Mauvaise année commerciale pour l’Union ouest-africaine
En 2018, les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont davantage importé de produits pétroliers et de biens et services que l’an dernier. Et moins exporté de produits agricoles. Résultat : un solde commercial en baisse de 2,8 %.
En 2018, l’activité économique est restée vigoureuse en Afrique de l’Ouest mais le déficit commercial s’est sensiblement creusé. Telle est la conclusion du dernier rapport de la BCEAO sur les relations commerciales de la zone l’an dernier.
Sur cette période, le solde des échanges s’est ainsi dégradé pour s’inscrire en baisse de 2,8 % en 2018, contre -0,2 % un an plus tôt. Un résultat attribuable à la hausse des importations de produits énergétiques et de biens d’équipements, d’une part, mais aussi au recul de certaines exportations agricoles, de l’autre.
Globalement les exportations de la zone se sont établies à 14 986, 8 milliards en 2018 (+1,4 %) par rapport au niveau enregistré un an auparavant. Cette évolution reflète la bonne tenue des expéditions des ventes d’or, de coton, de noix de cajou, de produits pétroliers ainsi que des recettes d’activités touristiques, en partie contrebalancées par le recul des exportations de caoutchouc (-14,4 %) et de cacao (-12,8 %).
Repli du prix du cacao
« Les cours du cacao sur les marchés internationaux ont connu une hausse de 7,8 % en 2018, après une baisse importante de 31,0 % en 2017 », relève l’étude de la BCEAO. « Dans le cas de l’Union, le prix moyen de vente à l’extérieur du cacao ivoirien a connu un repli d’environ 12 % en 2018, en lien avec les opérations de ventes à terme sur la base d’une hypothèse de repli du prix bord champ anticipé par rapport au niveau de 2017″.
L’an dernier, l’Europe a continué de concentrer près de 44 % des ventes de l’Uemoa devant l’Afrique. Sur le continent, les pays de l’Union ont surtout exporté de l’or, notamment en Afrique du Sud, des produits pétroliers, vers le Nigeria entre autres, et des produits chimiques. Les exportations vers l’Asie sont également en augmentation, avec l’Inde et la Chine comme principales destinations.
Rempart contre la volatilité du prix des matières premières, la diversification des produits exportés s’est accrue, particulièrement au Togo et au Sénégal où elle est plus notable que dans les autres pays. « Sur la période 2007-2018, l’indice de diversification affiche, globalement, une tendance haussière au Bénin, au Burkina et au Mali. Pour la Côte d’Ivoire, l’indice est resté quasi-stable sur la période sous revue, détaille l’étude.
Achats de produits pétroliers
« La Guinée-Bissau ressort comme le pays dont les exportations sont les moins diversifiées de l’Union, en lien avec la concentration de ses ventes à l’extérieur sur l’anacarde qui représente, en moyenne, plus de 95 % du total sur les cinq dernières années ».
Malgré ces efforts, les importations ont, elles aussi, sensiblement augmenté pour atteindre 16 817 milliards en 2018 (+13 %), et ce, en raison de la hausse des acquisitions à l’extérieur de produits énergétiques (+34,6 %) et de biens intermédiaires. Un résultat qui se solde par un repli de la balance des biens et services de l’Union de 7,7 % contre 5,5 % en 2017.
L’Union a principalement importés ses produits énergétiques d’Europe mais également d’Afrique, du Nigeria en l’occurrence. Selon la BCEAO, les principaux fournisseurs du marché régional sont « les trois raffineries de l’Uemoa (la Société Ivoirienne de Raffinage en Côte d’Ivoire, la Société Africaine de Raffinage au Sénégal et la Société de Raffinage de Zinder au Niger) et les sociétés pétrolières multinationales implantées dans l’Union tels que ADDAX, ORYX, TRAFIGURA, etc ».
La Côte d’Ivoire, grand exportateur régional
A l’intérieur de la zone, la Côte d’Ivoire et le Sénégal arrivent comme en 2017 en tête des fournisseurs intra-régionaux, avec respectivement 35,3 % et 24,7 % des exportations totales. A contrario, le Mali et le Burkina restent les premier et second importateurs au sein de la région.
« Au niveau interne, les économies ont tiré profit d’un environnement sociopolitique globalement favorable et d’un climat des affaires en amélioration, comme le montre le saut qualitatif de 17 places enregistré entre 2017 et 2018 par la Côte d’Ivoire, principale économie de l’Uemoa, dans l’édition 2018 du rapport Doing Business de la Banque Mondiale« , souligne le rapport.
« L’activité économique a également bénéficié du regain de dynamisme dans les échanges avec le Nigeria, principal partenaire commercial de certains États membres de l’Union, et de la poursuite par les pays de l’Uemoa de la réalisation des investissements dans les infrastructures socio-économiques ». Pour l’heure, les produits pétroliers arrivent encore en tête des échanges au sein de la région.