Les Missionnaires d'Afrique et les enfants de la rue à Ouagadougou
L'origine des ateliers
En 2004, les Missionnaires d'Afrique des Etats-Unis nous demandent si nous pouvons leur envoyer des cartes « batik » de Noël, pour envoyer à leurs bienfaiteurs. Nous nous lançons dans un projet un peu fou, avec des jeunes pas encore formés : fournir 150.000 cartes, du moins 1500 pagnes avec chacun 100 dessins de Noël : nous ne pouvons en effet assurer la peinture, le découpage et le collage sur des cartes, par manque de temps et d'organisation.
Nous embauchons une douzaine de jeunes de la rue, dont certains sont assez grands, pour les former au travail avec l'appui d'un moniteur qui connaît bien la question.
Nous louons une maison près de l'avenue Charles de Gaulle, où de nombreux enfants et jeunes de la rue se retrouvent. Les jeunes travaillent en principe les matinées, et ils reçoivent une allocation journalière, en fonction de leur présence au travail. A la fin du projet, nous pouvons installer ces jeunes, l'un avec une charrette et un âne, d'autres avec des barriques sur roulettes pour vendre de l'eau.
L'idée est née que cette cour que nous louons pourra devenir un mini centre de formation pour externes encore dans la rue.
Nous décidons d'embaucher à l'essai un mécanicien moto, ainsi qu'un couturier, le troisième atelier étant la fabrication des cartes : le moniteur est un des jeunes qui avait travaillé au projet et qui s'était montré particulièrement efficace et créateur.
Les jeunes, pour la plupart, sont encore dans la rue : ils viennent quatre matinées par semaine, peuvent se laver, laver leur linge, ont une allocation pour manger à midi les jours d'atelier. Certains retournent dans la rue, d'autres commencent déjà a entreprendre des démarches pour retourner en famille : les animateurs aident à la négociation pour le retour.
L'autre raison pour la création de cette « cour professionnelle » est que nous avons remarqué que, pour les tailleurs en particulier, il est difficile d'être tout de suite efficace lorsqu'on est placé chez un « patron-artisan ». Le risque est alors de se retrouver pendant des semaines à faire des petits travaux qui ne permettent pas à un jeune de progresser véritablement dans le métier. Le fait d'avoir à disposition un moniteur véritablement formateur à plein temps, et qui ne soit pas influencé par des problèmes de production et de rentabilité, est un atout très important pour le succès de l'entreprise.
Les nouvelles allant vite dans la rue, nous avons eu peu à peu un nombre grandissant de jeunes souhaitant recevoir une formation, et trouver dans la cour une ambiance sympathique, où ils peuvent également parler avec des adultes prêts à les écouter. A la veille de la saison des pluies 2005, nous avions plus de 25 personnes dans une maison devenant de jour en jour plus étroite pour le nombre.
Le projet « cartes » continue sur sa lancée, et maintenant nous fournissons les Missionnaires d'Afrique des USA, ainsi que d'autres personnes ou associations, chaque année, avec des cartes entièrement réalisées ici. Cette partie du projet est entièrement autofinancée et permet même d'assurer les dépenses de sensibilisation, et une partie des frais de santé et d'hygiène.
Grâce à des fonds venus d'Allemagne et par l'intermédiaire du FICOM (Fonds d'Investissement Communal), nous avons pu construire un centre qui nous appartient, et dans lequel se retrouvent aujourd'hui :
- le foyer pouvant accueillir jusqu'à 48 jeunes en hébergement permanent.
- le centre de formation, ayant la même capacité, et étant en principe réservé aux externes, même si nous sommes en ce moment dans une période de transition (1)
(1) En effet, nous avons dû prendre en compte la difficulté qu'avaient certains jeunes de la rue de l'avenue Charles de Gaulle n'ayant pas encore suffisamment cheminé pour retourner en famille, et nous les avons accueillis au foyer, alors qu'ils ne sont pas encore assez stables pour être placés chez des patrons artisans en milieu ouvert. Les choses se mettront en place peu à peu avec le temps.