Guinée: violents affrontements à Conakry lors d’un cortège funèbre
De violents affrontements ont eu lieu à Conakry, ce lundi 4 novembre, lors du cortège funèbre qui accompagnait ce matin les corps des victimes des récentes manifestations. Le cortège partait de la morgue de l’hôpital Sino Guinéen au cimetière de Bambeto, en banlieue de Conakry. La police guinéenne fait état de deux morts.
Le bilan est de deux morts en Guinée à l'issue des échauffourées qui ont opposé, ce lundi, les forces de l'ordre au cortège funèbre des victimes des manifestations du 14 au 16 octobre dernier. C'est la police guinéenne qui dresse ce bilan, évoquant également au moins un blessé. L'opposition, de son côté, fait état d'au moins six personnes blessées.
Le ministre de la Sécurité et de la protection civile a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Il a également donné des instructions pour que des enquêtes soient ouvertes sur les circonstances de ces décès, appelant les Guinéens au calme.
Premiers heurts
Plusieurs milliers de personnes ont d’abord suivi le cortège dans le calme, mais les choses ont dégénéré au niveau du rond-point de Bambeto. Précédé d’une foule compacte et dense, le cortège funéraire se dirige vers la mosquée de Bambeto lorsque les premiers heurts éclatent au niveau du rond-point.
Le gaz lacrymogène se répand dans la masse, surchauffée par un soleil ardent. Les jeunes répliquent par des jets de pierre. La panique est totale. Les canons à eau entrent en action. Des barricades sont érigées, des pneus brûlés.
Les onze corps pénètrent malgré tout dans la mosquée, suivis des principaux leaders de l’opposition politique. Pendant la prière, l’étau se resserre sur le lieu de culte, mais les manifestants parviennent à sortir les cercueils, chacun recouvert d’un drapeau guinéen. Ils prennent la direction du cimetière, de nouveaux tirs de lacrymogènes sont lancés, puis les forces de l’ordre finissent par reculer devant la foule.
De nombreux blessés - certains inconscients - sont évacués par la Croix-Rouge et des véhicules privés. On entend de nombreux tirs. Gendarmes et policiers rentrent dans les quartiers armés de frondes et de pierres en criant notamment « nous allons tous vous tuer » ou encore « vous n’êtes pas des Guinéens ». Deux témoins parlent aussi d’armes à feu. Ils forcent les portes des concessions et procèdent à des arrestations. Les affrontements se sont poursuivis en fin d’après-midi.
Regain de tension
Nouveau regain de violence, donc, après deux manifestations qui s’étaient pourtant déroulées sans problème. Il faut rappeler que la mobilisation a débuté à la mi-octobre par des manifestations d’abord interdites au cours desquelles ont été tués les 11 jeunes enterrés ce lundi. Les condamnations ont été vives à l’international et le gouvernement a semblé jouer l’apaisement puisque la marche suivante avait été autorisée.
Le pouvoir avait même répondu en organisant sa propre manifestation, mais les tensions ont continué à se cristalliser autour de cette question des funérailles. Elles devaient d’abord avoir lieu la semaine passée, dans le centre-ville, mais au dernier moment, le gouvernement a fait savoir que les autopsies n’étaient pas terminées après deux semaines. Puis les corps ont été déplacés d’un hôpital à l’autre provoquant la colère et l’indignation.
Nous venons crier notre colère par le fait que les Guinéens doivent avoir le droit de pouvoir s’exprimer sans être froidement abattus.
Je suis vraiment déçu. C’est la première fois que je vois les forces de sécurité tirer sur un cortège funèbre. Vous imaginez un peu ?