonne gouvernance en Afrique réduira le taux
d'émigration dans cette zone.
Pascal Boniface, directeur de l'institut des relations internationales et stratégiques.
