Niger : inquiets pour leur avenir, les employés d’Orange en grève
Les employés d'Orange au Niger ont entamé mardi 20 août une grève de deux jours. Objectif : obtenir des négociations salariales et débattre de l'avenir de la filiale nigérienne de l'entreprise française, en négociation avec des actionnaires minoritaires d'Orange Niger concernant sa cession.
« Nous avons lancé ce (mardi) matin une grève de deux jours qui est largement suivie sur l’ensemble du territoire », a affirmé Ali Hachimou, délégué du personnel d’Orange Niger. Selon lui, 388 des quelque 530 salariés d’Orange Niger ont rejoint le mouvement social.
Les communications sur le réseau Orange « ne sont pas encore paralysées », mais « si nous n’avons pas satisfaction, nous reconduirons la grève », a-t-il prévenu.
Les grévistes réclament « la reprise des négociations » sur « la révision d’un accord salarial », entamées avant la fermeture, en novembre 2018, de la société par le fisc nigérien pour « non-paiement d’impôt », a expliqué Ali Hachimou.
Ces négociations n’ont pas pu reprendre après la réouverture de la société en raison d’un « règlement préventif » de la direction, suspendant pour cinq mois « toute action sur les finances de l’entreprise », a-t-il expliqué.
Négociations avec des actionnaires minoritaires
« Orange Niger fait face à des difficultés financières importantes du fait de conditions de marché difficiles », a réagi Nathalie Chevrier, attachée de presse d’Orange à Paris.
Lancée en 2008, Orange Niger compte 2,4 millions de clients pour plus de 52 000 emplois directs et indirects au Niger, selon sa direction.
Les grévistes veulent également que leurs emplois soient préservés dans le cadre d’un éventuel contrat entre Orange et un repreneur. « Orange Niger a décidé de vendre des actifs (…), nous avons appris que 120 emplois seulement seraient maintenus par le nouveau repreneur après deux ans » de gestion, a ajouté Ali Hachimou.
Selon le site d’informations exclusives, Jeune Afrique Business+, c’est avec ses actionnaires minoritaires qu’Orange négocie la cession de sa filiale au Niger, et non plus avec Telecel, contrôlé par Niel Finance and Services, auparavant pressenti. L’homme d’affaire nigérien Mohamed Rissa et le Malien Moctar Thiam viennent en effet d’exercer leur droit de préemption, selon nos informations. Orange, dont la direction financière gère le dossier en direct, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Redressement fiscal
Le groupe a seulement indiqué qu’il privilégie « la recherche d’un partenaire capable d’accompagner le redressement et le développement de l’entreprise », a expliqué à l’AFP Nathalie Chevrier. « Dans tous les cas, Orange Niger a fait de la préservation des emplois, une condition essentielle à la reprise de ses activités », a-t-elle assuré.
En novembre 2018, le fisc nigérien avait fermé pendant 40 jours les locaux d’Orange Niger à Niamey pour « non-paiement d’impôt ». La filiale nigérienne d’Orange avait qualifié de « contestable » cette fermeture, consécutive à un redressement fiscal de 22 milliards de francs CFA (33 millions d’euros) qui représentait « près de 50% (de son) chiffre d’affaires ».
Orange Niger avait d’ailleurs prévenu que « la continuité de l’entreprise » était « gravement menacée par ces décisions unilatérales et disproportionnées ».